L'entretien et la réparation d'un véhicule automobile sont
passés au premier plan dans les préoccupations courantes de l'usager. Le prix
d'une voiture est une chose. On le règle une fois peur toutes, et d'avance ;
on en connaît le montant, que ce soit pour l'achat d'un châssis d'occasion ou
d'un neuf. Il y a aussi l'assurance et le garage, qui devient un problème
délicat pour le citadin. Mais les réparations sont sournoises, imprévisibles,
brutales. Elles peuvent entraîner des frais peu élevés ou des factures des plus
onéreuses. La main-d'œuvre a atteint un pourcentage considérable dans le
moindre devis, et la pièce détachée est vendue au poids de l'or. Chacun hésite
à entreprendre le plus petit travail, on pare au plus pressé ; on répare
ici et c'est là, à côté, que bientôt ça lâche. Disons, sans médire de personne,
que certains jeunes mécaniciens, peu avertis, manquant de spécialisation dans
la marque à ausculter, en présence d'une panne courante, vérifient ceci et cela,
démontent l'organe, le remontent plus ou moins mal, perdent un temps précieux
en procédant sans méthode et, s'ils arrivent à vous permettre de continuer
votre route, sont bientôt une cause de nouveaux et sérieux ennuis. Le
mécanicien dépanneur doit joindre à ses connaissances mécaniques automobiles
des qualités d'ordre et de méthode que l'on ne rencontre pas toujours.
L'usager, de ce fait, a des surprises très désagréables. Ce dernier, il est
vrai, éviterait souvent la panne s'il veillait sur son véhicule avec un minimum
d'attention, si, au lieu de se borner à ne faire intervenir l'homme de métier
qu'à la toute dernière extrémité, avec l'ordre formel, par souci d'économie, de
se limiter strictement à la partie malade, il n'hésitait pas à faire vérifier,
et réviser si besoin, l'ensemble d'un mécanisme. Le problème des réparations
est devenu d'actualité à cause, surtout, de l'état d'usure avancée de notre
parc automobile. Durant la guerre et l'après-guerre immédiate, nous n'avons eu
à notre disposition que de rares pièces de rechange, et très souvent de qualité
inférieure. On usait jusqu'à la corde. L'équipement électrique était d'un
isolement défectueux. Bobine, condensateur, bougies, vis platinées étaient
vulnérables au premier effort. Maintenant, si tout est à peu près rentré dans
l'ordre et s'il est permis d'entreprendre dans les meilleures conditions
d'approvisionnement toute réparation sérieuse, on continue souvent à payer cher
cet ancien état de choses.
L'usager a toujours intérêt à s'adresser à la maison mère de
sa marque ou à ses succursales ou agents. À défaut, il recherchera le
mécanicien spécialiste. Les châssis modernes exigent des outillages spéciaux de
démontage, de réglage et de mise en place. Une clef spéciale manquante fera
perdre un temps précieux à un mécanicien mal outillé, sans parler du travail,
qui sera souvent d'une qualité inférieure. La facture et la mécanique en
garderont la trace. Une autre cause d'intervention du mécanicien plus fréquente
que jadis est la mauvaise qualité de l'essence mise à notre disposition.
L'encrassement de la chambre d'explosions est rapide. Il faut roder les
soupapes et décalaminer tous les 10 ou 15.000 kilomètres, souvent beaucoup
moins. L'usure générale est aussi plus rapide. Notons que l'indice d'octane a été
relevé ces temps derniers. Il y a une légère amélioration. Espérons que nous
n'en resterons pas là. Le super-carburant ternaire annoncé — essence,
alcool, benzol — soulagera aussi quelque peu nos misères.
