Indépendamment des prêts aux commerçants et industriels dont
il a été question dans le numéro d'avril, la Caisse centrale de crédit
hôtelier, commercial et industriel peut aussi accorder des prêts spéciaux aux
hôteliers, restaurateurs et cafetiers.
Bénéficiaires de ces prêts.
— Pour pouvoir solliciter un prêt, les hôteliers,
restaurateurs et cafetiers doivent réunir les trois conditions suivantes :
a, être de nationalité française ;
b, être patentés ;
c, être propriétaires du fonds de commerce pour lequel le prêt est
sollicité.
Objet des prêts.
— Les prêts ne pouvant être demandés que pour l'un des
deux buts suivants : soit pour effectuer des travaux de construction, de
transformation, de réfection, de modernisation et de remise en état générale,
soit pour des achats de mobilier ou de matériel d'exploitation.
Toutefois, des prêts peuvent être accordés pour aider à
parfaire le prix d'achat du mobilier et du matériel compris dans le prix
d'acquisition du fonds, mais à condition que l'acte de vente discrimine
nettement le prix du matériel et du mobilier.
Montant des prêts.
— Le maximum du prêt est de 15 millions. Toutefois, il
faut que l'emprunteur assume la moitié de la dépense pour laquelle il demande
le prêt. Ainsi, lorsqu'il sollicite un prêt de 2 millions, c'est que la dépense
à effectuer est de 4 millions, dont 2 millions à la charge du demandeur.
Taux d'intérêt.
— Le taux d'intérêt est fonction du taux d'escompte de
la Banque de France. Il est actuellement de 6,50 p. 100 net pour les prêts
n'excédant pas 1 million et de 7 p. 100 net pour les prêts supérieurs à 1
million de francs.
Durée du prêt.
— Les prêts sont remboursables, en principe, dans un
délai de cinq ans.
Les emprunteurs peuvent cependant demander à échelonner
leurs remboursements sur une durée pouvant aller jusqu'à douze années, lorsque
les bénéfices escomptés de leur entreprise ne permettent pas d'envisager un
amortissement plus rapide.
Ils ont intérêt à faire connaître les époques de remboursement
les mieux adaptées au genre de leur exploitation.
Les remboursements des prêts se font par annuités ou
semestrialités constantes comprenant capital et intérêts. Le premier terme est
payable au plus tard dans les douze mois qui suivent la signature du contrat.
Il est permis aux emprunteurs de se libérer par
anticipation.
Garanties exigées.
— Une distinction doit être faite à ce sujet.
Lorsque le demandeur est propriétaire du fonds de commerce
et de l'immeuble où il exploite son affaire, il est exigé à la fois comme
garantie une hypothèque sur l'immeuble et un nantissement sur le fonds de
commerce.
Lorsque le demandeur n'est pas propriétaire du fonds, mais
seulement locataire de l'immeuble où est exploité ce fonds, la garantie est
obligatoirement le nantissement du fonds. Mais le nantissement comme unique
garantie ne peut être pris en considération que si le bail excède d'environ
deux ans la durée du prêt sollicité.
C'est pourquoi les emprunteurs dont le bail est trop court
ont intérêt à en demander le renouvellement immédiat ou, tout au moins, à
obtenir du propriétaire une lettre comportant l'engagement de sa part, à
l'expiration du bail en cours, de ne pas reprendre les locaux pour son usage
personnel et de renouveler le bail.
Indépendamment de ces deux garanties principales
(nantissement et hypothèque) portant sur le fonds de commerce et sur l'immeuble
qui l'abrite, les emprunteurs peuvent, à titre complémentaire, offrir des gages
sur d'autres immeubles ou autres fonds de commerce, des titres ou valeurs
mobilières et des cautions solvables.
Il y a lieu de remarquer que la Caisse centrale de crédit
hôtelier, commercial et industriel peut accepter une hypothèque de second rang
seulement lorsque la valeur des gages est telle qu'elle garantisse encore largement
le prêt sollicité.
Par contre, les prêts ne pourront guère être envisagés quand
les gages n'offrent pas juridiquement toutes les garanties nécessaires. Il en
est ainsi, par exemple : pour les biens acquis moyennant le paiement d'une
rente viagère ; pour les biens qui, n'étant pas intégralement payés,
laissent subsister un privilège du vendeur.
Contrôle de l'emploi des fonds.
— Comme les prêts en question ont pour objet
l'amélioration de l'industrie hôtelière, la Caisse centrale de crédit hôtelier
contrôle l'emploi des fonds qu'elle avance.
Ceux-ci ne sont donc pas purement et simplement remis aux
intéressés, mais affectés, avec leur accord préalable, au paiement des
architectes, entrepreneurs et fournisseurs sur présentation de bons d'acompte,
devis ou factures. Ces paiements sont faits directement par la Caisse centrale
du crédit hôtelier ou par les banques populaires.
Cette procédure est la même que celle suivie en matière de
prêts pour la construction de maisons d'habitations à bon marché : au fur
et à mesure de l'avancement des travaux, la Société de crédit immobilier verse
à l'architecte, à l'entrepreneur ou constructeur des acomptes sur mémoires
visés par l'emprunteur.
Il importe d'observer que les hôteliers pourront néanmoins
être remboursés, sur production de factures acquittées, des sommes déjà payées
par eux pour l'exécution des programmes soumis lors de la demande de prêt.
De la demande de prêt.
— Les demandes de prêts doivent être établies sur des formules
imprimées qui sont délivrées par les banques populaires.
Il est recommandé aux intéressés de répondre point par point
à toutes les questions posées dans ces formules, notamment à celles concernant
le chiffre d'affaires, les bénéfices réalisés au cours des trois dernières
années, le montant des assurances incendie, le prix d'acquisition des immeubles
ou fonds de commerce.
Les omissions ou insuffisances de renseignements entraînent
une correspondance, ce qui provoque fatalement des retards dans l'instruction
des demandes et, par suite, dans l'octroi des prêts.
Ces demandes d'avances doivent être adressées à la Caisse
centrale de crédit hôtelier, commercial et industriel, qui statue après avis de
l'Office national du tourisme.
Pièces à fournir.
— Les pièces à fournir à l'appui de la demande de prêt
comportent à l'origine :
- une photographie montrant l'aspect général du fonds
de commerce et des bâtiments annexes ;
- les plans du rez-de-chaussée et de chacun des étages,
s'ils n’ont été faits à l'occasion de travaux ; à défaut de plans, les
emprunteurs peuvent dessiner sommairement eux-mêmes, sur une feuille séparée,
la composition du rez-de-chaussée et de chacun des étages avec, si possible,
leur surface approximative ;
- une attestation de la Direction des contributions
directes concernant le chiffre de bénéfices et le chiffre d'affaires de la
dernière année ;
- le devis des dépenses à faire ;
- une estimation d'architecte (en cas d'hypothèque) des
immeubles dans leur état actuel et compte tenu de leur vétusté. S'il n'y a pas
d'architecte dans la région, une estimation par notaire devra être produite.
Le Crédit hôtelier se réserve le droit de demander, par la
suite, toutes justifications, tous renseignements qu'il jugera utile.
Remarques.
— Le délai pour obtenir un prêt est assez long. Les
frais occasionnés pas la demande d'avances ne sont réclamés à l'emprunteur qu'à
la conclusion du prêt.
L. CROUZATIER.
|