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Le vignoble

Les insectes et leurs dégâts

Le Sphinx (1).

— La chenille de ce papillon de nuit ne s'attaque qu'exceptionnellement aux vignes, principalement aux espaliers. À l'occasion, faire un traitement avec une bouillie arsénio-cuprique ou avec un insecticide liquide.

La cochylis (Tinea ambiguella).

— Cet insecte porte plusieurs noms selon les régions : c'est le ver ou teigne de la grappe. Le papillon nocturne a environ 12 millimètres d'envergure. Il a deux, quelquefois trois générations annuelles.

La ponte a lieu sur les futures grappes quinze jours après le débourrement et dure trois semaines. Au bout de quinze jours naissent les jeunes larves qui dévorent les boutons floraux et les relient par un réseau de fils très serrés, « véritable tunnel ». La larve attaque aussi les grains noués, provoquant des blessures analogues à celles de l'anthracnose. Au bout de cinq semaines, la chenille adulte, qui a alors atteint une longueur de 10 millimètres, se réfugie sous les vieilles écorces, les fentes des piquets ou échalas, où elle effectue sa chrysalidation.

Les nouveaux papillons apparaissent vers fin juillet ; la ponte se fait alors sur les grains en véraison, et le cycle recommence. Si la température s'y prête, il y aura une troisième génération ; les chrysalides de cette dernière passeront l'hiver dans les abris que nous venons de citer.

La tordeuse de la grappe (Eudemis batrana).

— Ce papillon nocturne est analogue au précédent ; même taille, même cycle évolutif, donne trois générations et cause les mêmes dégâts.

La pyrale de la vigne (Tortrix pilleriana).

— Ce papillon est analogue aux deux précédents comme taille, mais il est d'une couleur différente, et sa chenille n'hiverne pas sous forme de chrysalide.

Le papillon apparaît en juillet, la femelle pond à la surface des feuilles des paquets de 40 à 50 œufs. Après éclosion, les larves se réfugient sous les écorces ou dans les fentes des piquets ou échalas.

Au printemps, elles se transportent sur les jeunes pousses, qu'elles emprisonnent d'un réseau de fils, et les dévorent ; devenues adultes, elles peuvent atteindre une longueur de 30 millimètres ; elles se transforment en chrysalides.

Afin de pouvoir les distinguer, nous croyons utile de donner ci-dessous un tableau récapitulatif des caractéristiques des trois papillons.

PAPILLON CHRYSALIDE CHENILLE
Cochylis. Ailes supérieures jaunes
marbrées de brun.
Ailes inférieures grises.
Brun rouge,
cocon blanc grisâtre.
Corps rougeâtre.
Tête rouge.
Marche lente.
Eudémis. Ailes supérieures grises
marbrées de brun.
Ailes inférieures grises.
Brun noir allongé,
cocon blanc.
Corps vert.
Tête rouge.
Marche rapide.
Pyrale. Ailes supérieures jaunes
avec transversales brunes.
Ailes inférieures violettes.
Brun rouge allogé,
pas de cocon.
Verte avec de petits tubercules blanchâtres.
Tête et premier anneau noir.

Les moyens de lutte contre ces trois papillons sont multiples. Celui qui a donné de bons résultats pour la cochylis et l'eudémis est la pose de pièges lumineux disposés dans le vignoble et allumés de nuit au début du vol, qui peut durer de quinze jours à trois semaines.

On préconise aussi l'ébouillantage des souches — leur flambage — et celui des piquets et échalas par une lampe à souder ; les bouillies arsenicales ou cupro-arsenicales, enfin les insecticides de synthèse actuellement dans le commerce.

Dans les régions à forte invasion, nous estimons que ces moyens de destruction doivent être employés concurremment.

Les cochenilles.

— On distingue deux variétés principales La cochenille blanche (Dactylopius Vitis) se présente sous forme de carapace entourée d'un amas cotonneux contenant les œufs pondus en mai. Le mois suivant éclosent les larves, qui sucent la sève des feuilles. Sur les excréments de l'insecte se développe le champignon ; la fumagine, dont nous avons parlé dans une précédente étude. Ce parasite produit dans les vignobles du Proche-Orient la maladie dite de Jaffa.

La cochenille rouge (Pulvinaria Vitis) se présente aussi sous forme de carapace, mais de couleur rouge brun et d'une longueur moyenne de 5 millimètres. Les mêmes amas cotonneux contiennent de nombreux œufs, lesquels donnent naissance à des larves qui s'attaquent aux feuilles. Ces larves hivernent sous les écorces et deviennent adultes au printemps.

On signale aussi la cochenille grise.

On détruit les cochenilles avec la préparation suivante : badigeonnage ou mieux brossage avec une émulsion d'huile d'anthracène à 10 p. 100 ou avec la solution suivante :

Savon noir 500 grammes
Pétrole 5 litres

ce dernier préalablement et parfaitement émulsionné avec 10 litres d'eau.

Grisette de la vigne (Lopus sulcatus).

— Cet insecte a la forme d'une punaise allongée de 10 millimètres de long environ.

La ponte a lieu en juin dans les fentes des piquets ou des échalas. Les larves éclosent de bonne heure au printemps suivant, attaquent les boutons floraux et les jeunes grains.

On se débarrasse des larves par la pulvérisation au début du printemps de solutions insecticides. La cécidomie (Cecidomia œnophila).

— Cet insecte est apparenté aux mouches ; il pique les feuilles pour y déposer ses œufs, opération qui provoque la formation d'une galle intéressant les deux surfaces de la feuille, différente de celle du phylloxéra, qui ne se forme que sur la surface inférieure. Lorsque les dégâts sont importants, il faut détacher les feuilles et les brûler aussitôt.

Tenthrède (Tenthredo strigosa).

— La larve de cet hyménoptère vit dans les sarments, où elle peut causer des dégâts sensibles. Couper et brûler ceux des sarments atteints qui ne portent pas de vendange appréciable.

Les guêpes (Vespa vulgaris).

— Ces insectes butineurs causent des dégâts sur tous les fruits arrivés à maturité.

On en capture un assez grand nombre dans le vignoble en disposant de place en place de petites fioles à moitié pleines d'eau miellée.

Mais leur destruction est radicale quand on peut s'attaquer aux nids : pour ceux placés dans le sol, avec un insecticide de synthèse, le matin de très bonne heure ; pour ceux situés sur des murs ou des arbres, par la pulvérisation d'insecticides liquides avant leur sortie du nid.

L'érinose (Phytoptus Vitis).

— Cet accident, provoqué par la larve d'un acarien, produit au printemps de petites boursouflures à la face supérieure des feuilles. En regardant en dessous, on constate que les cavités sont tapissées d'un duvet cotonneux.

L'érinose ne cause que très peu de dégâts au vignoble ; on a constaté qu'un soufrage effectué à la face inférieure des feuilles au début de l'invasion gênait le développement de la larve.

Celle-ci hiverne sous les vieilles écorces ou sur les écailles des bourgeons, où il est à peu près impossible de la détruire.

On ne connaît pas actuellement l'insecte parfait. Nous terminerons la description des insectes nuisibles dans une prochaine étude.

V. ARNOULD,

Ingénieur agronome.

(1) Voir Le Chasseur Français d'avril 1950.

Le Chasseur Français N°639 Mai 1950 Page 296