Le griffon bruxellois, petit chien d'agrément, de caractère
très sportif, ratier de naissance, est devenu très rare en France. C'est
cependant un petit chien extrêmement agréable, robuste, vif, à figure de singe,
remarquablement intelligent.
Il a failli prendre le nom de griffon de la reine :
dès son apparition, la reine des Belges, séduite par les belles qualités de ce
nouveau petit chien, le prit sous sa protection et se promenait souvent, dans
ses équipages, accompagnée d'un couple de griffons bruxellois.
Il porte à juste titre ce nom de bruxellois parce qu'il fut
élevé et sélectionné exclusivement à Bruxelles où d'innombrables familles
élevaient ce petit chien. Il apparut aux expositions belges pour la première
fois en 1880. À cette époque, il fut divisé en deux catégories ; griffons
roux et griffons de toutes couleurs ; dès le début, les roux furent les
plus appréciés. En 1883, la race était reconnue en Belgique, inscrite au livre
des origines Saint-Hubert, mais il avait une tout autre apparence ce petit
griffon d'écurie, il avait un museau effilé de terrier, une tête plus longue et
plus étroite ; on voit le chemin qu'il a dû parcourir pour arriver au type
d'aujourd'hui à face ronde. En janvier 1889, un club du griffon bruxellois
était fondé à Bruxelles, suivi quelques années après par la création du club
français.
De tous temps, et dans tous les pays de l'Est de l'Europe
principalement, de la Hollande, la Belgique et le Nord de la France, il a
existé des petits terriers griffons, de véritables petits chiens d'écurie à
poil rude partageant la paille des chevaux, ne les quittant pas, même dans
leurs déplacements, car le cheval, habitué à la présence continuelle de ce
petit animal, voyage plus facilement et sagement, surtout en wagon.
Pour donner cette face écrasée, on eut recours à différents
croisements : au carlin, qui a donné naissance au poil ras ; au
masque noir et au nez cassé, au king Charles et au ruby-spaniel. Plus tard on
eut probablement recours à d'autres croisements, les pays voisins de la Belgique
possédant des chiens presque semblables, tel l'affenpinscher allemand, à qui on
peut attribuer l'apparition du poil noir dans les portées de bruxellois, et le smoushondje,
terrier griffon hollandais à museau très court, mais à stop moins prononcé; cette
race est aujourd'hui entièrement disparue.
Après le griffon bruxellois, on vit apparaître le griffon
belge et le petit brabançon ; ces trois variétés peuvent paître dans une
même portée, par retour atavique ; elles sont classées différemment et ont
été reconnues ; il aurait été dommage de disqualifier des chiens ayant les
mêmes caractéristiques de la race, sauf une texture et une couleur de poil
différentes. Le petit brabançon n'est qu'un griffon bruxellois à poil ras, de
couleur noir et feu, et roux; le masque noir n'est pas un défaut. Le petit
griffon belge est un bruxellois à poil dur où sont admises : la couleur
noire, noir et feu, noir et roux mélangé.
Le club belge du griffon bruxellois recommande de tenir ces
trois variétés pures, par une consanguinité bien comprise et une sélection
rigoureuse ; ceci est le travail des éleveurs avertis et demande une
certaine expérience. Le pedigree se trouve à la base de tout élevage bien
compris et son étude constituera toujours un guide précieux pour l'éleveur.
Dans cette race, il faut surveiller attentivement la
naissance des chiots ; le volume de la tête rend quelquefois la
parturition difficile.
Pour rendre les jugements équitables, et aussi par la
nécessité imposée par l'élevage des trois variétés, elles se subdivisent :
en sujet de moins de 3 kilogrammes et en sujet de 3 à 4 kilogrammes et demi
pour les mâles et de 3 à 5 kilogrammes pour les femelles.
Le griffon bruxellois captive l'attention par une expression
presque humaine, de forme ramassée, rappelant celle du cob ; il est
élégant d'allure et de structure.
La tête est large et ronde, sans huppe soyeuse, le front
bien bombé, le tour des yeux, le nez, les joues et le menton garnis de poils
durs ébouriffés, un peu allongés, formant ainsi une garniture, les oreilles
bien droites toujours coupées en pointe. En Angleterre, la coupe des oreilles
n'est pas admise, cela lui donne un aspect bien différent.
L'œil est très grand, noir, bien rond, les cils long et
noirs avec les paupières bordées de noir, les yeux doivent être bien écartés et
saillants, le nez toujours bien noir, excessivement court, la truffe large, la
cassure bien prononcée, les lèvres bordées de noir. La pigmentation doit être
excellente.
Le menton est proéminent et large, dépassant la mâchoire
supérieure ; les incisives de la mâchoire inférieure doivent dépasser
celles de la mâchoire supérieure.
Étant un petit chien sportif, la poitrine est large et
profonde, les pattes bien droites et bien d'aplomb, de longueur moyenne ;
les pieds sont courts, ronds et compacts, avec la sole et les ongles bien
noirs, la queue est relevée, coupée aux deux tiers.
Le poil du griffon bruxellois doit être dur, ébouriffé,
demi-long et fourni ; il est roux, un peu de noir à la moustache et au
menton est toléré. Ce poil doit être maintenu dur, soigné de façon régulière,
bien brossé avec une brosse de chiendent et bien débarrassé du poil mort qui
alourdirait sa ligne. L'encolure doit être dégagée par une épilation à la main,
ainsi que les poils autour des oreilles et au-dessus des yeux.
Les griffons bruxellois, griffons belges et petits
Brabançons étant des chiens de dame, les éleveurs, depuis 1920, ne cherchent
qu'à produire des nains ; les grands ont donc tendance à se raréfier. Ils
sont très affectueux, très bons petits compagnons, très fidèles, bons petits
avertisseurs pour l'intérieur des maisons. Quoi que l'on pense, ils sont très
rustiques, ne craignent pas le froid, mais peut-être bien l'humidité ; ils
sont de parfaits destructeurs de rats et de souris ; les plus grands
étaient assez chasseurs et mordants ; on s'est servi d'eux autrefois avec
les pinschers pour débauger le sanglier.
A. PERRON.
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