« Marions-nous ! »
— Combien de jeunes filles ont regretté de n'avoir pu
être marquises au siècle de Louis XIV !
Saint-Simon se charge, dans ses mémoires, de calmer
leurs regrets. Il était de mauvais goût, pour un seigneur, de sortir avec sa
femme.
« La mode s'opposait moins à ce qu'ils les
martyrisassent, puisque le prince de Conti abreuvait la sienne d'injures, de
coups de poing et de coups de pied ... »
Cela sentait d'une lieue son manant, mais bien peu de
gentilshommes daignaient s'occuper à ce point de leurs épouses.
La princesse Palatine avouait que les plus beaux
exemples de fidélité, les meilleurs ménages, « se trouvaient parmi les
gens de condition inférieure ».
Les courtisans auxquels le roi portait le plus d'intérêt (Mémoires
de Richelieu) recevaient de lui « l’ordre d'aimer leur femme » !
Les croyances populaires relatives au mariage, aux XVIIe
et XVIIIe siècles, étaient nombreuses :
« Qui veut être marié en l'an, disait-on, prenne le
premier papillon qu'il verra ... »
« Garder les souliers du jour de ses épousailles
servait à avoir bon ménage. » (Noël du Fail.)
Pour provoquer l'amour, il fallait :
« Faire boire à la personne désirée de l'eau dans
laquelle a trempé pendant un jour et une nuit un os de mort ou des mouches
cantharides pulvérisées. »
« Porter sur soi des morceaux des souliers ou de
l'habit de la personne que l'on souhaite en mariage, des rognures de ses
ongles, de ses cheveux, etc. »
« Confectionner des anneaux de jonc ou de métal et, en
se jouant, les mettre au doigt de la personne aimée. »
« ... Si le nouvel époux et la nouvelle épouse
dansent ensemble le jour de leurs noces, affirmait la tradition, la nouvelle
épousée sera la maîtresse et fera de la peine au nouvel époux durant tout le
cours de son mariage. »
« Lorsqu'on fait passer les nouvelles mariées, le jour
de leur union, sous deux épées nues mises en forme de croix de Saint-André,
elles sont heureuses en ménage et leurs maris les traitent honnêtement. »
« Pour qu'une nouvelle mariée soit heureuse, il faut
qu'entrant dans la maison de son époux le jour de ses noces elle casse du pied
un œuf et qu'on lui jette du blé sur le corps. » (J.-B. Thiers, Traité
des superstitions.)
Dans la Grèce antique.
— Savez-vous qu'à Sparte l'on réglait la forme de la
coiffure des femmes, tandis qu'Athènes interdisait à celles-ci d'emporter plus
de trois robes en voyage ?
Les hommes subissaient des règlements contradictoires selon
le lieu de leur résidence ; quant au costume, il était fixé invariablement
dans chaque cité.
À Rhodes, défense de se raser la barbe ... À Byzance,
amende à celui qui possédait un rasoir ... À Sparte, obligation de se
raser la moustache ; interdiction du célibat et sanctions si l'on se
mariait tard !
Ajoutons que si, dans la cité antique, la femme était
maintenue en état d'infériorité en certains domaines — par exemple :
le fils seul héritait, non la fille, cependant le frère ayant recueilli tout le
bien paternel pouvait épouser sa sœur et la doter, — elle était
considérée, en revanche, comme une gardienne du foyer devant lequel
aucun acte impur ne devait être accompli ...
La mode sous Henri IV.
— Vivant sous Henri IV, chère lectrice, vous auriez
porté non la fraise, qui commençait à passer de mode, mais le collet montant,
formé de dentelle, la grande nouveauté d’alors, avec des fils d'archal le
maintenant ouvert derrière la tête.
Étant dans l'impossibilité de baisser le cou, vous auriez
utilisé la superbe cuiller à long manche inventée par la reine Marguerite afin
de pouvoir manger sans tacher ses vêtements ...
Votre toilette se serait composée de vertugadins, de
coussins rembourrés, tenant la robe bouffante et relevée par derrière, de corps
piquées — ou corsets — avec buses, lames de bois verni, d'ivoire,
d'argent ou de baleine, maintenant l'habit par devant pour le tenir droit.
La ligne générale ? Celte d'un sablier : corsage
de toile épaisse, serrant fortement la taille et s'élargissant en forme
d'entonnoir aux épaules. Sur une cotte bien tendue, la jupe réalisait la même
forme en sens inverse : deux cônes se joignant par la pointe !
Les bas de chausses (ou bas) s'attachaient bien au-dessus du
genou avec des jarretières de même étoffe couvertes très richement de larmes ou
de pensées que l'on s'arrangeait toujours pour laisser admirer, malgré la
longueur des jupes d'alors, ne serait-ce qu'en allant à cheval, la jambe droite
relevée sur l'arçon de devant, grâce à la selle inventée par la reine
Catherine, qui était fort bien tournée de ce côté ...
Et, pour compléter le tout : des patins ou chaussures
avec semelles de trente centimètres, incarnadins, en broderies d'or ou de
velours, ancêtres des « semelles compensées ».
Louis SMEYSTERS.
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