Il ne peut être question de comprendre, dans la plantation
des jardins du bord de la mer, tous les arbres et arbustes que l'on rencontre
dans ceux de régions plus continentales.
L'intensité des vents marins, leur fréquence aussi
nécessitent, en effet, de la part des végétaux, un enracinement profond et des
branches assez souples pour leur permettre d'opposer à ces vents une résistance
effective, ou tout au moins passive. L'air salin, chargé de substances
diverses : iodures, chlorures, bromures et autres, ne convient pas à tous
les végétaux. Enfin le sol est d'une extrême médiocrité le plus souvent.
Cependant quelques arbrisseaux et arbustes peuvent
s'accommoder de ces conditions très spéciales et, sans prétendre à une variété
aussi grande qu'en d'autres régions, on parvient, en les utilisant
judicieusement, à réaliser des ensembles ayant un certain cachet décoratif.
Parmi ceux qui gardent leur feuillage pendant tout ou partie
de la mauvaise saison, on peut citer :
Le Baccharis halimifolia, ou séneçon en arbre, à
petites feuilles semi-persistantes, qui pousse dans les plus mauvais terrains.
L’Atriplex halimus, ou pourpier de mer, arbrisseau
traînant, rustique, à feuilles glauques presque persistantes, atteignant 1m,50
de hauteur. Ses fleurs rougeâtres, d'ailleurs fort petites, paraissent en
juillet-août.
Le Bupleurum fruticosum, ou oreille de lièvre,
fleurit aussi en juillet-août. Ses fleurs sont jaune verdâtre, peu décoratives.
Ses feuilles sont épaisses, de couleur glauque. Il a la précieuse propriété de
résister en sol calcaire et est, par ailleurs, très rustique.
Le Ligustrum ovalifolium, ou troène de Californie, à
feuilles vertes relativement larges et à fleurs blanches, en grappes,
paraissant en été, qui tient une des premières places en toutes régions, n'est
pas moins indiqué au voisinage de la mer, ainsi d'ailleurs que le Ligustrum sinensis,
ou troène de Chine, à petites feuilles légèrement ondulées, à port plus compact
et tout aussi rustique.
Les Evonymus, surtout l’Evonymus japonicus, ou
fusain du Japon et ses nombreuses variétés à feuillage panaché de diverses
couleurs, sont des plantes extrêmement précieuses pour former des haies, des
rideaux, des touffes compactes. Plus exigeants sous le rapport de la qualité du
sol, ils préfèrent les situations ensoleillées à celles trop ombragées.
Les Eleagnus et, tout particulièrement, l’Eleagnus
pungens, très joli arbuste épineux, à feuilles vertes en dessus et à reflet
argenté en dessous, se plaisent dans les rochers. Il en existe plusieurs
variétés, dont l'une, à feuilles panachées dorées, est particulièrement
ornementale, sans pour cela être plus exigeante que l'espèce type.
Les Phillyrea, très résistants eux aussi,
s'accommodent des sols les plus ingrats. Seuls les grands froids, heureusement
rares au bord de la mer, leur sont préjudiciables. Aussi vaut-il mieux les
planter en situation un peu abritée, à proximité d'un bâtiment ou d'un mur
assez élevé. L'un des plus beaux est le Phillyrea Vilmoriniana, dont les
grandes feuilles, qui ressemblent à celles du laurier du Portugal, sont d'un
vert foncé luisant en dessus et vert pâle avec de petites ponctuations en
dessous. Les fleurs blanches, odorantes, disposées en grappes courtes insérées
à l'aisselle des feuilles, paraissent en mars-avril. Les fruits d'un beau rouge
purpurin qui leur succèdent sont eux-mêmes assez décoratifs.
Plus nombreux sont les arbres et arbustes qui perdent leurs
feuilles l'hiver.
Les Tamarix, au feuillage léger et plumeux, aux
fleurs roses disposées en épis très ornementaux, se placent au premier plan.
Ils affectionnent les terrains frais et les endroits ombragés, mais, à défaut
de ces conditions, ils peuvent s'adapter à de bien moins favorables. L'une des
plus belles espèces est le Tamarix aestivalis, vigoureux et de port
élégant, dont les fleurs, d'un beau rose carminé très vif, s’épanouissent en
juillet-août.
L’Eleagnus angustifolia, ou olivier de Bohême, est
également apprécié. Il est très vigoureux ; son feuillage est vert
grisâtre et ses fleurs jaunes paraissent en mai-juin. Il se contente des
terrains les plus médiocres.
Il en est, d'ailleurs, de même de l’Hippophae rhamnoides,
ou argousier, arbuste à port très irrégulier, à feuillage argenté, se couvrant
de nombreux fruits orangés qui persistent une grande partie de l'hiver.
L'Hibiscus syriacus, ou althéa est aussi fort
intéressant pour la garniture des massifs. Il en existe de nombreuses variétés
dont les fleurs sont de coloris très divers et s'épanouissent depuis juillet
jusqu'aux gelées.
Le Diervilla rosea, ou Weigelia est également un
arbuste précieux dont la floraison suit de près celle des lilas et qui
refleurit, parfois assez abondamment, vers la fin de l'été. Il en existe un
certain nombre de remarquables variétés à fleurs roses ou rouges et à floraison
plus ou moins précoce, mais toujours printanière.
Les sureaux, bien que fort communs, ne sont cependant
pas sans intérêt à l'époque de leur floraison. Il en existe, d'ailleurs,
plusieurs variétés plus décoratives que le type, telles que le sureau à
feuilles dorées, le sureau à feuilles panachées de blanc et,
surtout, le Sambucus pubens maxima, donnant, de juillet à septembre, des
inflorescences énormes, dépassant parfois 40 centimètres de diamètre. Cette
espèce est, malheureusement, devenue rare en pépinière.
Quelques arbustes se comportent particulièrement bien sous
les grands arbres, dont ils ne redoutent pas la concurrence des racines. Tels
sont les chamaecerisiers, ou chèvrefeuilles arbustifs, dont certains
fleurissent au printemps et se contentent des plus mauvais terrains ; la viorne
mansienne (Viburnum lantana), au large feuillage duveteux,
rougissant en automne et persistant assez longtemps et aux fleurs blanches, en
larges corymbes, qui s'épanouissent en mai ; le corète du Japon (Kerria
japonica), au feuillage élégant et aux nombreuses fleurs jaunes,
ressemblant à de petites roses, se succédant pendant tout le printemps et l'été ;
la symphorine blanche, dont les fleurs sont sans intérêt, mais dont les
jolis fruits en boule, d'un blanc de nacre, restent sur l'arbuste une partie de
la mauvaise saison.
E. DELPLACE.
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