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Quelques bonnes poires d'automne

Dans une précédente causerie, nous avons fait connaître à nos lecteurs les meilleures variétés de poiriers, dont le fruit est bon à consommer en été, de juillet à mi-septembre.

Pour un certain nombre d'autres variétés, la maturité des fruits va de mi-septembre à décembre. On comprend ces fruits sous la dénomination générale de poires d'automne.

Comme celles d'été, mais à un moindre degré cependant, quelques variétés d'automne arrivent à maturité à un moment où la lumière est encore vive et la température relativement élevée. La transformation des acides en sucres, qui précède la maturité, s'opère donc assez rapidement et, si l'on n'y prend garde, elle est complète en quelques jours, au delà desquels le fruit blettit. Il perd ainsi la plus grande partie de ses qualités et devient intransportable.

On évite cet inconvénient en récoltant les fruits d'automne au moins huit à dix jours avant complète maturité. On les place en fruitier, où la température est plus basse et la lumière moins vive. Ils y mûrissent doucement, ce qui permet de prolonger quelque peu la période pendant laquelle on peut les consommer, et ils acquièrent ainsi une qualité très supérieure.

Les fruits d'automne dont la maturité s'accomplit en novembre et décembre se récoltent vers le 15 octobre, et on les entrepose au fruitier jusqu'au moment où ils sont bons à manger.

Nombreuses sont les variétés de poires d'automne. Quelques-unes se recommandent plus particulièrement par un certain nombre de qualités, et c'est précisément sur celles-ci que nous voulons attirer l'attention de nos lecteurs.

Beurré Hardy est l'une des premières. Elle mûrit en fin septembre, début d'octobre. C'est une assez grosse poire, à contour bien régulier, à peau bronzée, qui devient d'un beau fauve roussâtre à maturité. Sa chair, un peu verdâtre, est fine, juteuse, fondante, très sucrée, un peu acidulée, de qualité très bonne et très régulière.

L'arbre est vigoureux ; un peu lent à se mettre à fruit, il rapporte ensuite presque tous les ans.

Il est le plus souvent cultivé en formes taillées, greffé sur cognassier ; mais on en fait aussi de beaux arbres de plein vent.

Il est un peu sensible à la tavelure dans certaines régions, et il est nécessaire de lui appliquer des traitements préventifs contre cette maladie.

La poire ne se conserve pas longtemps. Mais il est possible, si l'on en a en excès, d'en préparer d'excellentes confitures sans beaucoup de sucre, car elle est elle-même très sucrée.

Louise-Bonne d'Avranches mûrit presque en même temps que Beurré Hardy, mais se conserve un peu plus et blettit rarement.

C'est un fruit moyen, à peau lisse et brillante, vert jaunâtre, avec de nombreux points gris auréolés de rouge violacé, abondamment carminée du côté du soleil. Sa chair est fine, fondante et sucrée, très parfumée et très juteuse. Il est fort estimé sur tous les marchés.

L'arbre lui-même a une bonne vigueur et produit beaucoup, parfois même trop. Son seul inconvénient, depuis quelques années surtout, est son manque de résistance à la tavelure, qui oblige à le traiter régulièrement contre cette maladie.

Mais on peut le cultiver sous toutes les formes : contre-espalier, fuseau et même haute tige. Il se prête docilement aux unes et aux autres.

Sucrée de Montluçon est une poire de commerce mûrissant en octobre-novembre et fort appréciée dans le centre de la France.

C'est un fruit moyen, bien coloré, à chair juteuse et parfumée, très beau et de très bonne qualité.

L'arbre est de vigueur moyenne et de grande fertilité. Il réussit fort bien en formes taillées.

Doyenné du Comice mûrit aussi en octobre-novembre ; c'est une belle poire, un peu allongée, à peau fine et délicate, vert clair, devenant jaune-paille à maturité, avec du rouge-carmin du côté du soleil.

La finesse de sa chair, sucrée et agréablement parfumée, la régularité de sa qualité, font considérer ce fruit comme l'un des meilleurs, sinon comme le meilleur. Aussi est-il fort recherché par le commerce et, lorsqu'il est tout à fait sain, atteint-il des prix élevés.

L'arbre est très vigoureux, se forme admirablement en fuseau et en pyramide, mais n'est pas très prodigue de fruits, surtout dans le jeune âge. Les fleurs, en effet, sont peu abondantes et la fécondation se fait souvent mal. De plus, le fruit est fragile et, pour le transporter loin, il faut l'emballer avec beaucoup de soin.

Épine du Mas (ou Duc de Bordeaux) est encore mûr en octobre-novembre. Cette variété s'oppose à la précédente, d'abord par sa très grande fertilité, ensuite par la taille moyenne de son fruit, qui en fait une variété de commerce appréciée à juste titre et surnommée la « poire du restaurant moyen ».

La peau en est un peu épaisse, lisse, jaune-citron, frappée de rose à l'insolation. La chair est blanche, mi-fine, fondante, très juteuse, sucrée, relevée d'un parfum agréable ; la qualité est bonne.

Duchesse d'Angoulême mûrit de fin octobre à mi-décembre. C'est un fruit très populaire, souvent très gros, en forme de tronc de cône, à surface bosselée.

Sa peau est vert clair, avec des points et des taches fauves. Sa chair est jaunâtre, grossière, souvent granuleuse, mais bien sucrée et parfumée, de très bonne qualité.

L'arbre est de bonne vigueur moyenne et pèche plutôt par excès de fertilité, ce qui oblige à le tailler court. Il est cependant sensible à la tavelure dans certaines régions.

C'est, en somme, un excellent fruit de commerce que l'on trouve dans tous les jardins.

Beurré Diel, encore appelé Beurré Royal ou Beurré magnifique, mûrit ordinairement en novembre-décembre.

Le fruit est gros, en forme de toupie, régulier. Sa peau, assez épaisse, est d'un vert brunâtre, avec de nombreux points bruns, et devient jaune fauve à maturité complète. La chair n'est pas fine, elle est même granuleuse, mais elle est assez fondante et acidulée, de bonne ou de très bonne qualité.

L'arbre, vigoureux, donne beaucoup lorsqu'il est adulte. On le cultive assez souvent en haute tige au verger, où il convient bien s'il est régulièrement traité.

À cause de son port retombant, il ne convient pas bien pour faire des fuseaux ou des pyramides et, lorsqu'on veut le cultiver en formes taillées, il vaut mieux le mettre en contre-espalier.

Malheureusement, en sol humide, il est fort sensible à la tavelure. C'est, d'autre part, surtout un fruit à vendre au poids.

Beurré Clairgeau mûrit ordinairement en décembre.

C'est un fruit long, souvent arqué au voisinage de la queue, à peau d'abord verte, puis devenant, à maturité, d'un beau jaune d'or, avec du rouge vif du côté du soleil.

Sa chair est assez fine, fondante, assez juteuse.

Cette poire n'a pas la même qualité partout, mais, en terrain sain, elle est souvent très bonne. Elle est, de plus, grosse et très belle, par suite appréciée, par le commerce, pour l'exportation.

L'arbre est peu vigoureux, mais il donne beaucoup de fruits. Il ne faut d'ailleurs pas en abuser, sous peine de l’épuiser promptement. Dans le Sud-Ouest de la France, qui paraît lui convenir mieux que toute autre région, c'est une excellente variété, mais, si l'on veut la greffer sur cognassier pour en avoir de très beaux fruits, il ne faut lui donner que de petites formes.

E. DELPLACE.

Le Chasseur Français N°642 Août 1950 Page 485