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Courrier cynégétique

Hirondelles sédentaires.

— Je vous signale qu'un groupe de 150 hirondelles n'a pas obéi aux lois naturelles qui font que ces oiseaux traversent la Méditerranée à la fin septembre. Ce groupe a élu domicile sur la façade sud du lycée du Parc-Impérial, à Nice, où il se chauffe tous les jours. L'an dernier, le groupe était plus nombreux : 500 environ.

Dès les premiers jours de décembre 1948-1949, j'étais certain que l'hiver ne serait pas rigoureux sur la Côte d'Azur.

Ce groupe est-il composé d'hirondelles âgées, que la traversée effraye ? Comprend-il, au contraire, des jeunes de la deuxième couvée ? Ou bien ne comprend-il que des mâles en surnombre ? Mystère !

ACOUAVINE, abonné.

Sanglier contre auto.

— Un de mes amis, ingénieur à Brignoles, traversait la Crau, pendant la nuit, entre Arles et Salon, lorsqu'il ressentit un choc violent qui fit faire une embardée à sa voiture, il descendit, pensant avoir accroché un bloc de pierre. Quelle ne fut pas sa stupéfaction en trouvant, coincé sous sa voiture, un sanglier qui avait eu trois pattes brisées par le choc ! Il acheva la bête à coups de cric et la transporta jusqu'au village voisin, où, pesée, elle accusa le poids de 55 kilos ! Quant à la voiture, la réparation des dégâts occasionnés par le choc s'éleva à quelques milliers de francs.

Dr R ..., à Brignoles.

Quel est le gibier à plume le plus lent ?

— Sous ce titre, j'ai eu récemment la surprise de lire cet extrait de la revue cynégétique anglaise « Field and Stream » : Il est difficile de chronométrer la vitesse exacte d'un oiseau, mais il est permis de supposer que la bécasse est le plus lent des oiseaux de chasse, puisqu'elle dépasse rarement une vitesse de 20 miles (32 kilomètres) à l'heure.

Je ne suis d'accord que sur un point : la difficulté de mesurer la vitesse d'un oiseau. Il est pourtant permis d'arriver, dans certaines conditions favorables, à des approximations pas trop erronées, pour les canards particulièrement, lorsque l'on peut disposer de grands espaces découverts, fréquentés régulièrement sur certains parcours assez longs pour permettre de bonnes observations sur des vols nettement visibles. Alors, avec un bon nombre de repères de triangulation et un peu de mathématiques, on arrive à des résultats suffisants. En est-il de même pour la bécasse ? Certes non ! On la voit rarement au clair sur de longues distances avec une régularité suffisante pour ébaucher une triangulation. Quant aux 32 kilomètres à l'heure, s'ils ont été calculés scientifiquement, il faut croire que, ce jour-là, la bécasse n'était pas pressée. J'ai eu fréquemment l'occasion d'en voir très à découvert à la passée du soir, que je faisais au ravin de Kaddous près d'Alger. En début de saison, lorsqu'elles n'avaient pas appris la prudence, elles passaient de très bonne heure, et la disposition des lieux faisait que certaines, survolant des orangeraies, où elles n'étaient pas tirées, restaient bien visibles sur près de 400 mètres. Par comparaison avec le perdreau de battue, pour qui l'on admet couramment du 60 à 70, je ne crois pas me tromper en évaluant leur vitesse de route à un bon 50, sinon plus. D'ailleurs, réfléchissons : du 32 à l'heure, c'est un vrai tir pour mazette ; or la bécasse au clair se manque parfois — nous en savons tous quelque chose.

Le gibier à plume le plus lent ? Peut-être le flamant, avec ses ailes trop courtes pour son long corps dégingandé, j'en ai tué quelques-uns en Camargue, et je le regrette ; maintenant, je ne me laisserai plus aller à cet assassinat. Leur tir m'a toujours semblé d'une simplicité enfantine, tant leur vol est mou. Mais le flamant, étant un oiseau protégé par la loi, n'est pas du gibier.

Alors, ils sont quatre à se disputer la course de lenteur : la poule d'eau, le râle noir, la marouette et surtout le râle de genêts, dont Elzéar Blaze écrivait plaisamment : la chasse au roi des cailles ressemble à la chasse aux escargots : autant de vus, autant de pris.

Je crois que beaucoup de mes confrères seront de mon avis ...

Albert GANEVAL.

La prétendue disparition du merle.

— Dans le n°633 du Chasseur Français, un de vos abonnés de Bordeaux conteste la disparition du merle et constate que, dans son secteur, le nombre des merles a quadruplé depuis trois ans. J'ai fait, dans mon secteur, la même observation.

J'habite le Bocage vendéen, non loin de la limite du département des Deux-Sèvres. Les merles, assez nombreux avant la guerre, étaient devenus plus rares pendant l'occupation, mais, après la Libération, ils sont revenus plus nombreux que jamais, surtout depuis deux ou trois ans. Cette année, ils pullulent, deviennent extrêmement familiers, ravagent les vergers et font de grands dégâts dans les jardins. Je les leur pardonne à cause de leur agréable ramage.

