Sous le nom général de coupe-bourgeons, les
arboriculteurs et les viticulteurs désignent plusieurs insectes assez
différents qui commettent parfois de graves dégâts dans les vergers, les
pépinières et le vignoble.
Tous appartiennent à l'ordre des coléoptères et au groupe
des charançons. Les plus répandus sont le rynchite bacchus, le rynchite
bleu, la phyllobie oblongue et le péritèle gris.
Description.
— Le rynchite bacchus atteint 5 à 6 millimètres de
long. Il est de couleur pourpre lie de vin. Son bec, ou rostre, est long
et prolonge la tête.
Le rynchite bleu, de plus petite taille, ne dépasse pas
3 millimètres. Ses élytres sont couverts de poils courts et raides. On les
distingue parfaitement à la loupe. Son bec est, toutes proportions gardées,
moins long que celui de l'espèce précédente (fig. 1).
La phyllobie oblongue a de 4 à 6 millimètres. Elle a le
rostre et le corselet brun plus ou moins foncé, tandis que ses élytres et ses
pattes sont de couleur rousse. Le rostre est beaucoup plus court que celui des rynchites.
Quant au péritèle gris, dont la longueur peut atteindre de 5
à 7 millimètres, c'est un charançon gris cendré dont le corselet est très petit
par rapport aux élytres, qui sont ovales et bombés.
Biologie.
— Le rynchite bacchus a un mode de vie différent de
celui des autres, en ce sens que son développement s'effectue en deux ans. Ses
œufs, déposés soit sur les pousses, soit dans un trou percé dans un fruit,
pomme ou prune de préférence, éclosent et donnent des larves qui les dévorent,
provoquant souvent le développement d'une maladie cryptogamique, la moniliose.
La larve jeune sort du fruit, s'enfonce en terre et se
transforme en nymphe à l'intérieur d'une coque. Cette nymphe immobile donnera
un insecte parfait dans le courant de l'année. Il passera l'hiver et ne
commencera ses dégâts qu'au printemps suivant, enfonçant son rostre dans les
bourgeons, qui se dessèchent et meurent, perforant les fruits et en incisant le
pédoncule pour provoquer leur chute.
Le rynchite bleu pond dans les pousses à l'intérieur d'un
trou qu'il pratique avec son rostre, puis entame circulairement les bourgeons
qui, peu à peu, s'inclinent, se dessèchent et pendent le long des tiges
(fig.2). Les larves se développent dans les bourgeons, qui finissent par tomber
sur le sol. Elles en sortent pour aller se nymphoser dans la terre. L'insecte
parfait apparaît en mai-juin suivant.
La phyllobie oblongue apparaît plus tardivement. Sa ponte
s'effectue en terre où, au printemps, a lieu la nymphose. L'insecte s'attaque
de préférence aux jeunes feuilles, dont il dévore les bords. Il est très
dangereux pour les greffes des arbres fruitiers dans les pépinières.
Enfin, le péritèle gris, qui fait ses dégâts la nuit, a une
biologie sensiblement voisine de celle de la phyllobie oblongue. Les larves
vivent dans la terre et rongent les racines de la vigne d'août à novembre.
L'insecte parfait ronge les bourgeons des arbres fruitiers et de la vigne, dont
il évide l'intérieur.
Moyens de destruction.
— Jusqu'à ces années dernières, on était à peu près
désarmé pour lutter contre les coupe-bourgeons. Le ramassage des insectes
adultes, le secouage au-dessus de bâches étendues pour la circonstance, s'ils
n'étaient pas complètement sans effet, n'étaient guère réalisables dans la
pratique courante.
Les produits arsenicaux, la nicotine, la roténone, le
pyrèthre n'avaient guère plus d'efficacité, quelques-uns d'entre eux n'ayant
qu'une courte durée d'action.
Ici encore, les nouveaux insecticides organiques de synthèse
sont venus combler une lacune et donnent, à l'heure actuelle, d'excellents
résultats. Le dichlorodiphényltrichloréthane ou D. D. T.,
l'hexachlorocyclohexane ou H. C. H., le sulfure de polychlorocyclane ou S. P.
C., la phénothiazine sont particulièrement indiqués.
Tout à fait inoffensifs pour les végétaux, on peut les
utiliser dès que les premiers bourgeons se gonflent.
Il ne faut pas, en tout cas, différer les traitements, qui
doivent s'effectuer dès l'apparition des premiers insectes.
E. DELPLACE.
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