On désigne sous ce nom des variétés qui peuvent, moyennant
quelques précautions, supporter nos hivers ordinaires.
Parmi celles-ci, nous nous devons de signaler, comme
particulièrement intéressantes :
La laitue de Nansen, feuillage d'un vert pâle,
pomme moyenne, serrée, très tendre, résiste bien au froid. Variété hâtive.
La Passion à graines blanches, feuilles à bords
largement plissés. Pomme moyenne. La laitue Passion est considérée comme
particulièrement rustique. Un peu moins précoce que la précédente.
La laitue de Trémont, feuillage large, moucheté de
petites taches brunes. Pomme grosse, légèrement conique. Cette variété très
rustique a, par ses aptitudes culturales, énormément de ressemblance avec la
laitue Passion, dont elle ne diffère que par le volume de sa pomme, qui lui est
supérieur. Précocité moyenne.
La laitue grosse blonde d'hiver, feuilles légèrement
gaufrées, très étalées, d'un vert presque blanc. Pomme très grosse, arrondie.
Cette variété convient très bien pour la culture d'hiver en toutes régions.
Rustique et très productive. Relativement tardive.
En ce qui concerne les romaines d'hiver, les plus répandues
en culture sont :
La romaine verte d'hiver, feuilles lisses d'un vert
foncé. Plante compacte. Pomme se formant généralement très bien d'elle-même, de
grosseur moyenne. Variété ancienne, mais toujours recommandable ; peu
sensible au froid. Plus tardive que les laitues.
Romaine verte de Provence, feuillage d'un vert foncé,
dressé, cloqué et denté. Variété vigoureuse. Convient surtout pour les régions
méridionales.
Romaine rouge de Vendée, feuillage roux, pomme haute
et ferme. Très rustique, résiste bien à la chaleur et au froid, ce qui permet
de la cultiver l'été ou l'hiver.
En effectuant simultanément un semis de laitue Nansen,
de Trémont, grosse blonde d'hiver et romaine verte d'hiver,
variétés qui diffèrent comme précocité, on peut obtenir une production
s'échelonnant au minimum pendant deux mois. Par contre, en n'utilisant qu'une
seule de ces variétés, la production n'excède guère plus de trois à quatre
semaines.
Les laitues d'hiver se sèment d'août à septembre ; quinze
jours à trois semaines après le semis, on repique les plantes en pépinière à 7
ou 8 centimètres d'écartement ; lorsque les jeunes plantes ont de cinq à
six feuilles, on les replante en place, à une exposition chaude, de préférence
au pied d'un mur exposé au midi et dans une terre saine.
On plante à 0m,30 d'écartement en tous sens, au
fond de sillons profonds de 5 à 6 centimètres.
En vue de remplacement à faire au début du printemps, il
sera toujours prudent de réserver un certain nombre de plants en pépinière.
Pendant les grands froids, il y aura lieu de protéger les plantes au moyen
d'une litière faite de paille longue, litière que l'on aura soin d'enlever
chaque fois que la température le permettra.
Les laitues d'hiver ne craignent pas la neige, et souvent
même on voit des variétés peu rustiques passer d'autant mieux l'hiver que la
couche de neige qui les recouvre est plus épaisse. Par contre, les alternatives
de gels et de dégels leur sont funestes.
Dès la fin février, la végétation des plantes reprend une
certaine activité ; il est nécessaire alors de donner à la culture un bon
binage pour rompre la croûte formée à la surface du sol, et on répand, au pied
de chaque laitue, ou, ce qui est préférable, sur toute la surface de la
planche, une couche de terreau de fumier de 2 à 3 centimètres d'épaisseur pour
activer la végétation et éviter que les pluies ne battent le sol. À défaut de
terreau, et avant d'opérer le binage, un épandage de nitrate de soude, fait à
raison de 15 à 20 grammes au mètre carré, produit un bon effet.
Parmi les insectes s'attaquant aux cultures faites durant
cette période, on n'a guère à redouter que le ver gris, larve de la
noctuelle des moissons, qui se combat en saupoudrant le sol, avant le
repiquage, avec du soufre, de la suie ou de la chaux éteinte. Cette larve est
surtout à craindre, dans le présent cas, en août-septembre.
Les limaces et les escargots sont très friands des feuilles de
la laitue ; on peut protéger les plantes contre ces déprédateurs en
entourant les planches d'un cordon de sulfate de fer neige ou, mieux encore, en
saupoudrant la surface plantée avec un mélange de son et de métaldéhyde.
En cas de pénurie de son, on remplace ce support par de la sciure de bois
tendre, non résineux.
Les maladies qui s'attaquent habituellement aux laitues ne
sont généralement pas ici à redouter, les conditions climatériques ne convenant
que rarement à l'évolution des cryptogames.
A. GOUMY,
Ingénieur horticole.
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