la demande de nombreux lecteurs, nous allons examiner les
accidents et maladies du vignoble.
Bien que nous soyons obligé d'insister plus sur quelques-uns
que sur d'autres, nous serons forcé d'être concis et de proscrire beaucoup de
détails souvent nécessaires.
Cette nomenclature demandera plusieurs études. Le sujet est
tellement étendu !
Parmi les accidents non parasitaires, nous verrons ceux dus
à des causes physiologiques et ceux provoqués par des conditions météoriques.
Quant aux maladies parasitaires, elles se divisent en deux
grands groupes :
Les maladies cryptogamiques ;
Les ravages dus aux insectes.
Nous nous efforcerons, autant que la place nous le
permettra, de publier des figures à l'appui de notre texte.
Parmi les accidents dus à des causes
physiologiques, nous trouvons :
La Chlorose ou jaunisse, phénomène produit par le
manque d'azote ; la matière colorante de la feuille : la
chlorophylle, naturellement verte, devient jaune.
La chlorose peut être passagère ou constante ; elle est
passagère au printemps par temps froid et pluvieux après le départ de la
végétation, le sol manquant d'azote par suite du défaut de nitrification. Aux
premiers beaux jours, les feuilles reverdissent lentement.
Dans les sols calcaires, destructeurs de matières organiques
azotées, il en est tout autrement : le jaunissement dure beaucoup plus
longtemps, surtout par temps pluvieux et froid. Les porte-greffes sont du reste
plus sensibles que nos anciens plants francs de pied.
On atténue la chlorose par l'épandage de sulfate de fer à
raison de 300 à 500 grammes par mètre carré de surface, et en badigeonnant les
plaies de taille avec une solution concentrée à 50 p. 100 de ce même produit.
Ces deux traitements se complètent. On aura quelquefois intérêt, par temps très
sec, à introduire dans le sol le sulfate de fer en solution diluée, l'effet
sera plus rapide.
Les verrues, étudiées au début de ce siècle, se présentent
par des proliférations abondantes de tissus à la surface inférieure des
feuilles. On a remarqué qu'elles étaient provoquées par un excès de lumière et
qu'elles apparaissaient plus particulièrement dans les forceries.
Le folletage, ou apoplexie, se produit sur certaines
souches en pleine vigueur, les feuilles se flétrissent, les sarments se
dessèchent et la couche meurt. Nous avons constaté que ce phénomène se
produisait en quelques jours.
On ne saurait incriminer le manque d'eau, car l'apoplexie se
produit dans les sols profonds et humides. On admet, pour une cause mal
expliquée, un rétrécissement des vaisseaux des racines arrêtant l'apport de
sève. Mais ce ne semble n'être là qu'une supposition.
Quoi qu'il en soit, il n'y a qu'à arracher la souche et
replanter après désinfection du sol au sulfure de carbone.
Le rougeot, comme son nom l'indique, est un
rougissement des feuilles ; là, la chlorophylle se colore en rouge. Le
phénomène apparaît vers juin-juillet ; on attribue jusqu'à plus ample
informé, ce phénomène à un refroidissement brusque.
L'ercissement est un accident qui se produit par temps
très chaud et sec. Les grains de raisin restent petits, d'un ton vert bleu, et
arrivent à maturité sans atteindre leur grosseur normale.
C'est un des méfaits de la grande sécheresse.
La coulure est produite par la non-fécondation des
fleurs due soit à une mauvaise constitution de celles-ci, soit à des froids
accompagnés de brouillards ou de pluie, enfin à un excès ou un manque de
vigueur du cep.
On y remédie dans une certaine mesure par un ou deux
soufrages à la floraison.
On aura intérêt à éliminer les cépages sujets à la coulure.
Le millerandage, lui, est dû à l'avortement de
quelques grains et provient d'une mauvaise fécondation. Le grain reste petit et
est appelé : millerand.
Les grappes millerandées ont la forme caractéristique de la
figure ci-contre ; elles sont formées de grains non serrés d'inégale
grosseur.
Comme la coulure, le millerandage a les mêmes causes et on y
remédie en partie par les mêmes effets.
On aura intérêt à évincer les cépages sujets au
millerandage.
Parmi les accidents dus à des causes météoriques,
nous avons :
La grêle, qui cause le plus souvent la destruction
presque complète de la récolte, rend la taille difficile et compromet la
récolte de l'année suivante. On a préconisé plusieurs remèdes ; d'abord les
toiles-abri coulissant (à la façon d'une tenture) horizontalement
au-dessus de la rangée de plants à protéger. Ce procédé, très efficace, entraîne
une mise de fonds considérable.
On lui a préféré la fusée paragrêle, qui ne fait que
retarder la chute des grêlons. Car il faut que le nuage déverse son contenu
quelque part. En somme, ce procédé limite les dégâts.
La gelée, qu'on pourrait qualifier de sournoise,
arrive sans crier gare. Un ciel clair, absence de vent au sol, et au lever du
soleil raisins et pousses de sarments sont grillés.
Nous avons vu détruire presque entièrement, de cette façon,
la récolte du vignoble de Pouilly-sur-Loire, il y a quelque vingt ans.
On a écrit de nombreux articles sur la protection des gelées :
appareils avertisseurs, sonores ou non ; nuages de fumée allumés ou non
automatiquement; débourrements et labours tardifs ; enfin, la vigne montée
sur fils de fer surélevés quand elle est conduite de cette façon.
Tous ces moyens sont recommandables à la condition d'être
employés tous à la fois. Il faut remarquer cependant que des rideaux de fumée
sont surtout efficaces dans les grands vignobles, principalement organisés en
coopératives.
Les gelées ont quelquefois fait apparaître les broussins,
qui sont des protubérances spongieuses se formant au collet de la souche et à
la base des bras. Celles-ci sont dues à un excès d'apport de sève par suite de
la disparition des feuilles.
Les broussins pouvant être le réceptacle de maladies
cryptogamiques, il faut les enlever en se servant d'un instrument tranchant,
ensuite badigeonner la plaie avec une solution concentrée de sulfate de fer à
50 p. 100.
Le grillage atteint les raisins qui brunissent ;
le phénomène se produit après une insolation violente suivant une période
brumeuse. Cet accident se produit plus particulièrement dans les serres.
Nous avons vu à peu près tous les accidents non parasitaires
dont est sujet le vignoble ; dans la prochaine étude, nous commencerons la
description des maladies parasitaires cryptogamiques.
V. ARNOULD,
Ingénieur agronome.
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