Accueil  > Années 1950  > N°643 Septembre 1950  > Page 520 Tous droits réservés

Le concours de trophées de chasse de Madrid

Pour rares qu'ils soient dans le monde de la chasse, les Concours et Exposition de trophées correspondent à des fins éminemment utiles.

S'ils constituent une émulation non négligeable entre chasseurs, s'ils sont pour les chercheurs et pour les savants une source précieuse de documentation, ils constituent aussi une appréciation remarquable et concrète des possibilités immenses de la cynégétique à l'endroit des grands animaux. Mais ils ont surtout le grand mérite de montrer à tous les chasseurs à tir, jeunes ou chevronnés, modestes ou auréolés de gloire, que, dès que l'on s'adresse au grand gibier ou au gibier de montagne, ce n'est pas le nombre qu'il faut rechercher, mais la qualité.

En cela surtout, l'enseignement des Expositions, qui sont destinées au grand public, est particulièrement utile. C'est cela que l'Espagne, qui, à l'heure actuelle, fait pour l'Organisation nationale de la chasse des efforts tout à fait méritoires, a fort bien compris.

L'Exposition de trophées qui a eu lieu à Madrid, en mai 1950, a remporté un succès total.

Installée dans deux salles du Palais de l'Art moderne, salles lumineuses à souhait et aménagées avec un goût parfait, cette Exposition a su mettre en valeur les plus beaux exemplaires du grand gibier espagnol.

Répartis par espèces et par grandes régions naturelles, ce ne sont pas moins de quatre cent quatre-vingts trophées, tous de grande classe, qui figuraient ainsi au Musée de l'Art moderne. Leur classement, qui s'inspirait de la méthode internationale, avait fait l'objet de calculs minutieux.

Les cerfs, représentés par plus de deux cents massacres, provenant des montagnes de Tolède, du Pardo et de l'Estramadure, étaient d'une classe tout à fait remarquable, qui a fort étonné les visiteurs étrangers ; merrains splendides tant par leur grosseur que par leur coloration avec, chez les vieux cerfs, des chandeliers de dimensions tout à fait exceptionnelles.

Les chevreuils (provenant surtout des forêts de la région de Tolède) étaient en nombre non négligeable.

Les isards venaient ensuite en nombre imposant et provenant tous des Pyrénées espagnoles.

Quelques belles têtes de sangliers, ainsi que des têtes de loups et de lynx, animaux encore abondants dans l'Espagne du Sud, complétaient cette magnifique collection.

Mais ce qui a incontestablement le plus surpris les visiteurs étrangers, c'est la présentation des trophées de bouquetins.

Le bouquetin espagnol (Capra ibex pyrenaiaca), quelque peu différent par ses cornes, beaucoup plus écartées, de nos bouquetins alpins, est abondant dans les montagnes centrales et méridionales. Des essais sont actuellement effectués par l'Administration forestière espagnole en vue de l'acclimatation de cette espèce dans les massifs montagneux septentrionaux, et plus particulièrement dans ceux de la région de Santander.

Toutes les têtes ou les massacres de ces animaux provenaient de la Sierra de Gredos ; ils étaient tous d'une qualité exceptionnelle. Il faut préciser que Gredos, qui a été instituée en réserve nationale en 1932, est bien l'une des plus belles réserves de chasse du monde. Tout a été mis en œuvre pour que le gibier de montagne y trouve les conditions adéquates à son développement naturel.

La réussite a été consacrée par un développement important du cheptel, qui permet chaque année le tir de nombreux bouquetins pour le meilleur aménagement du troupeau.

Nous ne pouvons qu'ajouter que le Comité de l'Exposition des Trophées de chasse avait invité gracieusement à l'inauguration de cette manifestation, comme à celles qui l'ont suivie, un certain nombre de délégations étrangères. Il avait été réservé à la France une place de choix parmi ces délégations.

F. VIDRON.

Le Chasseur Français N°643 Septembre 1950 Page 520