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L'aquarium d'appartement

le scalaire

Il faut reconnaître que c'est le roi de l'aquarium ; l'un des poissons les plus recherchés par les amateurs ...

Il justifie d'ailleurs cette préférence, car il réunit de hautes qualités :

Sa taille est forte, bien qu'il soit généralement tenu dans des bacs trop petits pour lui. Dans ces conditions, il atteint rarement plus de 10 à 15 centimètres de long. Sa nage est lente et noble. Sa coloration est franche ; barres noires de velours sur fond d'argent vif. Il est enfin d'un caractère paisible.

Voyons d'un peu plus près cet hôte prestigieux de l'aquarium, pour le mieux connaître et nous flatter aussi de posséder un bel aquarium de scalaires.

Plus l'aquarium sera grand, plus ces poissons seront à leur aise et deviendront gros, bien qu'ils semblent d'ordinaire peu actifs : 400 litres d'eau s'il était possible ; 75 litres au minimum. Peu de plantes, qui les gênent. Nourriture vivante exclusivement, et variée autant que possible ! vers de vase, daphnies, larves de moustiques, jeunes alevins de cyprinodontes (de ces derniers, peu à la fois, car ils les attrapent maladroitement), petits vers de terre parfois. À ce régime, les scalaires grandissent rapidement et prennent de belles proportions. Il est possible de les garder pendant une dizaine d'années.

Plusieurs scalaires peuvent être réunis dans le même aquarium, mais il est préférable de ne pas y ajouter d'autres espèces, qui les dérangent plus ou moins.

Il faut une très grande pratique pour reconnaître les sexes, qui ne comportent que des différences morphologiques peu marquées mais certaines, visibles dès l'âge de trois ou quatre mois.

La reproduction des scalaires a eu longtemps la réputation d'être délicate. Elle reste aujourd'hui entourée d'un certain mystère aux yeux des aquariophiles, sans doute afin que le prestige et le prix de ces poissons ne soient pas atteints.

Il n'en reste pas moins vrai que la ponte et l'élevage sont extrêmement faciles, dès que l'on a su acquérir, par maintes expériences, une technique suffisante.

La bibliographie à ce sujet est rare et incomplète. Les observations recueillies manquent souvent de valeur scientifique.

Pour mettre les amateurs sur la voie, je donnerai ici certaines grandes lignes et quelques notes nouvelles sur cet élevage.

Eau claire, douce et neutre, ou légèrement alcaline. Température 28° C. Nourriture variée et stimulante.

Un couple seul, ou, à la rigueur, un couple pour 50 litres d'eau (8 poissons dans un aquarium de 200 litres).

Bien soignés, ces poissons ont une période de ponte qui se situe en hiver et se compose de cinq à dix pontes plus ou moins rapprochées, à des intervalles allant de huit à vingt jours. Chaque ponte varie de 250 à 600 œufs. L'œuf est volumineux, ovoïde, ambré, fixé aux tiges de plantes robustes. Les parents soignent les œufs en les éventant de leurs nageoires pectorales et nettoyent la ponte avec leur bouche. L'éclosion a lieu le troisième ou quatrième jour, selon la température, et la larve, peu avancée en organisation, reste elle-même fixée par la tête. L'évolution se poursuit ainsi pendant encore quatre à six jours. Les yeux apparaissent dès le cinquième jour, la vésicule vitelline se résorbe peu à peu. Si bien que, neuf jours après la ponte, les larves de scalaires nagent librement et se montrent fort actives. Elles n'ont évidemment pas la forme des parents et présentent la forme allongée habituelle, plus massive toutefois que les larves des autres poissons. Ce caractère s'accentue de jour en jour, si bien qu'un mois et demi après sa naissance le jeune scalaire a non seulement acquis la forme des parents, mais l'a même dépassée, en ce sens que les nageoires dorsale et anale sont proportionnellement plus hautes au stade juvénile qu'à l'état adulte. La coloration elle-même comporte des bandes intermédiaires qui disparaîtront après le second mois.

La croissance est rapide, en fonction bien entendu de la nourriture et de l'espace. Elle se poursuit, comme chez tous les poissons, pendant toute la vie si les circonstances sont favorables.

Contrairement à ce qui est dit souvent, les scalaires sont capables de reproduire dès la première année. Les mâles fécondent les œufs dès l’âge de sept mois. Les jeunes femelles sont plus tardives et ne fournissent de bonnes pontes que dans leur deuxième année.

Il m'a paru intéressant d'apporter ces quelques menues précisions aux aquariophiles, toujours avides de renseignements.

Même s'ils ne recherchent pas autre chose que la seule décoration, nombreux sont ceux qui voudront sans doute installer chez eux un grand aquarium, chromé, éclairé, planté, où évolueront six ou huit très gros scalaires.

C'est en effet une pièce magnifique dans l'appartement.

J. GARNAUD.

Le Chasseur Français N°635 Janvier 1950 Page 58