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Choux pommés

Le chou est un légume dont la culture remonte aux temps les plus reculés ; non seulement les anciens le considéraient comme un aliment de valeur, mais aussi comme un remède. Cette plante est d'ailleurs toujours restée populaire, car elle constitue un mets peu coûteux et apprécié de la grande majorité des consommateurs.

Au point de vue des exigences culturales, le chou se plaît tout particulièrement dans les sols frais (mais sans excès d'humidité). Les climats tempérés, maritimes, lui sont particulièrement favorables.

Quant aux fumures, le chou de pomme est assez exigeant. Il aime les éléments organiques : fumier à demi décomposé, gadoue, compost. Les engrais minéraux azotés et phosphatés sont ici d'une grande efficacité.

Une bonne fumure consiste à enfouir en automne ou dans le cours de l'hiver, par are de surface, les matières suivantes :

Fumier bien décomposé 250 à 300 kg.
Scories de déphosphoration ou superphosphate 3,5 à 4 kg.
Sulfate de potasse ou chlorure de potassium 1,5 à 2 kg.

Une dose de 3 kilogrammes de nitrate de soude, appliquée en deux fois, aussitôt après la reprise et trois à quatre semaines plus tard, produit un remarquable effet.

Suivant l’époque où on l'effectue, la culture des choux présente plus ou moins d'aléas.

C'est ainsi que la production de ce légume en été est particulièrement difficultueuse, car elle nécessite non seulement un sol fertile, mais aussi de nombreux et copieux arrosages.

D'autre part, les semis doivent être faits de bonne heure au printemps. Lorsque l'on ne dispose pas de matériel vitré, le semis doit être fait fin mars-début avril, en situation bien exposée et bien abritée.

Il est préférable de semer clair, de façon à laisser les jeunes plantes sur place développer leurs premières feuilles, sans avoir recours au repiquage en pépinière.

S'il survenait une période assez prolongée de sécheresse, il y aurait lieu de pratiquer de légers arrosages, de manière à entretenir la fraîcheur du sol. Lorsque les choux ont de cinq à six feuilles, on opère la plantation à demeure. Celle-ci s'opère sur des lignes écartées de 40 à 50 centimètres, suivant le développement des variétés, les sujets étant répartis sur ces lignes à égales distances.

Afin d'assurer une bonne reprise, il est nécessaire de conserver aux plantes le maximum de radicelles. Pour faciliter le travail, on doit faire précéder l'arrachage d'un bon mouillage du sol. Les choux sont ensuite repiqués en les enfonçant jusqu'à la naissance des premières feuilles et en les bornant fortement. Pour activer la reprise, on doit pratiquer des arrosages assez fréquents.

Suivant les variétés employées, la récolte des choux pommés d'été commence au plus tôt en juillet et se continue jusqu'en octobre.

Pour obtenir un échelonnement dans la production, on peut avoir recours aux variétés suivantes :

1° Choux Cabus à feuilles lisses :

— chou Jouanet gros, précoce ;
— chou de Saint-Denis, demi-hâtif ;
— chou de Brunswick, relativement tardif.

2° Choux de Milan à feuilles cloquées : le plus souvent, on donne la préférence à cette race. Les feuilles en sont plus tendres et leur saveur moins accentuée que celle des choux Cabus.

Parmi les variétés de choux de Milan pouvant convenir en la circonstance, nous citerons :

— le chou Milan de la Saint-Jean : pomme de faible volume, très hâtif ;
— le chou Milan à pied court : pomme moyenne, demi hâtif ;
— le chou Milan d’Aubervilliers : pomme volumineuse, tardif.

Pour ce qui a trait aux choux d'automne et d'hiver, trois époques de semis, faits avec des variétés correspondantes, permettent de récolter de septembre à mars.

C'est ainsi qu'on sème fin avril pour récolter dès le mois de septembre, en mai pour commencer la récolte en novembre, en juin pour avoir des choux susceptibles d'assurer la consommation de décembre à mars.

Les semis sont effectués en pépinière, la plantation à demeure est faite un mois et demi environ après le semis, dans les mêmes conditions que pour les choux d'été ; des arrosages copieux sont indispensables, au moins pendant le premier mois qui suit la mise en place.

Parmi les meilleures variétés à cultiver pour l'automne, nous citerons :

— le chou Cabus plat de Paris ;
— le chou Milan gros des vertus.

Pour l'hiver, les meilleures variétés sont :

— le chou Milan de Pontoise ;
— le chou Milan cressonnier ;
— le chou Cabus de Vaugirard ; ce dernier aux feuilles violacées, à pomme moyenne, mais très ferme, est d'une grande rusticité. Il est particulièrement propice pour la conservation hivernale.

Les choux redoutent les froids prolongés et les dégels brusques : ceux qui sont destinés à la consommation d'hiver ne peuvent être conservés en place que dans les climats doux.

Pour les soustraire aux intempéries, on les arrache à l'automne (novembre), puis on les rentre en cave ou en cellier, où on les enjauge dans du sable après les avoir débarrassés des feuilles trop nombreuses qui entourent la pomme.

On peut également, après arrachage, mettre les choux dans une tranchée de 30 centimètres de longueur sur 25 centimètres de profondeur, établie dans le sens ouest-est, en rejetant la terre du côté nord, de façon à protéger les sillons par une butte qui fait écran au vent. Les choux sont placés horizontalement, de façon que les pommes soient engagées dans la tranchée. On trace alors une seconde tranchée parallèle à la première, et la terre extraite est disposée sur les pieds des choux. On obtient ainsi une série de tranchées où les choux alignés se conservent très bien. Pendant les périodes de grands froids, il est prudent de les recouvrir temporairement d'une légère couche de paille ou de feuilles sèches.

Dans les terrains sablonneux et secs, on peut également conserver les choux en les couchant sur place, la pomme tournée vers le nord, et en recouvrant la tige d'un peu de terre.

Dans le jardin familial, on peut aussi réserver un petit emplacement aux « choux rouges », qui, crus ou confits au vinaigre, constituent un excellent hors-d'œuvre.

Le chou rouge gros et le chou rouge tête de nègre sont parmi les meilleures variétés du groupe. On les sème en avril-mai pour les récolter en automne, en juin pour les conserver l'hiver.

A. GOUMY,

Ingénieur horticole.

Le Chasseur Français N°639 Mai 1950 Page 291