Les bénéfices agricoles sont imposés soit d'après le système
forfaitaire, soit d'après les résultats d'une comptabilité régulière.
Aujourd'hui, nous examinerons comment on peut organiser, tenir une comptabilité
dans une exploitation agricole, et les précisions qu'elle doit contenir afin
d'en faire admettre les conclusions pour l'imposition des bénéfices réels.
Le système forfaitaire n'a pas tous les avantages que l'on
pense; il n'a pas la souplesse du mode de détermination du bénéfice réel. C'est
ainsi que certains exercices d'exploitation peuvent être déficitaires ;
qu'arrive-t-il alors au point de vue fiscal ? Les impositions sont
établies quand même, et les réclamations sont le plus souvent sans bénéfice.
Avec une comptabilité régulière, en cas d'exercice déficitaire, la perte est
reportée sur les exercices suivants, jusqu'au cinquième inclus. Il est évident
que le contribuable ayant subi une perte pourra demander dans le délai prescrit
le régime de l'imposition sur le bénéfice réel, mais alors il devra apporter la
preuve du déficit ; à moins de produire des comptes détaillés, ou de
calamité agricole, il ne pourra pas lutter avec l'administration.
Comment tenir une comptabilité agricole.
— Tout d'abord un registre journalier, un brouillard
qui peut être un agenda et sur lequel, chaque jour, l'exploitant inscrit les
opérations réalisées en recettes et dépenses, jusqu'à la fin de l'exercice (il
est précisé que l'exercice d'exploitation n'est pas nécessairement l'année
civile et que l'exploitant peut choisir une toute autre date que le 31 décembre
plus particulièrement favorable à l'arrêt des écritures ; par exemple :
1er avril au 31 mars).
Toutes ces opérations sont reproduites sur un journal
général divisé en colonnes, dont nos lecteurs trouveront un modèle ci-après.
Au début de l'exercice, l'exploitant a inventorié son actif
et son passif, qu'il a détaillés sur un registre spécial et dont les chiffres
ont été portés à l'ouverture du journal général. Une comptabilité régulière
doit donc comprendre, en dehors de l'agenda brouillard : un journal
général, un livre d'inventaires et un grand-livre, où l'on ouvrira les comptes
particuliers (banques, chèque postal, clients, fournisseurs, compte courant de
l'exploitant, les comptes d'immobilisations, immeubles, matériel, créances), et
enfin le compte résultats. La tenue de cette comptabilité est très facile et en
même temps très instructive.
Supposons les chiffres suivants à l'ouverture de notre
comptabilité : immeubles, 1.050.000 francs ; matériel agricole,
500.000 francs ; animaux, 200.000 francs ; espèces en caisse, 50.000
francs ; en banque, 50.000 francs ; au compte chèque postal, 50.000
francs et, en fourrages, céréales, etc., 100.000 francs ; un emprunt de
200.000 francs ; notre bilan de départ se présente alors comme suit :
NOMS DES COMPTES |
ACTIF |
PASSIF |
Immeubles Terres et bois Matériel agricole Animaux
Marchandises en stock Espèces en caisse Espèces en banque Espèces chèques postaux
Emprunt Crédit Agricole Capital de l'exploitant |
4 4 4 3 3 1 2 2 5 6 |
500.000 550.000 500.000 200.000 100.000 50.000 50.000 50.000
|
200.000 1.800.000 |
Totaux ... |
2.000.000 |
2.000.000 |
Ces sommes sont reportées à l'ouverture du journal des
opérations diverses aux numéros correspondants (voir colonnes et chiffres
ci-dessus).
Il suffira ensuite de passer toutes les opérations
journalières dans les colonnes les intéressant, comme des écritures
commerciales, en partie double. En fin d'exercice, il sera dressé un inventaire
des animaux existants, ainsi que des marchandises ; on appliquera un
amortissement aux bâtiments et matériel agricole, et on établira le compte de
résultats de la façon suivante :
1° Compte d'exploitation |
|
|
Opérations de débit de l'exercice |
|
|
|
200.000 |
|
|
100.000 |
|
|
1.000.000 |
|
Opérations de crédit de l'exercice |
|
|
|
|
1.500.000 |
|
|
250.000 |
|
|
150.000 |
|
---------- |
---------- |
|
1.300.000 |
1.900.000 |
|
|
1.300.000 |
|
|
---------- |
Bénéfice brut |
600.000 |
2° Frais généraux |
|
|
|
30.000 |
|
|
150.000 |
|
|
20.000 |
|
Entretien et ferrage des animaux |
30.000 |
|
Frais divers de déplacements |
15.000 |
|
|
25.000 |
|
|
25.000 |
|
|
15.000 |
|
Amortissements des immeubles |
10.000 |
|
Amortissements du matériel |
50.000 |
|
Intérêts prêt du Crédit Agricole |
10.000 |
|
Téléphone et frais de poste |
6.000 |
|
Éclairage, chauffage, force, etc. |
14.000 |
|
|
---------- |
---------- |
|
400.000 |
400.000 |
|
|
---------- |
D'où un bénéfice net de : fr |
200.000 |
Dans le chiffre des ventes sont compris : les
réalisations concernant les animaux et tous les produits agricoles. Dans les
achats, les chiffres concernant les animaux, les semences, les engrais. S'il y
a des acquisitions d'immeubles, bâtis et non bâtis, leur prix doit figurer,
comme les réalisations, dans les colonnes 4 et 5 du modèle.
Nous n'insisterons pas sur le détail des opérations, dont le
mécanisme est très simple, et nous supposerons qu'il n'y a eu aucune écriture
touchant les immobilisations au cours de l'exercice.
Notre exploitant aura seulement prélevé 150.000 francs au
cours de l'exercice pour ses besoins personnels et, toujours avec des éléments
fictifs, notre bilan de fin d'exercice se présentera ainsi :
NOMS DES COMPTES |
ACTIF |
PASSIF |
Terres et bois Immeubles bâtis Amortissements 2 p. 100
Matériel Amortissements 10 p. 100
Animaux Produits divers Espèces en caisse Espèces en banque Espèces chèques postaux
Compte courant personnel Bénéfice net
Emprunt Crédit Agricole Capital |
500.000 10.000 500.000 50.000 |
550.000 490.000 450.000
250.000 150.000 40.000 75.000 45.000 150.000 |
200.000 200.000 1.800.000 |
Totaux ... |
2.200.000 |
2.200.000 |
La déclaration à produire à l'inspecteur des Contributions
directes comprend le compte d'exploitation et le bilan ci-dessus ; le tout
doit être remis dans les trois mois de la clôture de l'exercice, ou avant le 1er avril
Ernest-Bertin MARILLER.
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