Les froids, souvent encore rigoureux, du mois de février ne
permettent guère de semer des fleurs en pleine terre. Cependant, vers la fin du
mois, si la température s'est suffisamment adoucie, on peut en profiter pour
semer à l'air libre, soit en place, soit en pépinière, quelques espèces
annuelles rustiques : pavots et coquelicots doubles, pieds-d'alouette
grands et nains doubles, pois de senteur, clarkia pulchella,
souci double, thlaspi annuel, etc.
Il est encore un peu tôt pour faire les semis sous châssis
et sur couche, car le temps qui s'écoulerait entre ces semis et la mise en
place des plantes, est un peu trop long pour que celles-ci puissent se
conserver en bon état. Il est donc, d'une façon générale, préférable de remettre
ces semis au mois prochain ou à avril.
On peut cependant, dans le Midi de la France, semer sur
couche, ou même sous châssis à froid, un grand nombre de plantes à fleurs :
cinéraire maritime, coreopsis élégant, dahlias, gaillarde,
lychnis croix de Jérusalem, nigelle de Damas, œillet marguerite,
penstemon hybride, pyrèthre doré, sauge éclatante, verveine
hybride, etc.
On commence aussi à mettre en place les plantes bisannuelles
et vivaces semées au printemps précédent, à l'exception cependant de quelques
espèces indélicates, conservées jusque-là sous châssis et pour lesquelles il
est préférable d'attendre mars ou avril.
Vers la fin du mois, on peut diviser et transplanter les
plantes vivaces de pleine terre et refaire les bordures de ceraiste
tomenteux, pyrèthre gazonnant, saxifrages divers, statice armeria,
violettes, œillet mignardise, etc.
Dans les serres, on maintient une température un peu plus
élevée pour activer la pousse des pieds mères d’achyranthes, coléus,
fuchsias, géraniums, lantanas, héliotropes, alternantheras,
etc., sur lesquels on prendra, le plus tôt possible, les boutures destinées à
la multiplication de ces plantes en vue d'en garnir corbeilles et plates-bandes
au cours de la belle saison.
Comment transplanter résineux et arbustes verts.
— Il arrive, lorsqu'une propriété vient à changer de
main, qu'au cours des transformations ou de nouvelles constructions à effectuer
il devienne nécessaire de changer de place ou de sacrifier soit un beau
conifère encore jeune, soit un fort exemplaire de laurier-cerise, soit quelque
autre arbuste vert auquel on tient particulièrement.
La transplantation de forts sujets est une opération assez
délicate et, faute de quelques précautions assez élémentaires, on aboutit assez
souvent à un insuccès, alors qu'il est assez aisé de réussir en prenant des
précautions.
Voici comment il faut opérer : les branches du conifère
ou de l'arbuste à transplanter sont tout d'abord relevées contre le tronc et maintenues
à l'aide de liens de paille, ceci de façon à faciliter la circulation autour de
l'arbre et les travaux nécessaires à sa déplantation.
Puis, avec l'aide d'un cordeau, on trace sur le sol, en
prenant le pied de l'arbre comme centre, deux circonférences concentriques,
l'intérieure avec un rayon variant de 40 à 60 centimètres, l'extérieure avec 50
ou 60 centimètres de plus de rayon. On creuse une tranchée circulaire entre ces
deux circonférences en prenant soin de couper nettement, à la scie ou au
sécateur, toutes les grosses racines rencontrées en s'efforçant d'ébrécher le
moins possible la motte de terre conservée au pied de l'arbre. La terre de la
tranchée est rejetée en dehors sur les trois quarts du pourtour seulement, le
côté par lequel on se propose de sortir l'arbre restant dégagé. On creuse ainsi
jusqu'au-dessous des grosses racines, c'est-à-dire jusqu'à 70 ou 80 centimètres
de profondeur. La motte de terre entourant le pied de l'arbre est ensuite taillée
très régulièrement, de façon à avoir sensiblement la forme d'un pot à fleur peu
évasé. On l'entoure alors, vers le tiers supérieur, d'une corde ou d'un fil de
fer maintenu un peu lâche, puis on place verticalement, tout autour, des planchettes
larges d'une dizaine de centimètres, de 15 millimètres d'épaisseur et de
longueur égale à la hauteur de la motte. De vieilles lames de parquet
conviennent parfaitement pour cet usage. On laisse entre elles un intervalle
d'un ou deux centimètres.
À l'aide d'une presse de tonnelier, dont la corde est placée
vers le tiers inférieur de la motte, on serre alors fortement contre celle-ci
les planchettes qui l'entourent et on les maintient dans cette position en
clouant solidement, un peu au dessous de la corde de la presse, une lame de fer
feuillard ou un cercle de barrique en bois.
On remplace ensuite le lien provisoire, placé au début vers
le tiers supérieur de la motte, par la corde de la presse et l'on serre de
nouveau. Une deuxième lame de feuillard ou un deuxième cercle de barrique est
cloué un peu au-dessus de la corde avec le même soin que précédemment. Après
quoi, la presse est enlevée. La motte, à ce moment, est déjà solidement
maintenue latéralement par les planchettes qui l'entourent (fig. 1). Il
reste, pour en rendre la cohésion plus complète et la manipulation plus facile,
à mettre un fond au bac ainsi construit.
Avec une pioche à manche court, on mine le dessous de la
motte tout autour de celle-ci, immédiatement au-dessous des planches, et on
coupe au passage les racines pivotantes qui maintiennent encore l'arbre debout ;
celui-ci est alors couché sur le côté avec précaution, puis on cloue des
planches de même épaisseur pour former le fond du bac.
La paroi du trou est alors abattue en pente douce sur
laquelle on place deux longs madriers, et le bac est glissé sur ceux-ci ou
roulé à l'aide de rouleaux de maçon, ce qui permet de le sortir du trou sans
beaucoup de difficulté.
Le transport s'effectue de la même façon jusqu'aux abords du
trou préparé au nouvel emplacement prévu pour l'arbre. Ce trou doit être à peu
près de mêmes dimensions que celui nécessité par la déplantation. Il ne faut
d'ailleurs pas craindre de le faire grand, l'arbre devant profiter de l’ameublissement
réalisé et croître ainsi plus rapidement.
On agit, pour descendre l'arbre dans le trou, de la même
façon que pour le sortir. On le place à bonne hauteur, la partie supérieure de
la motte arrivant au niveau du sol. Il est souvent plus prudent de ne pas
chercher à enlever les planches du fond, mais, le sujet étant placé bien droit,
on décloue avec précaution les feuillards, puis on enlève les planches de côté.
Il ne reste plus ensuite qu'à boucher, avec de la bonne terre, le trou en
foulant cette terre régulièrement autour de la motte pour qu'il ne subsiste
aucune cage.
Pour qu'un arbre vert ainsi transplanté reprenne, il faut
qu'il soit immobilisé de façon absolue pendant une année, de manière que le
vent ne puisse le balancer. On arrive aisément à ce résultat au moyen de trois haubans,
fils de fer fixés d'une part à mi-hauteur de la tige dont on les isole par des
tampons de paille, et, d'autre part, sur trois bons piquets enfoncés en terre
en triangle à une distance égale au tiers de la hauteur de l'arbre
(fig. 2).
La meilleure époque pour la transplantation des résineux et
des arbustes à feuilles persistantes est le début du printemps. Les mois de
février, mars et le début d'avril conviennent bien. Il est utile, à cette
époque, de compléter l'opération précédemment décrite par un arrosage abondant.
E. DELPLACE.
|