Accueil  > Années 1950  > N°642 Août 1950  > Page 457 Tous droits réservés

Capture du chacal

Parmi les moyens de capture du chacal (1), on trouve : la chasse à courre, l'affût, le poison, les pièges.

Chasse à courre.

— Elle est faite exclusivement par les indigènes, et pas spécialement pour le chacal. On chasse ce dernier quand on le rencontre au cours d'une chasse au lièvre, parmi les diss et l'alfa des plaines ou des collines. Dès que les chasseurs ont vu le chacal, ils lancent à ses trousses leurs sloughis, qui ont vite fait de le rouler et de l'étrangler de leurs puissantes mâchoires. Si le chacal gagne le couvert, les indigènes le rabattent vers la plaine, où d’autres sloughis le cueillent au passage.

L'affût.

— Il est intéressant en certains endroits. L'affût au passage et au point d'eau est assez fructueux, mais il demande le respect des règles de ce genre de chasse. Les points de passage favoris sont les cols en montagne, les passages coupant les ravins, les points d'eau, les bords rocheux dominant les vallées. L'étude de la région et des points de passage fréquentés des animaux sera d'un précieux secours. L'affût au charnier ne donne bien que si l'affûteur est perché ; il se pratiquera de préférence auprès d'un animal mort sur place et non amené. On tire le chacal avec du plomb n°0, car il encaisse bien le coup. Les nuits lunaires sont excellentes, mais le chacal arrive, le plus souvent, dans une zone d'ombre.

Le poison.

— Il est peu employé. La fourrure du chacal étant très quelconque, on s'attache peu à le détruire ; on se contente de le tuer là où il cause des dégâts. De plus, tout animal non retrouvé à l'aube est invariablement en pleine putréfaction au soir, en raison de la température. Le sulfate de strychnine à dose de 12 centigrammes, ou les ampoules de poison liquide pourraient utilement servir en opérant rationnellement.

Les pièges.

— Les plus pratiques sont les pièges à palette (bois ou fer) de 20 à 22 centimètres de diamètre. Les indigènes emploient dans le sable un piège dont la palette est remplacée par un fond de toile grossière et solide, et dont la détente est constituée par un bâtonnet ou un os butant dans le trou d'une perle qui coulisse elle-même sur une ficelle fixée au fond de toile. Ce genre de piège offre comme avantage la suppression de la palette métallique, d'où diminution des risques d'être éventé pour l'odorat du chacal. En contrepartie, les inconvénients sont nombreux : la détente est trop sensible ou pas assez — le fond de toile joue selon la température (devient souple ou, au contraire, se tend) et peut se détendre seul ; enfin la pression de la patte n'agit pas de façon identique sur le fond de toile comme elle le ferait sur une palette rigide.

Quant à la tendue du piège, les précautions à observer sont les mêmes que pour le renard. En Afrique du Nord, on piège fort peu avec un appât, du fait de la température qui n'en permet guère la conservation, même sous abri. On piège donc presque uniquement au passage.

Tout l’art du piégeur consiste à bien repérer les points de passage, dont les principaux se trouvent aux points de franchissement des oueds, aux cols, dans les oueds à fond plat, parmi les lauriers-roses et lentisques, en bordure haute des escarpements rocheux, sur les buttes naturelles. On pose de préférence le piège en descente.

Dans le piégeage au passage, on peut comprendre la pose de pièges (en général doublés) contre une touffe d'herbes où on a remarqué que les mâles venaient uriner ou fienter régulièrement. Les pièges sont placés à 0m,40 de part et d'autre de la touffe.

Si l'on veut essayer de piéger avec appât, il faut choisir de préférence un gros appât (animal crevé : chèvre, mouton, âne, etc.). On entoure discrètement l'appât d'une barrière artificielle en épines (gandoul) ou en feuilles de cactus, en laissant un passage de 0m,30 permettant d'arriver à la charogne et on piège dans le passage. Ce qui n'empêche nullement de placer deux ou trois pièges contre l’appât. Ces pièges sont tous lestés d'une pierre de 5 kilogrammes. Il est évident qu'on a tout intérêt, dans ce procédé de piégeage, à profiter d'une barrière naturelle (touffe de figuier de Barbarie ou d'épines), qu'on complète discrètement au besoin. L'emploi d'un charnier (animal mi-enterré) peut également réussir en lieu couvert, mais avec gros appât. À découvert, les charognards et la température auront vivement réduit l'appât à peu de choses. Sur un versant rocheux, on pourra essayer du jardinet monté avec des rochers, en évitant un couloir serré dans lequel le chacal s'aventurera difficilement. De toute façon, il est bon de monter le jardinet quelques semaines avant de le garnir et ensuite de l'appâter à blanc plusieurs fois avant de piéger. Le piégeage au pendu ne peut avoir de chances qu'au bois près d'un passage connu. Le piégeage au tas de cendres réussit bien avec trois pièges en batterie et l'appât au centre. Les pièges sont camouflés sous la cendre et l'appât à demi grillé. Les touffes d'alfa ou de diss fournissent les cendres utiles.

Quant à la dépouille du chacal, elle n'est intéressante que de novembre à février et peut servir à faire des tapis. L'animal est dépouillé en nappe, ouvert de la pointe du menton jusqu'au bout de la queue. On l’écharne du mieux possible et on cloue la peau sur une planche côté chair en dessus. On saupoudre immédiatement de cendre de bois et on renouvelle cette cendre tous les jours en écharnant soigneusement chaque fois. J'ai conservé ainsi intactes des peaux d'animaux pendant six mois de fortes chaleurs. Il est nécessaire d'opérer immédiatement le dépouillement dès l’animal mis à mort, car la température et les mouches ne permettent aucun retard.

A. CHAIGNEAU.

(1) Voir Le Chasseur Français de juillet 1950.

Le Chasseur Français N°642 Août 1950 Page 457