— Depuis quelques années, je lutte contre le capnodis,
qui m'a déjà causé des ravages considérables. J'aimerais vous résumer mes
observations.
Je ne pense pas que le capnodis attaque indifféremment tous
les arbres forts ou faibles, mais qu'au contraire il fait généralement ses
ravages sur les arbres en état de moindre résistance ; en particulier, sur
ceux qui souffrent d'un sol trop pauvre ou trop sec. Dans toutes les parties de
ma propriété où le développement des arbres est normal, il n'y a pas trace de capnodis.
Le meilleur moyen de s'en défendre est d'éviter de planter
des pruniers ou des pêchers dans des terres qui supportent tout juste de
l'amandier ; le capnodis craint la grande sève. Pour ce qui concerne les
essences, le cognassier semble être une de ses préférées ; par contre, sur
plus de 1.000 poiriers sur cognassiers, je n'ai pas eu une seule attaque, alors
que presque tous mes cognassiers sont morts. De même pour ce qui concerne les
fruits plus délicats comme le pêcher et le prunier ; le capnodis attaque
de préférence ce dernier, surtout s'il est greffé sur mirobolant. Il y a peu
d'attaques sur les pêchers sur amandiers. J'ai observé que, dans un lot de
pruniers, seul a échappé un Santa Rosa greffé sur amandier. Je n'en déduis pas
que le capnodis n'attaque pas l'amandier, mais que :
- 1° il attaque de préférence le prunier ;
- 2° dans un terrain sec l'amandier se comportant
mieux, il est moins atteint parce que plus vigoureux.
Enfin, je n'ai vu aucun amandier atteint par le capnodis
dans mon verger. Pour me résumer, je pense qu'il faut planter des arbres
parfaits de bois jeune, dans des terrains qui leur conviennent, se contenter
d'amandiers dans les sols qui sont généralement secs et réserver aux pruniers
et pêchers sur pruniers les terrains profonds facilement irrigables.
J'en viens aux divers traitements : le bromure de
méthyle réussit très bien où on n'en a pas besoin, c'est-à-dire dans les terres
irrigables ou généralement humides ; par contre, dans les pentes sèches
comme celles de la Bouzaréah, il provoque des désastres.
J'ai observé soigneusement un traitement infligé à un verger
voisin par des spécialistes ; le produit employé était une solution
alcoolique de bromure de méthyle, les arbres traités étaient des pruniers, abricotiers,
amandiers de huit ans de plantation ; les pruniers déjà fortement attaqués
de capnodis, nombreuses mortalités antérieures. Le traitement fut appliqué fin
octobre 1947 : une dose de 60 centimètres cubes par arbre en douze
injections de 5 centimètres cubes et en quatre piqûres chacune à 30 centimètres
du pied de l'arbre. Résultat : les 80 p. 100 des arbres traités sont morts ;
les pruniers déjà malades furent ceux qui résistèrent le mieux à la drogue ;
par contre, les amandiers, qui étaient splendides et absolument indemnes, furent
tous tués. Pour ce qui concerne les larves, celles qui habitaient des
galeries superficielles furent grillées ; par contre, celles logées dans
des galeries profondes échappèrent en faible partie.
Je crois que, pour l'instant, dans des plantations de force
normale, la meilleure solution consiste dans un petit épandage de
paradichlorobenzène à 20 centimètres du collet en mai et octobre. Dans tous les
cas, les propriétaires qui seraient tentés de faire des essais de bromure seront
bien avisés de commencer par quelques sujets à titre d'expérience.
Benoit JANNIN.
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