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Gestation et mise bas

Les besoins des femelles.

— Tous les éleveurs, les gardes, les chasseurs, les piégeurs, etc., s'intéressant à la reproduction des animaux domestiques et sauvages devraient savoir à quoi s'en tenir sur les besoins des femelles pendant toute la durée de leur gestation, ainsi que lors de leur parturition (mise bas), s'ils veulent éviter les mécomptes et les aléas.

La gestation est la période pendant laquelle les femelles fécondées incubent dans leur matrice un nombre variable de jeunes, plus ou moins suivant les espèces, jusqu'au moment où, arrivés au terme de leur vie fœtale, ceux-ci sont expulsés par l'acte de la parturition. Mais il ne faut pas perdre de vue que la réussite en matière d'élevage, qu'il s'agisse de vaches, de brebis, de chiens, de lapins, de furets, de souris blanches, etc., est subordonnée aux soins et à la nourriture dont bénéficient les femelles.

Cela se comprend sans peine. En effet, des femelles en gestation, devant élaborer un poids considérable de viande et d'os dans un temps relativement court, ne pourraient engendrer que des sujets malingres ou rachitiques, si elles ne recevaient pas dans leur ration tous les principes essentiels nécessaires à la constitution des tissus charpentiers et musculaires.

Par conséquent, que les femelles appartiennent à la catégorie des herbivores, des omnivores ou des carnivores, il n'est possible d'obtenir une parturition normale que si on leur fournit des aliments riches en protéine et en phosphate de chaux, pour éviter toute déficience en ces deux éléments essentiels. Une nourriture débilitante, pauvre en azote, entraverait le développement des fœtus, elle retarderait l'échéance de la parturition et, à leur naissance, les petits seraient exposés aux accidents morbides du jeune âge.

C'est pourquoi, s'il s'agit de femelles carnivores ou omnivores, on devra augmenter sensiblement la proportion des minéraux phospho-calciques et de la protéine, de préférence à l'état de viande osseuse. Aux herbivores, solipèdes ou ruminants, on devra donner des aliments riches en azote : tourteaux, glutens, fourrages et graines de légumineuses, etc.

Durée des gestations.

— Même chez des femelles de même espèce, on remarque de grandes différences sur la durée de la gestation, ainsi qu'on peut le constater à l'examen du tableau ci-après, donnant les chiffres extrêmes, à côté des moyennes. Dans tous les cas, on devra chercher à se rapprocher le plus possible de la durée normale, parce que c'est elle qui assure aux jeunes le maximum de rusticité, de vitalité et de précocité, les mises bas prématurées, et surtout retardées, étant presque toujours dangereuses pour les mères et pour la descendance.

Femelles mammifères.
--------
Minimum.
-(jours)-
Normale.
-(jours)-
Maximum.
-(jours)-
Souris 24 25 26
Écureuil 27 28 29
Lapin 27 30 34
Lièvre 28 30 32
Marmotte 34 35 36
Belette 33 35 36
Rat 33 35 36
Furet 39 40 41
Hérisson 47 48 49
Chatte 54 57 60
Martre 55 57 59
chienne 58 61 65
Renarde 59 61 64
Lynx 59 61 64
Loutre 59 61 65
Louve 59 62 66
Cobaye (cochon d'Inde) 64 65 66
Blaireau 64 65 67
Lionne 108 110 114
Truie 116 121 125
Glouton 118 120 124
Castor 119 120 123
Brebis 147 149 151
Chamois 148 149 150
Gazelle 149 150 151
Chevreuil 162 165 167
Lama 166 168 170
Ourse 207 210 215
Renne 220 230 240
Mandrill 260 270 280
Vache 275 282 290
Jument 340 350 360
Anesse 345 350 355
Girafe 440 450 460
Rhinocéros 530 540 550
Éléphant 610 620 630

Parturition.

— Les accidents de la mise-bas, avec des femelles bien constituées et rationnellement nourries, devraient être extrêmement rares.

Les prodromes de la parturition, chez la plupart des espèces, c'est la préparation d'un nid ou la recherche d'un endroit tranquille. La dilatation du col de la matrice coïncide avec l’apparition des coliques. Les douleurs augmentent après la venue des eaux, puis l'expulsion s'effectue.

En principe, même avec les gros animaux, il vaut mieux ne pas intervenir, sauf quand le fœtus est en position normale, c'est-à-dire lorsque l'on voit venir les pattes antérieures avec la tête, les tractions se faisant en même temps que la bête fait des efforts expulsifs.

Si la présentation était postérieure, reconnaissable par l'apparition de la sole des sabots, il faudrait ramener la queue avant d'exercer la moindre traction. Dans tous les autres cas, lorsque le fœtus se présente de dos, les quatre membres ensemble, ou seulement une patte, il serait dangereux de vouloir aider la bête avant d'avoir replacé le nouveau-né en position normale, soit antérieure, soit postérieure. C'est l’affaire du vétérinaire ou d'une personne experte.

C. ARNOULD.

Le Chasseur Français N°636 Février 1950 Page 106