Ces plaies, qui, à leur apparition, sont trop souvent
considérées comme des bobos insignifiants, n'offrent pas seulement le caractère
d'être essentiellement saisonnières — d'où leur appellation, — on les
qualifie encore de plaies bourgeonneuses ou bourgeonnantes et, plus
fréquemment, de plaies granuleuses, leur surface présentant un aspect
bosselé formé par les granules jaunâtres des dimensions d'un grain de sable.
Ce qui fait la gravité de ces plaies, se développant surtout
pendant les journées chaudes de l'été, par les temps lourds et orageux, c'est
qu'elles se montrent rebelles à la cicatrisation, quel que soit le traitement
employé, sont le siège de démangeaisons violentes qui tourmentent beaucoup les
animaux et, en troublant leur repos, contribuent à les faire baisser d'état.
De plus, ces plaies peuvent réapparaître chaque année, à peu
près aux mêmes époques, selon les conditions atmosphériques, sur les mêmes
animaux et aux mêmes emplacements.
Enfin, si elles ne sont pas dangereuses pour la santé
générale des chevaux qui les portent, parce qu'elles entraînent rarement de
complications, elles ont souvent des conséquences économiques très
préjudiciables, en provoquant chez les malades des indisponibilités pouvant se
prolonger des semaines et des mois.
Tous les auteurs s'accordent sur la nature parasitaire de
ces plaies, provoquées et entretenues par des larves de parasites de l'estomac
du cheval, et spécialement des « habronèmes », d'où le nom de habronémose
cutanée qui est encore donné à la maladie.
Les larves de ces vers ronds et cylindriques, ayant environ
de 10 à 15 millimètres au moins de longueur, sont rejetées avec les crottins
sur les fumiers, où les mouches les recueillent et deviennent de ce fait les
principaux, sinon les seuls agents propagateurs de l'affection, car il est bien
admis que l'été est la saison des plaies granuleuses parce qu'elle est la
saison des mouches.
À défaut de preuves expérimentales directes, le danger de la
mouche domestique, dans la propagation des plaies d'été, se déduit des faits
suivants faciles à observer et vérifier :
1° Pendant les mois d'été, toute plaie accidentelle ou
opératoire, où qu'elle siège et quelle que soit sa gravité, toute lésion de la
peau ou des muqueuses apparentes, non protégée par un pansement couvert, sont
exposées à se transformer en plaie granuleuse ;
2° Toute plaie protégée par un pansement couvert est
sûrement à l'abri de l'infection, et cela même sur un cheval déjà porteur,
d'autre part, d'une ou plusieurs plaies granuleuses en voie d'évolution ;
3° Il est toujours possible de transformer expérimentalement
une plaie simple en « plaie d'été » en déposant ou faisant déposer à
sa surface des larves de parasites évoluées chez les mouches ;
4° Enfin, ce n'est qu'au cours de l'été, voire même depuis
le mois d'avril jusqu'au mois d'octobre, que s'observent les plaies
granuleuses, alors que, dès le début de la saison froide, elles guérissent
facilement, parfois sans traitement, parce que, les mouches étant en voie de
disparition, les causes d'infection des plaies ordinaires deviennent de plus en
plus rares. Et c'est la raison pour laquelle on dit couramment que : « C'est
l'onguent d'automne qui guérit les plaies d'été. »
Il y a mieux à faire qu'à attendre la réalisation de ce
dicton pour guérir les plaies d'été, et, en tout premier lieu, faire la guerre
aux mouches, sans répit ni relâche, et par tous les moyens possibles. Car les
difficultés sont grandes pour les chasser des écuries.
En plus, les animaux seront protégés contre les piqûres des
mouches par un quelconque des procédés suivants : lotions d'eau vinaigrée
sur le corps avant le départ au travail, ou bien avec une solution d'eau
phéniquée, une décoction de feuilles de noyer, ou encore, mieux, de « quassia
amara », qui n'a pas l'inconvénient de tacher le poil des chevaux.
À défaut d'une élimination presque impossible à réaliser, on
agira plus efficacement en empêchant les mouches de se porter sur les plaies,
si bénignes qu'elles paraissent, soit par des pansements couverts maintenus à
demeure, soit encore par l'application sur ces plaies de produits qui éloignent
ces insectes ou les détruisent : huile de ricin, vaseline créosotée, huile
crésylée ou de foie de morue, etc.
En règle générale, il est indiqué d'isoler les animaux
porteurs de plaies granuleuses en raison de l'attraction que celles-ci exercent
sur les mouches. Les écuries doivent être entretenues aussi proprement et
hygiéniquement que possible, par le renouvellement fréquent des litières et
surtout l'enlèvement rapide des crottins, qui sont transportés sur des fumiers
isolés.
À titre prophylactique, il est recommandé de faire prendre
de temps à autre, dès le printemps, des vermifuges tels que l'acide arsénieux,
l'émétique, l'essence de térébenthine, le thymol, tous médicaments qui peuvent
être employés aussi localement et directement sur les plaies.
Quant au véritable traitement, le plus efficace, sinon le
seul efficace, il est d'ordre chirurgical et ne peut être mené à bien que par
le vétérinaire, dont l'intervention aura d'autant plus de chances de réussir
qu'elle aura été plus hâtive.
J.-H. BERNARD.
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