L'automobiliste digne de ce nom veillera donc à l'entretien
complet et régulier de son engin. Il s'aidera, en cela, des notices d'entretien
que chaque constructeur met à sa disposition. Les voitures modernes nécessitent
un entretien des plus réduits. Graissage général, vidange, vérification des
niveaux d'huile, d'eau des accus et du radiateur, etc., se feront à intervalle
régulier noté sur un carnet de bord. Nous devons inviter les constructeurs et
les spécialistes à généraliser la méthode, qui commençait à prendre un essor
considérable en 1939, de l'échange standard. Là est la seule solution de
beaucoup de nos maux en limitant l'intervention du mécanicien à l'échange d'une
boîte de vitesses, d'un moteur, d'une direction, d'un pont arrière ou d'un
appareil électrique. L'usager aura ainsi le maximum de garantie et souvent un
minimum de prix ; même si l'économie n'est pas immédiate, elle ne tardera
pas à se confirmer par la suite.
Si l'échange standard est impossible, exigeons, garanties
sur facture, des pièces d'origine. Que de moteurs n'ont jamais retrouvé la
vigueur de leur jeunesse après un réalésage plus ou moins bien effectué, avec
montage de pistons, cote réparation, dits adaptables, c'est-à-dire non
d'origine. Le piston et ses accessoires — segments et axe — jouent un
rôle capital dans le bon fonctionnement d'un moteur. Ceci explique les
anomalies souvent constatées, telles que consommation d'huile exagérée,
ébullition de l'eau de refroidissement, puissance réduite, reprises
paresseuses, claquage de soupapes d'échappement, calaminages fréquents, etc.
L'échange standard s'étend avec fruit aux pièces de
carrosserie. Chez certains constructeurs, il est plus économique de procéder à
l'échange pur et simple d'une aile, d'une calandre, d'un panneau, que de
procéder au redressage, planage, soudure et peinture, nécessaires à une remise
classique en état.
C'est à ce moment que l'usager apprécie une marque qui a
pris souci de ses clients en mettant à leur disposition des pièces détachées ou
des organes interchangeables à bon marché et distribués par un réseau d'agents
très dense.
La garantie de six mois donnée aux véhicules neufs est assez
illusoire. Celle-ci se borne à remplacer purement et simplement la pièce jugée
défectueuse, la main-d'œuvre restant à la charge du client — on connaît le
montant de celle-ci. Nous avons parfois constaté le remplacement d'une butée
d'embrayage de quelques dizaines de francs entraînant la facturation d'un
démontage et remontage du moteur presque complet. On aimerait que les
fabricants étendent les limites de leur garantie.
Si les mécaniciens et motoristes voient, dans l'organisation
prochaine, leur champ d'intervention réduit, il est naturel que ceux-ci
évoluent vers l'entretien et le contrôle des véhicules. Mais cette orientation
nouvelle entraîne l'acquisition d'appareils spéciaux et onéreux. Laissons de
côté la station service de graissage et d'entretien moderne que nous
rencontrons aujourd'hui un peu partout et qui approche, sous cet angle, de la
perfection. La technique automobile a mis au point des appareils de contrôle et
de réglage des freins hydrauliques et autres au moyen d'éléments sensibles à
réchauffement. On a perfectionné le lavage avec l'emploi de mousse légèrement
détergente qui ravive, dans le minimum de temps, les peintures ternies. Le
contrôle complet du moteur : carburation, allumage, régime de combustion,
sera effectué par un appareil unique appelé pupitre de contrôle. Celui-ci
réunit sur le même tableau les indications du déprimomètre, du compressiomètre,
de l'analyseur de gaz et des éclateurs. Des imprimés spéciaux enregistrent le
résultat de l'essai et permettent d'établir un diagnostic certain.
Les autodynanomètres consistent en un stand à rouleaux
porteurs, solidaires d'un frein hydraulique mis en contact avec les roues
motrices du véhicule. On dresse ainsi les courbes de puissance dans des
conditions normales de fonctionnement. Un réservoir étalonné donne les
consommations d'essence. Les États-Unis nous envoient des appareils très
perfectionnés pour la vérification générale de la géométrie des essieux — pincement,
carrossage, chasse, angles des pivots.
Des bancs balances électromécaniques vérifient l'équilibrage
dynamique des roues. Enfin des appareils optiques ou photométriques permettent
la correction des phares. Signalons, pour terminer, l'appareil de vérification
générale de l'installation électrique, qui détecte en un temps record toutes
les défaillances de cette partie importante de la voiture moderne.
G. AVANDO,
Ingénieur E. T. P.
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