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Causerie médicale

Furoncles, anthrax

Dû à l'inflammation d'un follicule pileux par le staphylocoque pyogène, le furoncle est assez connu pour avoir besoin d'une définition. Qui ne connaît cette petite tumeur conique, dure et douloureuse, surtout si le furoncle siège aux narines, au conduit auditif ou encore à la lèvre, qui présentera à son sommet une petite vésicule centrée par un poil ? Laissé à lui-même, le furoncle suppurera, et le follicule, mortifié par le microbe, s'éliminera ; on lui donne le nom de bourbillon.

L'inflammation est causée, en général, par un petit traumatisme, une piqûre, un grattage, l'irritation d'une lame de rasoir, des frottements répétés, par un faux col dur, par le contact d'une selle dure chez les jeunes cavaliers. Une fois inoculés, les staphylocoques augmentent de virulence et ont tendance à se disséminer, soit au voisinage — et l'enflammation de plusieurs follicules contigus prend le nom d'anthrax. — soit à distance, en des endroits plus ou moins éloignés du furoncle initial — et l'on parle alors de furonculose.

Cette dissémination éveille toujours l'idée d'une déficience de l'organisme, d'une faiblesse générale au cours d'une convalescence ; celle de la fièvre typhoïde surtout, ou d'une affection comme le diabète, auquel il faut toujours penser. En ce dernier cas, on trouvera souvent de la glycosurie (présence de sucre dans l'urine), mais, dans les cas où manquent les signes habituels du diabète, on pourra trouver un taux de glucose exagéré dans le sang (plus de 1 gramme par litre).

Ces considérations nous montrent que le traitement devra toujours être local et général ; l'un comme l'autre a beaucoup évolué. On a eu parfois tendance à recourir à la chirurgie et l'on a pratiqué des incisions simples ou cruciales, souvent suivies d'expression dans l'espoir d'extraire le bourbillon, interventions douloureuses qui non seulement n'abrègent pas la durée de l'évolution, mais exposent à une dangereuse dissémination des microbes qui a été suivie de désastres. Il faut, en effet, se souvenir que « le furoncle n'aime pas à être maltraité » — le malade pas davantage !

Toujours avec l’espoir de faire avorter la lésion, on a préconisé des injections d'un antiseptique (iode, glycérine phéniquée, mercurochrome) dans la tumeur.

Espérant soulager le malade, on a conseillé — et l'on entend encore souvent le conseiller — d'appliquer un cataplasme, ce qui a le gros inconvénient de favoriser l’éclosion de nombreux furoncles ; un pansement humide, imbibé d'un antiseptique, ne donne pas de meilleurs résultats, à moins que l'on ait pris la précaution, après savonnage et nettoyage de la peau environnante avec alcool et éther, de l'enduire d'une couche de pâte non irritante, comme la simple pâte à l'oxyde de zinc.

On se sert maintenant de pansement sans imperméable, imbibés de bouillons-vaccins ou d'une solution d'un des antibiotiques dont il sera parlé ci-dessous, qui ont l'avantage de ne pas être irritants. On use aussi des antibiotiques (pénicilline, aspergilline, tyrothricine) sous forme de pommades qui se trouvent aujourd'hui en pharmacie.

Tous les traitements locaux doivent être associés à un traitement général. Il consistera très souvent dans la prescription d'un régime, parfois « fortifiant », dans lequel on aura presque toujours avantage à interdire le sucre et les sucreries, le pain, les pâtes et pâtisseries, les légumes farineux, à l’exception d'une petite quantité de pommes de terre.

La vaccinothérapie, à l'aide de stock ou d'autos-vaccins d'anatoxine antistaphylococcique, n'a généralement pas donné les mêmes résultats que dans d'autres affections de même origine ; l'emploi du bactériophage antistaphylococcique aurait eu de meilleurs effets.

Certains médicaments, qu'on pourrait qualifier d'antibiotiques médicamenteux, ont été employés, avec succès ; ce sont : la levure de bière (ou la lévurine extractive), les ferments lactiques, le soufre colloïdal et surtout l'étain ou l'oxyde d'étain, tous médicaments qu'on peut donner isolés, mais mieux vaut les associer, comme on les trouve sous forme de pilules.

Le traitement d'attaque consiste dans l'emploi d'antibiotiques comme la pénicilline, l'aspergilline, la tyrothricine injectées à doses élevées, en injections intramusculaires, suivies parfois d'injections par voie buccale, le traitement devant être toujours prolongé.

Dr A. GOTTSCHALK.

Le Chasseur Français N°642 Août 1950 Page 498