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Élevage des lapereaux en commun

À propos de la main-d’œuvre.

— S'il est une chose besogneuse à l'extrême, et en même temps fastidieuse, c'est l'alimentation des lapins dans des cases séparées, si on les isole pour les engraisser, où ils resteront pendant de longs mois, depuis le sevrage jusqu'au moment du sacrifice.

En comptant seulement deux distributions par jour, une de fourrages verts ou secs et une autre de racines ou de provende, y compris de renouvellement de l'eau des abreuvoirs, dans le cas où on donnerait à boire, cela représente au moins, pendant cinq mois, environ 150 visites. En ajoutant le temps dépensé pour l'enlèvement des fumiers, les litages et la désinfection, il n'est pas possible, étant donnée la faible valeur marchande, peau comprise, d'un lapin, de couvrir les dépenses de nourriture et de main-d'œuvre.

Pour que l'élevage des jeannots de baraque soit rémunérateur, il est absolument nécessaire de grouper ses pensionnaires, tout au moins par six, dans des clapiers assez spacieux, afin que l'affouragement et les autres soins puissent se faire six fois plus vite, et que l’on ne soit pas obligé d'ouvrir des portes et de pousser des loquets constamment.

C'est pourquoi, dans tous les élevages, même les plus modestes, on a intérêt à installer des parcs ou des réduits dans lesquels on peut grouper les lapereaux par 12 et même par 24. En munissant ces parquets de râteliers-chevalets et de mangeoires, les fourrages étant distribués à la fourche et la provende répartie dans les augettes, la main-d'œuvre se trouve réduite au minimum, puisqu'il ne faudra pas plus de temps pour soigner 12, 24 ou 120 lapereaux que pour 1, 2 ou 10 sujets logés en cases séparées.

Il ne faut pas croire que les lapereaux élevés en commun profitent moins bien de leur nourriture que si on les claustrait isolément. C'est plutôt le contraire qui se produit, parce que, disposant de plus de place, les reclus peuvent prendre un exercice salutaire et ils ne gaspillent pas leur nourriture. Il y a donc une double économie de temps et de denrées, ce qui rend possible l'exploitation rationnelle des clapiers.

Distribution des parcs.

— Le lapin, grâce à son épaisse fourrure, n'est pas un animal frileux, mais il craint davantage la chaleur que le froid, ainsi que le prouve son ancestrale habitude de se blottir pendant le jour dans des terriers. On peut donc, sans inconvénient, le loger dans des parcs grillagés, placés sous de simples couverts construits en rustique, ou sous des appentis protégés par des couvertures en chaume, genêts, fougères, etc. On peut également utiliser, dans ce but, les portions de grange, de remise ou de hangar disponibles.

Le gros de la dépense, c'est l'entourage en grillage galvanisé à maille de 52 millimètres, fixé et tendu sur des pieux et des traverses, en lui donnant une hauteur de 1m,10, au-dessus du sol, afin d'éviter les évasions. Une porte, jouant sur des charnières, permet de pénétrer à l’intérieur des parcs pour les nettoyages et les apports de provende, les fourrages en vrac, verts ou secs, étant mis dans le râtelier sans quitter l’allée de service.

Le sol étant bétonné avec une pente suffisante et recouvert d'une chape polie à la truelle, les urines se trouvent canalisées dans un puisard terminus. Ainsi, on évitera l'humidité pernicieuse qui, dans les clapiers mal installés, est la cause initiale des infestations coccidiennes, qui occasionnent tant de décès et découragent les éleveurs de lapins.

Prescriptions d’élevage.

— Pour réussir l'élevage des lapereaux en commun, il ne s'agit pas de les réunir au petit bonheur par bandes de 6, 12, 24, etc., au sortir du sevrage, mais il est indispensable de séparer les sexes.

Faute d'observer cette prescription, les mâles qu'on logerait avec les femelles ne tarderaient pas à se battre, bien souvient avant l’âge de quatre mois, pour se disputer les, saillies des jeunes lapines, dont un certain nombre se trouveraient fécondées et mettraient bas au bout de trente jours, mais dont les portées ne réussiraient pas. D’ailleurs, il est contre-indiqué de livrer à la reproduction des mères incomplètement développées, la parturition et l'allaitement ne pouvant réussir que si les mères sont isolées dans des niches.

Par conséquent, lorsque le sevrage est terminé, on vérifiera le sexe de chaque lapereau et l’on mettra les mâles dans un parquet et les femelles dans un autre.

En admettant des portées de 6 jeunes, si l'on fait procréer 2 ou 3 lapines ensemble, le tri des sexes donnera approximativement 6 ou 9 mâles et autant de femelles pour peupler les deux parquets pour l'élevage en commun. Ces populations pourraient être augmentées si on faisait couvrir un plus grand nombre de lapines à la fois.

Pendant le cours de l'élevage des femelles, on n'a pas besoin de s'en inquiéter ; celles-ci se comporteront sagement, à condition de ne pas exciter leurs instincts génésiques par des aliments stimulants, tels que l'avoine, et si on leur donne en complément une provende composée de son et de farine d'orge ou de maïs, qui pousse à l'engrais.

Les mâles ne deviennent guère turbulents avant le quatrième mois. On peut retarder les manifestations sexuelles en leur distribuant des aliments amylacés, tels que pommes de terre et farine d'orge. On peut également les émasculer vers l'âge de trois mois, mais le gain qu'on en retire est assez mince, surtout si on livre à la consommation avant l'âge de six mois.

Dans le cas où on réunirait ensemble des lapereaux de même sexe, mais d'âge différent, il conviendrait de ne pas dépasser quinze jours ou trois semaines. En outre, pour éviter les brimades, il serait utile de mettre, le long des cloisons, des refuges constitués par des caissettes allongées, pourvues de distance en distance de trous en ogive, dans lesquelles les cadets pourraient se garer des poursuivants.

Mondiage D'ARCHES.

Le Chasseur Français N°636 Février 1950 Page 107