Accueil  > Années 1950  > N°642 Août 1950  > Page 483 Tous droits réservés

Les laitues d'hiver

On désigne sous ce nom des variétés qui peuvent, moyennant quelques précautions, supporter nos hivers ordinaires.

Parmi celles-ci, nous nous devons de signaler, comme particulièrement intéressantes :

La laitue de Nansen, feuillage d'un vert pâle, pomme moyenne, serrée, très tendre, résiste bien au froid. Variété hâtive.

La Passion à graines blanches, feuilles à bords largement plissés. Pomme moyenne. La laitue Passion est considérée comme particulièrement rustique. Un peu moins précoce que la précédente.

La laitue de Trémont, feuillage large, moucheté de petites taches brunes. Pomme grosse, légèrement conique. Cette variété très rustique a, par ses aptitudes culturales, énormément de ressemblance avec la laitue Passion, dont elle ne diffère que par le volume de sa pomme, qui lui est supérieur. Précocité moyenne.

La laitue grosse blonde d'hiver, feuilles légèrement gaufrées, très étalées, d'un vert presque blanc. Pomme très grosse, arrondie. Cette variété convient très bien pour la culture d'hiver en toutes régions. Rustique et très productive. Relativement tardive.

En ce qui concerne les romaines d'hiver, les plus répandues en culture sont :

La romaine verte d'hiver, feuilles lisses d'un vert foncé. Plante compacte. Pomme se formant généralement très bien d'elle-même, de grosseur moyenne. Variété ancienne, mais toujours recommandable ; peu sensible au froid. Plus tardive que les laitues.

Romaine verte de Provence, feuillage d'un vert foncé, dressé, cloqué et denté. Variété vigoureuse. Convient surtout pour les régions méridionales.

Romaine rouge de Vendée, feuillage roux, pomme haute et ferme. Très rustique, résiste bien à la chaleur et au froid, ce qui permet de la cultiver l'été ou l'hiver.

En effectuant simultanément un semis de laitue Nansen, de Trémont, grosse blonde d'hiver et romaine verte d'hiver, variétés qui diffèrent comme précocité, on peut obtenir une production s'échelonnant au minimum pendant deux mois. Par contre, en n'utilisant qu'une seule de ces variétés, la production n'excède guère plus de trois à quatre semaines.

Les laitues d'hiver se sèment d'août à septembre ; quinze jours à trois semaines après le semis, on repique les plantes en pépinière à 7 ou 8 centimètres d'écartement ; lorsque les jeunes plantes ont de cinq à six feuilles, on les replante en place, à une exposition chaude, de préférence au pied d'un mur exposé au midi et dans une terre saine.

On plante à 0m,30 d'écartement en tous sens, au fond de sillons profonds de 5 à 6 centimètres.

En vue de remplacement à faire au début du printemps, il sera toujours prudent de réserver un certain nombre de plants en pépinière. Pendant les grands froids, il y aura lieu de protéger les plantes au moyen d'une litière faite de paille longue, litière que l'on aura soin d'enlever chaque fois que la température le permettra.

Les laitues d'hiver ne craignent pas la neige, et souvent même on voit des variétés peu rustiques passer d'autant mieux l'hiver que la couche de neige qui les recouvre est plus épaisse. Par contre, les alternatives de gels et de dégels leur sont funestes.

Dès la fin février, la végétation des plantes reprend une certaine activité ; il est nécessaire alors de donner à la culture un bon binage pour rompre la croûte formée à la surface du sol, et on répand, au pied de chaque laitue, ou, ce qui est préférable, sur toute la surface de la planche, une couche de terreau de fumier de 2 à 3 centimètres d'épaisseur pour activer la végétation et éviter que les pluies ne battent le sol. À défaut de terreau, et avant d'opérer le binage, un épandage de nitrate de soude, fait à raison de 15 à 20 grammes au mètre carré, produit un bon effet.

Parmi les insectes s'attaquant aux cultures faites durant cette période, on n'a guère à redouter que le ver gris, larve de la noctuelle des moissons, qui se combat en saupoudrant le sol, avant le repiquage, avec du soufre, de la suie ou de la chaux éteinte. Cette larve est surtout à craindre, dans le présent cas, en août-septembre.

Les limaces et les escargots sont très friands des feuilles de la laitue ; on peut protéger les plantes contre ces déprédateurs en entourant les planches d'un cordon de sulfate de fer neige ou, mieux encore, en saupoudrant la surface plantée avec un mélange de son et de métaldéhyde. En cas de pénurie de son, on remplace ce support par de la sciure de bois tendre, non résineux.

Les maladies qui s'attaquent habituellement aux laitues ne sont généralement pas ici à redouter, les conditions climatériques ne convenant que rarement à l'évolution des cryptogames.

A. GOUMY,

Ingénieur horticole.

Le Chasseur Français N°642 Août 1950 Page 483