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Courrier cynégétique

Un blaireau amateur de volailles.

— Le jeudi 26 janvier, vers 3 heures du matin, je fus réveillé par la femme d'un domestique agricole de la propriété que j’habite, aux abords de Limoges, qui me signalait que son mari était aux prises avec un fort blaireau entré dans leur poulailler et me demandait main-forte.

Je m'habillai aussitôt et me rendis sur les lieux, où je me trouvai en présence de l'animal en question, tenu en respect à l'aide d’une fourche par le domestique précité. Je pus l'assommer au moyen d'une hache, mais cela nécessita un bon moment, en raison de la résistance du blaireau et surtout de l'exiguïté du lieu. Cette bête, un magnifique mâle de 28 livres, s'y était introduite par effraction de la porte d'entrée et avait déjà tué sept poules et blessé cinq autres.

Je suppose que le froid très vif qui sévissait alors, ayant raréfié ses aliments habituels, incita notre blaireau à se rabattre sur de la chair fraiche, qui ne semble pourtant pas être le fond de sa nourriture ordinaire.

Je dois enfin signaler qu'à pareille époque, l'an dernier, et toujours au même lieu, un clapier fut dévasté, ainsi qu’un poulailler, et, à quelques jours de distance, une oie fut emportée et retrouvée égorgée ; des dindes avaient subi le mène sort, l'année précédente. On avait accusé, mais sans preuves, comme auteurs de ces divers meurtres, des renards. Il n'y aurait rien d'étonnant que les délits aient été commis par notre compère Blaireau.

S. du CRAY, Les Courrières-Isle (H.-V.).

Le colvert et les mouettes.

— Chassant la sauvagine le long d'une rivière proche de la mer, je tirai un colvert, qui alla tomber sur la rive opposée. Pas de pont à proximité, pas de chien pour traverser l’eau, ma perplexité était grande quand je vis tournoyer deux mouettes au-dessus de ma victime. Après quelques évolutions, les oiseaux atterrirent tout près de mon canard et lui donnèrent quelques coups de bec. Puis l'une le saisit par la tête, l’autre par les pattes, et, d'un vigoureux coup d'aile, elles l'emportèrent dans les airs à ma très grande stupéfaction !

Vexé de me voir ainsi frustré de mon canard, j'allongeai aux volatiles, déjà hors portée, une volée de plomb, qui eut au moins pour effet de leur donner une belle frousse et de leur faire lâcher leur proie, qui vint tomber — miracle ! — sur la rive où je me tenais. Ce qui me permit ainsi de récupérer mon gibier déjà considéré comme perdu.

R. MOUQUET, abonné.

Empoisonnement des perdreaux par les arséniates.

— La Fédération des Chasseurs des Côtes-du-Nord communique à ce sujet le fait suivant :

En août dernier, il lui fut remis deux perdreaux trouvés morts dans un champ de pommes de terre qui avait été traité contre le doryphore par l’arséniate-de-plomb. Voulant avoir une autre opinion que celle du Service des Vertébrés, Étoile-de-Choisy, route de Saint-Cyr à Versailles, ces-perdreaux furent envoyés par les soins d'un pharmacien membre de la Fédération, et aux fins d'analyse, au Centre de Phytopharmacie, 4, avenue de l'Observatoire, à Paris. Le résultait fut nettement concluant : les perdreaux avaient été intoxiqués par l'arséniate de plomb ... Le procès-verbal de cette analyse a été transmis au Conseil supérieur de la Chasse.

Alors qu'il existe contre le doryphore des produits reconnus absolument inoffensifs pour le gibier, qu'attendent les Pouvoirs publics pour interdire l'emploi de l'arséniate de plomb ? Et maintenant que se répand aussi l’usage du « Corbodor », qui permet d’endormir les perdrix, le braconnier n'aura plus besoin d'attirer l'attention sur lui par un coup de fusil : il les ramassera sans bruit, ce qui présage, à brève échéance, la disparition de ce gibier déjà fort diminué …

Une histoire de queue de renard.

— Le 13 mars 1949, les chasseurs de « La Sauvagine de Varennes-lès-Revers » partaient à l'attaque des fauves, et bientôt une renarde (sexe reconnu par la suite) était blessée d'un coup de fusil et poursuivie jusqu'à son terrier.

La température fraîche incitait à l’ardeur, et aussi la volonté tenace d'aboutir à la capture. Outils en main, nos chasseurs s'acharnaient au déterrage ; le président, armé d’un long crochet, effectuait des sondages. À défaut de la bête, il ramena un pompon de fourrure marron rouge ! Assez médiocre était le résultat, mais très grandes les raisons d'espérer : le fauve n'était pas très loin !

Nouveau sondage : cette fois, la bête est accrochée, mais ne manifeste aucune bonne volonté pour sortir ! il suffirait, pour s'en rendre compte, de suivre les efforts du président : son visage était rouge, et saillantes les veines de son cou, tel Roland à Roncevaux, sans doute. Enfin, le renard fut extrait et occis au couteau. Mais deux assistants, très curieux, vérifièrent l'état de la queue : celle-ci était complète ; pas la moindre trace de mutilation. Alors ?

