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Les bons fraisiers

Variétés à éliminer.

— Lorsqu'on a en vue la création d'une fraiseraie à gros fruits, pour l'approvisionnement familial, dans le but d'avoir une production abondante et prolongée de bonnes fraises de garde convenant à tous les usages, un choix judicieux s'impose absolument.

Pour plusieurs raisons, on délaissera la culture de certaines variétés anciennes, laissant à désirer sous le rapport de la grosseur, de la richesse en sucre, ou encore parce qu'elles sont peu résistantes à la chlorose, à l'attaque des champignons, etc.

Mentionnons, pour mémoire, le fraisier Ananas. Malgré la délicatesse de son fruit, il a une tendance trop manifeste à laisser couler une partie des fleurs qui apparaissent sur ses hampes florales, ce qui réduit considérablement la récolte.

Marguerite Lebreton, si elle convient parfaitement au forçage, elle ne donne, en pleine terre, que des fruits de médiocre qualité.

Quant à Princesse Royale, elle a le grave défaut de donner des fruits acides, peu sucrés, qui se gâtent facilement, pour peu que la saison soit défavorable.

La Sharpless, bien que fertile et précoce, est très sujette aux maladies cryptogamiques. En outre, sa coloration laisse à désirer et elle possède souvent un bout vert qui la déprécie.

Noble de Laxton, autrefois très cultivée dans l'Oise, se trouve largement surpassée par d'autres variétés nettement supérieures comme chair.

Le fraisier Empereur Nicolas noue mal, et ses fruits, bariolés de veinules blanches, sont peu appréciés, d'autant plus qu'ils ont une tendance à pourrir.

La British Queen, bien que de qualité tout à fait remarquable, voit couler ses fleurs d'une façon regrettable, ce qui réduit considérablement les rendements.

Le fraisier Jubilé est une variété très tardive. Malheureusement, il a le grave défaut d'être sujet à la chlorose et de donner des fruits fades, peu parfumés.

Citons encore comme variétés à délaisser Gloire de Maçon, Monseigneur Fournier, Sir Charles Napier, Triomphe de Liège, Gwéniver, Sachsen.

Classification.

— Les fraisiers remontants à gros fruits ont été rangés en trois catégories, d'après l'époque de leur maturité.

On distingue les variétés précoces, les variétés de pleine saison et les variétés tardives. Les unes et les autres devraient avoir leur place dans tous les jardins d'amateur, de manière à pouvoir prolonger la cueillette le plus longtemps possible.

En plantant les fraisiers précoces en plate-bande bien exposée et abritée, les fraisiers tardifs à l'exposition du nord, on avance et on recule encore davantage l'époque de la maturité.

Variétés précoces recommandées.

— Le fraisier Aurore (obtention Louis Gauthier) fructifie l'un des premiers. Il est vigoureux, très fertile, donne de gros fruits, couleur carnée, portés par des hampes rigides. La chair est blanche, juteuse, très sucrée et agréablement parfumée. Son seul défaut est de s'altérer assez rapidement par temps orageux.

Royal Sovereign (obtention de Laxton) est une variété de bon rendement, à cultiver dans les terres saines, légères ou sableuses. Son fruit est gros, d'une belle couleur rouge vermillonné ; sa chair est ferme, juteuse et sucrée. Toutefois, dans les terrains mouilleux, il s'altère facilement.

Alphonse XIII, de la Maison Vilmorin, est un fraisier rustique, résistant à la sécheresse. Son fruit est conique, régulier, d'une belle couleur rouge écarlate à la chair ferme, rosée, juteuse, sucrée et parfumée. En raison de sa fermeté, cette fraise convient pour le panier.

Bonnes variétés de pleine saison.

— La plus précoce et l'une des meilleures fraises de grande production : c'est la Vicomtesse Héricart de Thury, dénommée Ricart sur les marchés parisiens. Ce fraisier rustique et fertile fructifie de fin mai au 15 juin.

Sir Joseph Paxton, originaire d'Angleterre, est un fraisier rustique, vigoureux et très fertile, à fructification prolongée. Son fruit n'est pas très régulier, mais il est d'un rouge foncé brillant, et sa chair est juteuse, légèrement acidulée, riche en sucre. Il est cependant sensible aux affections cryptogamiques en année humide.

Docteur Morère donne de très gros fruits, rouge foncé, d'excellente qualité, supportant bien le transport. Ce fraisier fructifie du 15 juin à fin juillet. Étant assez sensible à la chlorose, on évitera les terres calcaires.

Madame Moutot (fraise tomate) dépasse toutes les autres par la taille. Si elle n'est pas de toute première qualité, elle atteint un tel rendement qu'on doit lui réserver une certaine place dans tous les jardins familiaux.

Louis Gauthier fournit un fruit blanc rosé, très gros, apprécié des gourmets. C'est un fraisier rustique et productif, à végétation rapide.

Variétés tardives.

— Pour prolonger jusqu'en septembre, à l'exposition du nord, la récolte des fraises, on plantera de préférence le fraisier tardif de Léopold, qui est rustique, vigoureux et très fertile. Son fruit, généralement déprimé, est très gros, de couleur rouge vif carminé. Sa chair est ferme, d'un rouge vineux, juteuse, sucrée et parfumée.

Éléanor est un fraisier ancien, donnant des fruits coniques, allongés, à la chair sucrée, fondante et acidulée. Il redoute les terres mouilleuses.

La variété Wonderful (Myatt's Prolific) fournit de gros fruits allongés, un peu aplatis, à la chair blanche, ferme, très sucrée. Cette variété, très fertile, a une production soutenue.

Adonis LÉGUME.

Le Chasseur Français N°637 Mars 1950 Page 162