Il semble bien que la disparition des merles dans certains secteurs est un fait local et n'a pas un caractère général ; il s'agit plutôt d'un déplacement ; le merle, moins abondant en certains points, l'est devenu beaucoup plus en d'autres. J'ajoute que les pies sont malheureusement très nombreuses dans ma propriété, mais elles n'empêchent pas la multiplication des merles.

Henri BOQUÉ,
La Tardière par La Châtaigneraie (Vendée).

Les ruses de Goupil.

— Ce récit n'est point un extrait des contes ou des fabliaux du moyen âge : il s'agit simplement d'un fait véridique, récent, dont l'action s'est déroulée dans un coin mouvementé des collines de Gascogne, à l'époque encore tiède où, sur leurs sommets, les teintes vives des vignes contrastent déjà avec le vert tenace des bosquets.

« Lou Pierréto », vieux braconnier, habitait une masure aux abords des bois. Son bras était aussi enclin à saisir le fusil que l'aiguillon. Pas un gîte, pas une remise, pas un terrier ne lui étaient inconnus à deux lieues à la ronde. Il flairait le gibier, pénétrait ses instincts, devinait ses sites de prédilection, débusquait à merveille, tirait à coup sûr.

Levé à l'aube, il dévalait les pentes broussailleuses, passait en revue pièges et collets. Il trouva, un matin, un magnifique renard prisonnier des mâchoires d'acier et réussit à le dégager vivant ; la patte, quoique meurtrie, n'avait pas de fracture. Un bon sac de jute devint sa prison. Un solide collier enserra son cou ; une bonne corde de bouvier y fut nouée.

Lou Pierréto, le sac sur l'épaule, solidement fermé d'une main, tenant dans l'autre, pour plus de sûreté, le bout de la corde, s'en fut par le village.

Il faut vous dire que, chez nous, tout chasseur qui a la chance d'abattre un ennemi des basses-cours promène celui-ci de ferme en ferme, recueillant quelques oeufs par-ci, quelque argent par-là, un verre de blanc partout. Promener l'animal vivant, l'exhiber dans les cours, quitte à semer l'épouvante dans la gent volatile et à livrer bataille avec quelque griffon, constituèrent un programme des plus imprévus, donc des plus attrayants pour tous, des plus lucratifs pour Pierréto.

Du « Picon » au « Brunat », du « Mounassat » à « Peymarchand », notre montreur de renard connaît un succès que maint dompteur de fauves aurait envié. Le voici devant la porte de « Peyrolou », un maître chasseur du village.

On s'affaire autour du sac, qu'on entr'ouvre d'abord timidement, prudemment. L'animal — apparemment las des nombreux combats déjà livrés — gît tristement, l'œil mi-clos, pantelant. Vainement on le taquine, vainement on l'excite de la pointe du sabot : aucune réaction. « Il en a assez. » C'est l'agonie. Tout à l'heure, ce sera un cadavre.

La gueule du sac s'ouvre un peu plus : on n'a plus à craindre.

Soudain, d'une détente formidable, l'animal jaillit dans les visages, arrache de la main trop confiante cette corde qu'on ne serrait plus, détale dans la cour comme un éclair, disparaît au loin, suivi d'une corde qui bondit et serpente furieusement.

Stupéfait, penaud, sûrement honteux, « le sac roulé sous le bras », « Lou Pierréto » rentre chez lui, par les traverses cette fois.

R. P…

Tableau d'honneur des gardes.

— Le président de l'Union des chasseurs Miraudoin, en nous signalant la destruction presque simultanée de deux aigles par le garde fédéral M. Mempontil, nous communique également le tableau de la destruction des nuisibles, pour l'année 1949, de ce même garde, assisté de son collègue, M. Pinaud. Ce tableau comprend : 69 renards, 23 blaireaux, 18 chats harets ou sauvages, 10 belettes, 64 rapaces, 513 becs droits, 665 œufs de becs droits.

Un abonné du canton de Saint-Valéry-en-Caux nous donne, d'autre part, un tableau de M. Cheviel, garde fédéral de la Seine-Inférieure, pour la période allant du 1er janvier au 31 août 1949. On y relève : 8 putois à l'assommoir, 10 blaireaux et 96 renards aux gaz, 289 belettes dans les boîtes à bascule.

Voilà d'excellent travail dont il convient de féliciter les gardes.

Renardes prolifiques.

— Comme suite à l'écho paru dans Le Chasseur Français de mars, au sujet d'une renarde ayant une portée de 10 petits, M. Somme, abonné de Charleville, nous signale la capture, à Vrigne au-Bois, d'une renarde pleine de 12 petits. D'autre part, M. Dutartre, abonné de Burnaud (Saône-et-Loire), en compagnie de quelques compagnons, a réussi un déterrage au cours duquel 11 renardeaux, dont 8 femelles, âgés d'une huitaine de jours, étaient retirés du même terrier.

Le Chasseur Français N°641 Juillet 1950 Page 399