Le scoutisme, on le sait, est né de l'expérience que fit, en
Afrique, Baden-Powell avec les petits défenseurs de Mafeking. Les principes de
cette éducation civique par l'aventure et le jeu répondaient avec tant de vérité
aux besoins des jeunes de onze à seize ans que les Éclaireurs anglais (et
bientôt les autres) se comptèrent rapidement par milliers.
On sait moins que Baden-Powell conçut les « Louveteaux »
à partir de cette plus vaste expérience. En effet, il apprit, en face de
certains garçons plus difficiles que la moyenne, qu'il existait déjà, vers onze
ou douze ans, une cristallisation du caractère, sur laquelle l'éducation, avait
peu de prise. Il pensa donc à prendre l'enfant dès l'âge de raison et créa les
Louveteaux.
Les cheftaines, qui résolurent de faire bénéficier les
filles de l'éducation Scoute en l'adaptant à leur tempérament, en vinrent vite
aux mêmes conclusions. Et la branche cadette du scoutisme féminin connut autant
de succès que son aînée.
Cependant si, dans presque tous les pays et depuis la
proposition de Baden-Powell, l'unanimité s'est faite autour du symbolisme
emprunté au Livre de la Jungle, il n'en fut pas de même pour les
fillettes, et les recherches d'une fiction répondant à la sensibilité de leur
imagination amenèrent les responsables de chaque pays à adopter un symbolisme
différent dans sa forme, s'il est semblable dans son principe. Ainsi les « Brownies »
(lutins) règnent en Angleterre, les « Abeilles » en Suisse ...
En France, ce sont les « Petites Ailes » et les « Jeannettes »,
qui correspondent aux Éclaireuses (neutres) et aux Guides (catholiques).
Les Petites Ailes sont les amies des oiseaux, elles
s'efforcent de les imiter par leur gaîté et leur industrie. Le local où se
réunit le groupe (l' « Envolée ») s'appelle « le Nid », et
la cheftaine est la « Plume Grise ». Dans l’Envolée, la « Couvée »,
groupe de six Petites Ailes, est menée par la plus capable d'entre elles, la « Plume
Noire ».
Pour être une vraie Petite Aile dans l'Envolée, la fillette
doit, propre et souriante, gagner la première étape de « Bec Jaune »
(tel un tout petit oiseau qui tend son bec hors du nid) ; puis, active et
vraie, celle de « Bec Dur » ; enfin elle dévient « Aile
Rapide », pensant d'abord aux autres.
Les Jeannettes pénètrent dans le domaine enchanté de la « Forêt
Bleue ». Dans le « Premier Sentier » de la forêt, elles
cherchent la « Fleur Bleue » de la joie à la « Ronde »
(elles sont admises définitivement au groupe et font leur promesse). Puis le « Deuxième
Sentier »les mène vers la « Fleur Blanche » de la joie possédée
dans la « Maison qui rit » (gaîté et serviabilité en famille). Enfin
le troisième sentier leur apporte la « Fleur d'Or » de la joie que
l'on donne.
Ces étapes sont atteintes par diverses épreuves ou, mieux,
par une série d'efforts demandés à la fillette et intimement mêlés à sa vie
familiale et scolaire autant que scoute ; ces efforts, dont la gradation, à
chaque étape, suit l'évolution physique et morale de la Jeannette ou de la
Petite Aile, ont trait à l'hygiène, la souplesse corporelle, les travaux
ménagers, la connaissance de la nature, le secourisme, le patriotisme et le
service qu'on peut demander à de jeunes enfants « Prêter la main »,
dit la devise des Petites Ailes.
Ainsi, par des jeux, des travaux éducatifs et attrayants,
adaptés à leurs goûts et à leurs besoins, par une devise, une loi, une promesse
à leur portée, le scoutisme offre aux petites filles de sept à onze ans, comme
aux autres enfante et aux adolescents, la possibilité de se développer
harmonieusement dans une vie de plein air saine et heureuse, et dans un esprit
d'amitié généreuse.
F.JOUBREL.
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