Alors les déterreurs se remirent à l'œuvre, et un nouveau sondage révélait l'existence d'une deuxième bête, qui subissait bientôt le même sort que la première. Mais nouvelle surprise : son panache, à elle aussi, était intact. Combien de fauves recelait donc le terrier ?

La persévérance est toujours récompensée ; un quatrième sondage permettait enfin la prise d'une belle renarde, comptant pour six, puisqu'elle était prête à mettre bas une portée de cinq renardeaux. Et elle avait perdu le bout de sa queue dans la bagarre !

Cette histoire est authentique ; elle eut son charme et ne dépare point la réputation de ce petit coin de France où on aime le sujet de distraction.

BERGET, abonné, Nevers.

Le départ prématuré des hirondelles.

— Habitant Cannes, je m'étais bien aperçu du départ hâtif des hirondelles, mais je n'avais pu noter la date exacte du départ, que donne M. Barthélémy dans le Chasseur Français de février. Votre correspondant s'étonne parce que, lors du départ, le temps était beau, très chaud, et qu'il s'est maintenu tel jusqu'à la fin de l'année.

Or c'est précisément pour cela que les hirondelles sont parties, car ce n'est pas le beau temps qui les maintient l'été dans nos régions, mais l'abondance de papillons, mouches ou autres insectes volants, dont elles font exclusivement leur nourriture.

La trop grande chaleur tue ces insectes, et l'élevage des couvées, en mai 1949, fut une dure corvée pour les hirondelles. Les journaux ont même annoncé que plus haut, vers le nord, des hirondelles avaient été trouvées mortes de faim, leur gésier étant absolument vide.

C'est pour parer à semblable catastrophe qu'elles ont évacué la région azuréenne en août dernier, pour se rendre dans des lieux plus favorables parce que mieux fournis d'insectes.

Notre hiver, d'une exceptionnelle douceur, les a, par contre, moins gênées, puisque la Société scientifique de Cannes et de l'arrondissement de Grasse, en excursion, a constaté officiellement leur présence dans l'Estérel à la date du 15 janvier 1950. Si elles y étaient, c'est qu'elles y trouvaient suffisamment de nourriture.

Même au cours d'un été plus favorable, elles disparaissent souvent pendant une ou deux décades, lorsqu'il se trouve non loin des lieux de leur fréquentation habituelle des travaux qui font sortir les insectes de leurs cachettes diurnes : fauchage des foins, moisson, abattage de bois ou incendies, et même vendanges,

En un mot, ce n'est pas le temps qui conditionne le séjour des hirondelles en un lieu donné, mais la présence ou l'absence des proies uniquement volantes qu'elles peuvent y rencontrer.

Capitaine P. GAUDICHE, Cannes.

Taxes sur les chasses gardées.

— M. Bernard Paumier demande à M. le ministre de l'Agriculture quels sont les impôts perçus sur les chasses gardées, quel en est le taux et en vertu de quel texte s'appliquent ces impôts. (Question du 19 janvier 1950.)

RÉPONSE. — La taxe sur les chasses gardées a été instituée par la loi du 13 août 1926 (décret d'application du 11 décembre 1926, modifié par le décret du 30 décembre 1934). Aux termes de l'article 49 de la loi des finances du 30 décembre 1928 (art 334 du code général des impôts directs et taxes assimilées du 27 décembre 1934, la taxe communale sur les chasses gardées est établie au nom du détenteur du droit de chasse. Le taux de cette taxe était fixé à 3 p. 100 du prix de location, avec maximum de 3 francs et minimum de 1 franc par hectare. L'ordonnance n°45-2674, du 2 novembre 1945, a porté, dans son article 5, les taux maximum et minimum de la taxe sur les chasses gardées respectivement à 15 francs et à 5 francs par hectare. Lorsque la chasse gardée n'est pas louée, la taxe est basés sur la valeur locative moyenne des chasses de la région, laquelle est déterminée par une commission composée du préfet, président, des directeurs des contributions directes et de l'enregistrement, de deux maires désignés par le préfet et de deux représentants des associations de chasseurs.

(Journal officiel du 17 février l950.)

Panneaux « Chasse gardée ».

— M. Bernard Paumier demande à M. le ministre de l'Agriculture si les propriétaires ou les locataires de chasses gardées sont tenus de poser des pancartes annonçant « chasse gardée » ou « réservée » et, dans l’affirmative, en vertu de quels textes s'appliquent ces dispositions. (Question du 19 Janvier 1950.)

RÉPONSE. — Seules, légalement, doivent être signalées sur le terrain les réserves approuvées par M. le Ministre de l'Agriculture (art. 4 de l’arrêté ministériel du 31 août 1934). Les propriétaires ou détenteurs du droit de chasse sur les chasses gardées ne sont pas tenus par la loi de poser des pancartes pour empêcher les chasseurs de chasser sur leurs terres.

Ordinairement, les propriétaires, ou détenteurs du droit de chasse font connaître, par l'insertion dans les journaux et par déclaration à leur marrie, qu'ils n'autorisent pas la chasse sur leurs terrains. Cette publicité est suffisante pour que les chasseurs ne l’ignorent pas. Dans certaines régions, l'habitude a été prise d'indiquer, de façon apparente, que la chasse est gardée ou réservée.

(Journal officiel du 17 février l950.)

Le Chasseur Français N°642 Août 1950 Page 463