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Élevage

La race bovine Normande

Historique.

— La vache normande n'a pas toujours été l'admirable laitière qu'elle est aujourd'hui, possédant au plus haut point les aptitudes mixtes qui la mettent au premier rang des races françaises actuellement existantes, sous le rapport de l'abondance et de la qualité de son lait. On sait combien il est apprécié, qu'il soit consommé en nature ou transformé en beurre d'Isigny ou en fromage de Camembert.

Si on tient compte que la race normande a une propension marquée pour la production d'une viande de premier choix et d'un rendement élevé en net, du fait de la finesse de son squelette, et que, d'autre part, elle est extrêmement rustique, capable de s'adapter parfaitement au dépaysement, sans souffrir, comme tant d'autres, du changement de climat et de nourriture, on comprend l'intérêt qu'auraient les éleveurs à la substituer aux races osseuses et médiocres laitières qui peuplent encore en France plus de la moitié des vacheries.

Les bovins qui paissaient autrefois les gras pâturages de la Normandie étaient grossièrement charpentés, et c'est seulement au début du siècle dernier qu'ils se sont affinés, par le croisement avec le Durham, importé d'Angleterre.

Mais si le sang anglais améliorait les formes, en réduisant la charpente, on dut constater qu'il influait défavorablement sur la lactation et aussi sur la rusticité du bétail indigène. On s'aperçut à temps qu'il ne fallait pas pousser plus avant le croisement, mais pratiquer davantage la sélection.

Grâce à la clémence du climat, à l'humidité ambiante du voisinage de la mer et à la richesse des pâturages, la Normandie possède aujourd'hui une race bovine que le monde entier nous envie, et qui gagne de jour en jour du terrain en débordant sur les départements voisins, plus particulièrement ceux de l'Est et du Centre, où le bétail laitier laisse plutôt à désirer.

Sans doute, on rencontre, parmi les races nordiques, la hollandaise et la flamande, des laitières remarquables ; mais si on les change d'habitat, par exemple si on les transporte à l'intérieur des terres, là où les herbages sont moins plantureux que dans leur pays d'origine, on voit leur rendement tomber peu à peu au niveau de celui des vaches indigènes, et les résultats obtenus sont plutôt décevants.

Le standard de la normande.

— La véritable race normande est représentée officiellement par le type cotentin, et c'est surtout à lui que s'intéressent les milliers d'éleveurs groupés au Herd-Book normand, le mouvement sélectif le mieux conçu, dans le genre de ceux en honneur au Danemark et en Hollande.

Par la tenue à jour de ses livres généalogiques, ses concours laitiers-beurriers et l'application stricte du standard pour la fixation des caractères raciques, l'amélioration de la normande a été poursuivie pour la création d'une lignée, aux aptitudes conjuguées, pour la production intensive du lait, du beurre, des fromages et de la viande. Il en résulte qu'aujourd'hui la race normande est tout indiquée pour améliorer les bovins français actuellement existants et même se substituer à eux.

Au point de vue zoologique, les caractères de la race normande ont été standardisés de la façon suivante :

Tête.

— Fine, expressive, à profil concave, portant des cornes fines, blanches ou jaunes, à section arrondie, recourbées en avant. Le front est large, légèrement déprimé, les yeux gros et saillants, les sous-naseaux droits et soudés en voûte plein cintre. Le mufle est gros et retroussé, la face légèrement déprimée sur les côtés.

Corps.

— Pourvu d'une ample poitrine, avec des hanches et un garrot larges, une culotte bien fournie et des fesses assez descendues. La gorge, bien dégagée, ne porte pas de fanon. La peau est souple et moelleuse ; les mamelles, très développées, sont couvertes d'une peau fine, onctueuse, et les veines mammaires sont apparentes et sinueuses. Dans son ensemble, le corps présente un cachet de perfection.

Robe.

— Caractérisée par des rayures ou zébrures brun foncé (pelage bringé), allant du bringé au caillé blond. Suivant la nuance de fond et le dosage de blanc, on a adopté les désignations : bringé foncé, bringé blond, caillé blond et caillé bringé. Certains sujets, dont le fond du pelage est blanc, sont tachetés de tigrures et de mouchetures, mais la tête, le ventre et les extrémités sont généralement marqués de blanc. Les animaux qui présentent une tête par trop blanche sont dépréciés ; on recherche avant tout une bordure foncée autour des yeux (lunettes), de la bouche et des oreilles.

Caractères zootechniques.

— L'inscription au Herd-Book n'est accordée que pour les sujets ayant obtenu 65 p. 100 au moins des points attribués aux reproducteurs normands, présentés et jugés d'après la table de pointage.

Mais c'est le contrôle laitier qui est l'instrument le plus important de l'amélioration de la race, la sélection étant poursuivie conjointement du côté du rendement en lait, et en beurre, calculés en kilogrammes, schématisés pour les sujets remarquables par des courbes de production, ce qui permet de déterminer les moyennes de rendement obtenues pendant les dix mois de lactation, lesquelles ont souvent dépassé 20 kilogrammes pour le lait et 1 kilogramme pour le beurre. En résumé, l'amélioration zoologique et zootechnique porte à la fois sur la pureté de la race, la perfection des formes, les rendements quantitatifs en lait, en beurre, en fromage, ainsi que sur la précocité.

La méthode Hoyberg est celle généralement suivie pour le dosage de la matière grasse par le Syndicat d'élevage de la région d'Évreux.

C. ARNOULD.

Le Chasseur Français N°642 Août 1950 Page 490