La peine que nous nous sommes donnée au potager a eu sa
récompense : les récoltes ont été d'un rendement satisfaisant. Puis notre
jardin, vidé de ses produits, a été convenablement nettoyé. Pourquoi ne
songerions-nous pas à la saison suivante ? Pourquoi ne profiterions-nous
pas de la période de mauvais temps pour accomplir certains petits travaux
d'intérieur fort utiles pour la culture prochaine ?
Préparons notre terrain pour la saison prochaine.
— 1° Si le temps le permet (absence de gelée et de
neige), et si ce n'est déjà fait, nous procéderons au bêchage de toutes les
surfaces inutilisées en laissant les mottes grosses, sans les effriter, car la
gelée se chargera de les émietter : la vie microbienne ralentie trouvera
ses conditions de vie indispensables (air et humidité), les racines des
mauvaises herbes seront détruites et surtout insectes et rongeurs, si nombreux
cette année, seront obligés de fuir ou de s'enterrer plus profondément : en
tout cas, nous avons là une chance de destruction.
Nous ne bêcherons pas nos carrés dans le même sens que
précédemment ; en retournant la terre dans un sens différent, on la
recoupe mieux, elle sera plus perméable après le bêchage minutieux de
printemps, elle se pulvérisera mieux et le terrain sera beaucoup mieux égalisé.
Mais il ne faut jamais travailler la terre trop humide,
recouverte de neige ou gelée ; les mauvais effets de cette pratique se
feraient sentir pendant très longtemps.
2° Si la neige ou le froid nous en laissent le loisir,
prenons un crayon, traçons nos carrés et donnons pratiquement à chaque espèce
l'emplacement et l'espace qui lui convient.
Cette recommandation pourra paraître quelque peu banale et,
pourtant, elle est d'une importance plus grande que vous ne pourriez le
supposer.
À cet effet, deux principes directeurs nous permettront
d'établir — comme les jardiniers soigneux — sur un registre spécial (simple
carnet ou cahier) le relevé des cultures entreprises (nature des légumes
cultivés).
Premier principe : considérer pour toutes les
cultures comme base de départ le point d'eau, le point d'arrosage ; on
disposera le plus près de ce point les légumes ayant besoin d'être beaucoup
arrosés : aubergines, laitues, carottes, céleri, tomates, etc. ...
Tandis que nous pourrons placer plus loin les légumes moins avides d'eau :
pois, oignons, fraisiers, etc. ...
De la sorte, on économisera beaucoup d'eau, beaucoup de
temps et ... surtout beaucoup de peine.
Deuxième principe, la rotation des cultures : la
rédaction par écrit, sur notre plan, des cultures qui devront être faites au
cours de l'année sur chacune de nos parcelles aura pour but de veiller à ce
qu'un légume cultivé l'année précédente ne revienne pas à la même place au
minimum pendant les deux années qui suivront. Cette alternance méthodique
raisonnée des cultures sur une parcelle de terrain donnée s'appelle assolement.
Si cette pratique est fort bien observée en agriculture, elle doit l'être
également en jardinage : malgré la richesse de notre sol, chaque plante
considérée de façon particulière épuise toujours ce sol en certains éléments
qu'elle absorbe de préférence aux autres ; de plus, toute plante rejette
des principes nuisibles dans le milieu où elle vit : des toxines, sortes
de poisons, et en cultivant un même légume, sur un même sol, pendant plusieurs
années, les récoltes sont médiocres, le rendement de plus en plus faible.
Compte tenu des renseignements recueillis au cours de nos travaux horticoles
(nature de notre sol), compte tenu de la connaissance meilleure que nous
pouvons avoir des époques des semis et de la récolte des différents légumes de
la région que nous habitons, il nous sera facile d'établir, de consigner par
écrit cette rotation raisonnée des cultures. Pour mieux fixer les idées :
si nous adoptons, par exemple, une rotation ou assolement triennal et si nous
partageons notre potager en quatre carrés, la seconde année nous adopterons
pour le troisième carré les plantes du premier, pour le quatrième celles du
troisième, et pour le deuxième celles du quatrième.
La troisième année, les plantes du quatrième carré passent
au troisième, celles du quatrième au deuxième et celles du deuxième au
troisième.
Remettons en état le matériel de jardinage.
— Les châssis : remettons nous-mêmes les
carreaux cassés à l'aide de mastic et de céruse à deux couches (le mastic se
prépare à l'aide de blanc de Meudon tamisé et d'huile de lin). Passons au
minium et à la peinture l'armature de fer :
formule de peinture :
Céruse en pâte |
| 600 |
| grammes. |
|
Essence de térébenthine |
| 50 |
| — |
|
Huile de lin |
| 300 |
| — |
|
Siccatif |
| 50 |
| — |
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et on ajoutera une pincée de noir de fumée.
Les paillassons seront révisés et, si besoin est, on
en confectionnera de nouveaux : pas trop grands, ni trop épais, car ils
seraient peu maniables et difficiles à sécher ; les dimensions les plus
courantes sont de 1m,35 de large sur 2m,30 de long, à quatre coutures, en
serrant fortement les mailles.
Les outils seront revus : affûtez les lames (ce
qu'on néglige souvent), remplacez les mauvais manches, graissez et huilez ces
outils ; ce bon entretien sera source d'une économie sérieuse.
Les tuteurs : ils pourrissent au niveau du sol,
alors que la partie la plus enterrée est indemne ; la décomposition est
due à des microbes ayant besoin d'air pour vivre (aérobies) et vivant toujours
à la surface du sol. Il n'est donc pas tellement nécessaire de protéger la
pointe des tuteurs, mais plutôt la partie au niveau du sol.
Voici quelques procédés simples :
1° Brûler superficiellement piquets, tuteurs gros et moyens :
la flamme provoque la formation d'une petite couche de bois indécomposable ;
2° Plonger la base des tuteurs dans un baquet de bois
contenant une solution de sulfate de cuivre à 100 grammes par litre. On les
laissera tremper de douze à quinze jours ;
3° Goudronnage : procédé très souvent employé et
pourtant peu recommandable ; le goudron nuit à la végétation.
On attachera ensuite les tuteurs par paquets (taille
identique) et on les suspendra au sec.
Enfin il sera très utile de tremper dans une
solution de sulfate de cuivre (4 kilogrammes de sulfate pour 100 litres d'eau)
tous les ustensiles et objets horticoles capables d'altération : planches
de coffres, cales, fourchettes, plantoirs, etc. ...
BOILEAU.
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