La tente une fois choisie (1), il restera à acquérir le
matériel de couchage, de cuisine et de portage.
Matériel de couchage.
— Il se compose essentiellement du duvet. C'est
la pièce, à mon avis, absolument indispensable à tout campeur. On peut, à la
rigueur, se passer de matelas ou de lit de camp, on ne peut pas se passer de
duvet. Les couvertures sont lourdes, peu chaudes, et sont à bannir de la façon
la plus absolue.
Le duvet se présente soit sous la forme de couverture, soit
sous la forme de sac de couchage. Cette dernière forme est de plus en plus
employée.
À l'acquisition, s'assurer :
1° de la qualité du tissu, qui doit être léger et serré,
afin de ne pas laisser échapper le duvet ;
2° de la qualité du duvet, qui doit être du duvet vif d'oie
(le duvet d'Eider — le meilleur — est introuvable et hors de prix) ;
3° de la quantité de duvet contenu dans le sac.
Un bon sac capable de servir au camping hivernal doit
contenir au moins 700 grammes de duvet. Une autre bonne solution est la
couverture transformable en sac soit par pressions, soit par fermeture éclair.
Pour un camping en équipe de deux ou trois, un sac de duvet
léger pour chacun des membres de l'équipe, plus une couverture, qui peut
recouvrir les deux ou trois dormeurs, m'a toujours paru une excellente formule.
Si le matelas pneumatique n'est pas totalement
indispensable, j'estime qu'il est grandement à recommander, d'abord pour le
confort qu'il procure, ensuite parce qu'il isole complètement le dormeur du
froid et de l'humidité.
Il en existe de nombreux modèles qui diffèrent par leur
forme et leur longueur et, par conséquent, par leur poids
Avant guerre, une maison française avait sorti un matelas de
pédestre de 500 grammes qui était l'idéal pour le randonneur. La fabrication
n'a pas été reprise depuis la guerre par suite du manque de tissu convenable. À
l'heure actuelle, on trouve dans le commerce deux modèles principaux : le
matelas court, qui arrive au genou du dormeur, et le matelas long, sur lequel
le dormeur repose entièrement. À chacun de choisir selon son goût ...
Les automobilistes peuvent, s'ils le désirent, ajouter à ces
deux éléments primordiaux le lit de camp. Il en existe de deux modèles :
en bois ou en dural, extrêmement légers, quoique robustes et confortables.
L'emploi du lit de camp est toutefois à bannir en hiver, car
on a beaucoup plus chaud sur le matelas pneumatique posé sur la toile de sol
que sur le lit de camp, par suite de l'air qui passe ainsi sous les reins.
Matériel de popote.
— Il y a deux points à considérer : la source de
chaleur et le matériel de cuisine proprement dit.
a. Source de chaleur.
— La plus simple est évidemment le feu de bois. Au
point de vue poétique, philosophique ou pour le charme qu'il dégage, il est
évident que le feu de bois est inégalable ... Oui, mais voilà ! Comme
je l'ai dit très souvent, la France n'est pas le Canada ou la brousse ; le
feu de bois est dangereux et, en tout cas, fait d'autant plus peur aux
propriétaires ruraux qui nous hébergent si gentiment que la plupart des
campeurs se croient obligés de faire un feu « de tonnerre », alors
qu'un tout petit feu serait suffisant pour cuire une fricassée de patates, ou
toute autre opération culinaire. Aussi, malgré le charme de répéter un geste
millénaire et l'attrait gastronomique que présente une grillade sur la braise,
je déconseille formellement le feu de bois. D'ailleurs, il y a d'autres raisons
que celles énoncées plus haut : le feu de bois salit les popotes, il
oblige à faire une corvée de bois souvent fort difficile, et il incite nombre
de campeurs à causer des ravages dans les bois ou boqueteaux pour trouver le
combustible.
Ajoutons qu'en de nombreux endroits il est pour ainsi dire
impossible de trouver du bois à ramasser et qu'il n'est pas toujours aisé, par
temps de pluie notamment, d'allumer son feu. Enfin, ajoutons que le Code
forestier a interdit les feux depuis toujours, à moins de 200 mètres de la
lisière des forêts, et que ces interdictions s'étendent de plus en plus. Donc,
adoptons le réchaud, qui permet d'ailleurs de préparer beaucoup plus rapidement
son repas.
Les réchauds de camping utilisent l'alcool, l'essence ou le
pétrole. Il y aurait un article entier à faire sur la « querelle des
réchauds », nous l'écrirons un jour. Les réchauds à pétrole sont très peu
employés en France, mais beaucoup à l'étranger. Les partisans de l'alcool et de
l'essence restent chacun sur leurs positions.
Sans prendre parti, disons que les réchauds à alcool sont en
général beaucoup plus légers, mais souvent non réglables, et qu'ils nécessitent
le transport d'une plus forte quantité de combustible. Les réchauds à essence
sont plus lourds, mais réglables, permettant de faire mijoter un petit plat
maison. Leurs adversaires mettent en avant le danger de l'emploi de l'essence.
Il existe certes, mais, en prenant certaines précautions, il est faible (2).
Pour tous les motorisés, en tout cas, le réchaud à essence
s'impose, puisque la réserve de combustible est toujours à portée dans le
réservoir de la moto ou de la voiture. Il en existe de tous modèles à un ou
deux feux.
Pour les automobilistes, un dernier-né va certainement
acquérir une faveur grandissante. Il s'agit d'un réchaud à butane, possédant
quarante heures de chauffe et rechargeable lorsque la provision de butane est
épuisée.
b. Matériel de cuisine.
— Je m'étendrai peu sur ce paragraphe. Cela dépend
tellement des goûts de chacun. Allez dans une bonne maison, et faites votre
choix de popotes, couverts, assiettes, gobelets, etc. Un simple conseil pour
les popotes : ne prenez pas d'alu trop léger, qui risquerait de se
déformer au moindre choc. En tout cas, n'emportez pas le matériel de cuisine de
la maison. Il n'est pas adapté au camping, parce que trop lourd, et parce qu'il
donnerait à votre installation un aspect irrémédiable de campement de
romanichels.
Matériel de portage.
— Pour l'automobiliste, le problème consistera à
répartir les charges, soit sur le toit, soit dans la voiture, soit dans la
malle arrière ou le spider, soit même dans une remorque porteuse. Cela dépendra
du matériel choisi et du mode de camping pratiqué, fixe ou itinérant.
Pour le canoéiste, les sacs dits de marin en toile
imperméable ou en caoutchouc sont indispensables. Facilité d'arrimage dans le canoé
ou le kayak et sécurité en cas de dessalage.
Pour le cycliste, le matériel doit être bien étudié.
Sacoches avant et arrière avec centre de gravité le plus bas possible.
Pour le pédestre, enfin, le sac à dos s'impose. Parmi
ceux-ci, le sac à armature est universellement adopté. De nombreux modèles existent.
Comme pour le reste du matériel, choisir la meilleure qualité. Faire en tout
cas attention à prendre des courroies d'épaules larges et un rabat suffisamment
grand pour bien couvrir l'ouverture du sac lorsqu'il est chargé. Vérifier
également la qualité des cuirs et du tissu.
Ainsi équipés, il ne me reste plus qu'à vous souhaiter un
bon camping.
J.-J. BOUSQUET,
Président du Camping-Club de France.
(1) Voir Le Chasseur Français, n°639, mai 1950.
(2) Depuis trente ans, j'ai connu 6 accidents de réchauds, 4
avec l'essence, 2 avec l'alcool. La proportion d'accidents par rapport au
nombre des campeurs est insignifiante.
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