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Après-midi de Juin.

Des tissus secs et fins, légers, toiles de laine, de lin, de rayonne, se garnissent souvent d'imprimé ; ce sont, dans d'alertes ensembles, des blouses ou tout simplement des garnitures, souvent même amovibles ; corsages largement échancrés se prolongeant par une ceinture nouée, se complétant de cravates « lavallière », de parementures, de revers, de cols. Du même ton que l'ensemble, les imprimés sont à menus dessins discrets : petits pois, rayures fines ou fleurettes légèrement tracées. Parfois, lorsque l'imprimé est sur fond de taffetas particulièrement, le chapeau est tendu de ce tissu, les gants en sont également faits.

L'imprimé est naturellement employé avec autant de bonheur en robe entière, il est également choisi discret et sobre, et la façon ne l’est pas moins ; le plissé alors entre en jeu, de préférence le plissé soleil, déplissé à la ceinture ou encore employé en volant bas monté sur un empiècement arrêté sous les hanches qu'il moule, car, cette saison, sous le buste généreux et souple, la taille et le départ de la jupe doivent rester très fins pour que la silhouette soit joliment dégagée en dépit du corsage abondamment froncé, blousé, aux entournures basses et larges laissant émerger le bras nu ou la manche courte et ballon.

La mousseline de soie, les voiles, les organdis connaissent eux aussi une grande et juste vogue ; employés sur des fonds de tonalités différentes, ils permettent de ravissants effets de transparences qu'il n'est pas impossible de varier en changeant de fonds, mais, je ne crains pas de le répéter, ces tissus, par eux-mêmes-habillés, demandent des façons sobres, sous peine de provoquer un effet endimanché, toujours détestable.

À l'encontre des tissus soyeux, les cotonnades supportent les imprimés plus audacieux ; il y a, chez nos fabricants de textiles, d'étonnantes collections inspirées de l'art nègre ou de l'art hindou, dont les tons de vitrail sont absolument neufs et ravissants. Leur façon n'exige pas moins de simplicité. Bien que très souples, les cotonnades demandent des lignes simples et juvéniles, corsages sans cols et sans manches, largement échancrés, jupes en forme, volantées ou froncées ; c'est une question de silhouette, il s'agit, là comme ailleurs, d'éviter l'empâtement des hanches et de la taille par des effets d'ampleur mal disciplinés.

C'est le détail parisien et charmant qui fera, Madame, plus que le prix de votre toilette, que vous serez toujours élégante. Sur votre grand chapeau simple, sur votre béret, vous piquerez, l'après-midi, une de ces précieuses épingles de nacre ou de cristal, ou le matin, avec le tailleur, une épingle d'écaille blonde ou cerise signée Reine Bailly, qui vous propose, pour le soir, un gorgerin de strass et de gemmes de couleur avec les boucles d'oreilles assorties.

Pour éclairer votre robe noire, un collier de métal doré soutenant un beau cabochon de pierreries, ou encore un clips aux élégantes volutes.

Pour donner à votre petite robe, à votre ensemble sport, une définitive élégance, voici les ceintures, les boutons, les fermetures « éclair » d'Andrée Salvetti, en cuir fauve et motifs de bambou.

Parmi ces gants qui renouvellent si complètement l'aspect d'une robe, ceux de Guibert, en chevreau bleu à parements blancs amovibles, pour en rendre facile le lavage, quelle trouvaille ! De même que le sac en box de Simone Montel, qui, par le jeu sorcier de petites boules dorées qui sont à la fois une garniture et des vis, change totalement d'apparence et de destination, grâce à des housses de lainage, de toile, de lamé qu'on assortit à chaque toilette, tandis que « l'impersac » de nylon blanc est son manteau de pluie !

G.-P. DE ROUVILLE.

Le Chasseur Français N°640 Juin 1950 Page 371