Repiquage des œilletons.
— Bien que l'artichaut soit un légume vivace, il se
comporte plutôt mal pendant l'hivernage. Sous les climats froids, il risque
d'être détruit par les gelées ; en année humide, il est exposé à pourrir,
et les rongeurs (mulots et campagnols) le font souvent périr en dévorant les
racines dont ils sont friands.
Il peut arriver que, même en buttant vos artichauts avec de
la terre extraite de fossés latéraux, évacuant les eaux pluviales, votre
plantation soit entièrement détruite au printemps. Pour éviter cette
déconvenue, il est prudent de faire enraciner des œilletons à l'arrière-saison,
l'œilletonnage de printemps ne donnant pas de bons résultats au point de vue
fructification.
Dans ce but, courant septembre, prélevez sur les vieilles
touffes des œilletons courts et râblés, munis de quelques radicelles, que vous
soumettez à un habillage sérieux, en retranchant les plus grandes feuilles et
en rafraîchissant le collet par une coupe nette à la serpette.
Mettez ces œilletons dans des pots, sans les enfoncer de
plus de 3 à 4 centimètres, puis placez-les à un endroit ombragé, où vous les
arrosez à plusieurs reprises au goulot, sans mouiller les feuilles, afin
d'activer la reprise. À l'approche des grands froids, en novembre, rangez vos
pots touche à touche dans une couche, en les recouvrant d'un châssis vitré, ou
à défaut de cloches. S'il survient de fortes gelées, il est prudent de jeter
par-dessus des paillassons ou de la litière.
Les œilletons ainsi traités devront être mis en place en mars-avril,
lorsque les gelées printanières ne seront plus à craindre ; ils serviront
à reconstituer la plantation, qui doit être défrichée après la récolte de la
troisième année, c'est-à-dire par tiers. Ce faisant, en admettant que
l'artichautière n'ait pas eu à souffrir des intempéries, vous récolterez des
artichauts sur la totalité de la parcelle.
Cultures de pleine terre.
— Il peut arriver que, en raison d'une sécheresse
prolongée, dans le mois d'août, ou pour toute autre cause, vos semis d'épinards,
de mâche et d'autres légumes n'aient pas réussi. Vous pouvez les recommencer au
début de septembre, mais il ne faut pas les retarder plus longtemps.
Semez des haricots de variétés précoces, tels
l'incomparable, le noir de Belgique, etc., en ayant soin d'arroser copieusement
le fond des rayons pour hâter la levée, et mouillez à fond le terrain jusqu'à
la floraison, s'il ne pleut pas. Dans le cas où les gelées précoces seraient à
craindre, garantissez la plantation en la recouvrant de châssis, de toiles ou
de vieux paillassons reposant sur des liteaux fixés sur des piquets dépassant
le niveau du sol de 40 centimètres.
Comme navets, semez de préférence les plats de Paris ou les
blancs durs d'hiver, en ayant soin d'effectuer la culture en terre très fertile,
ou en côtière terreautée bien exposée. En septembre, les altises n'ont plus la
même voracité qu'en août, et il suffit de quelques arrosages judicieux pour
être à peu près certain de récolter des navets tendres et savoureux.
Si votre semis d'épinards, effectué vers le 20 août,
vous semble insuffisant, complétez-le par un nouveau semis, les premiers jours
de septembre, les graines n'ayant pas une tendance à « cotir »
pareillement, vous avez plus de chance de réussir la levée. Néanmoins, vous
devrez toujours pailler et arroser le terrain. Semez également une planche de
mâche, assez clair, sur une parcelle destinée à porter des haricots.
Mettez en place, dans un carré ameubli, nettoyé et
copieusement fumé, les fraisiers à gros fruits que vous avez repiqués en pépinière
d'attente en juin-juillet pour les faire enraciner. Ces plants fructifieront
l'année suivante, et ils vous donneront une pleine récolte. Faites de même pour
les oignons blancs dans la deuxième quinzaine de septembre, en raccourcissant
l'extrémité des racines et des feuilles à la longueur de 10 à 12 centimètres.
Adonis LÉGUME.
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