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En flânant dans le passé

Enfants précoces

— Les enfants de jadis étaient-ils plus précoces qu'à présent au point de vue intellectuel comme au point de vue physique ? On pourrait le croire en feuilletant les chroniques d'autrefois.

Au XVe siècle, entre sept et neuf ans, le damoiseau sortait des mains des femmes pour être mis entre celles d'un gouverneur, à moins qu'il n'entrât comme page dans une grande maison. On l'endurcissait alors aux plus rudes exercices de la chasse et de la guerre. À quatorze ans, on pouvait l'armer chevalier.

Lors de la proclamation de la majorité de Louis XIV, le comte de Brienne, épée au côté, en habit brodé d'or, prenait place au Parlement sur le banc des secrétaires d'État. Il avait quinze ans ! Mais le record appartient peut-être au fils du duc de Grillon, mis à cinq ans à la tête d'une compagnie ... Le duc de Luynes, à qui nous devons de connaître cette promotion (Mémoires, 14 mars 1748), ajoutait : « Cette grâce a paru moins extraordinaire, parce que le colonel, qui est M. de Fronsac, n'avait que sept ans quand il eut le régiment. »

L'oncle de Mirabeau était aspirant de marine à douze ans. Au même âge, Lauzun entrait dans les gardes françaises ; à quatorze ans, il était enseigne.

Le comte Dufort de Cheverny (1731-1802), d'une riche famille de robe, mis au collège d'Harcourt à l'âge de sept ans, y demeura jusqu'à quinze. Devenu orphelin, son tuteur lui accorda : Mille livres pour son logement ; 1.000 écus de pension ; la même somme et 1.200 livres d'appointements pour le gouverneur ; 2.000 écus d'argent de poche ; un carrosse et deux chevaux ; des maîtres de danse, d'écriture, de violon, de guitare et de vielle.

Louis SMEYSTERS.

Le Chasseur Français N°636 Février 1950 Page 125