Bisannuel, indigène, soumis de temps immémorial à la culture
et facilement modifiable dans sa saveur et ses caractères extérieurs par le sol
et le climat, le navet présente un grand nombre de variétés souvent peu
dissemblables entre elles. Nous nous limiterons aujourd'hui à signaler
seulement celles qui, semées tardivement, sont susceptibles de fournir des
racines de longue conservation et, par cela même, précieuses pour la
consommation durant la mauvaise saison.
Parmi les plus intéressantes de ce groupe, citons :
Le navet de Meaux, racine assez grosse et surtout
très longue, quelquefois courbée, se conserve bien l'hiver ; c'est un
navet de grande culture et d'excellente qualité.
Le navet de Freneuse, racine petite, allongée,
enterrée, souvent ramifiée, chair ferme, sèche et très sucrée, qualité
supérieure. Ce navet convient tout particulièrement pour les terres maigres
sans grande fraîcheur.
Le navet blanc dur d'hiver, racine conique, chair
ferme et de très bonne qualité, très cultivée en arrière-saison.
Le navet d'hiver de Montesson, variété rustique
pouvant rester en terre une partie de l'hiver ; de très bonne qualité.
En ce qui concerne ses exigences culturales, le navet se
développe d'autant mieux que le climat est doux et humide ; mais sa
culture n'en est pas moins possible en toutes régions, à la condition toutefois
de lui fournir l'eau qui lui est nécessaire. En sol perméable, dans les terres
sèches, faute d'arrosages, le navet donne des produits filandreux à saveur
acre.
Les terres un peu fortes, profondes et fraîches, conviennent
particulièrement bien à la culture de ce légume.
En terrain calcaire, la production est toujours médiocre et
de qualité inférieure.
Comme fumure, on utilise en moyenne à l'are :
Fumier bien décomposé |
150 |
kilogrammes. |
Scories ou superphosphate de chaux |
3 |
== |
Sulfate de potasse ou chlorure de potassium |
1 |
kg,200 |
Cette fumure est incorporée au sol trois semaines environ
avant l'exécution du semis.
Lorsque le fumier fait défaut, il est néanmoins possible
d'obtenir des résultats satisfaisants en répandant à l'are, quinze jours ou
trois semaines à l'avance, les engrais suivants :
Superphosphate de chaux |
5 kilogrammes. |
Sulfate de potasse |
1 kg,500 |
Sulfate d'ammoniaque |
1 kg,500 |
On enfouit par un léger labour ou un fort hersage. Un
épandage de nitrate (0kg,800 à 1 kg. à l'are), fait après l'éclaircissage,
produit toujours un très bon effet.
Les navets d'automne se sème fin août courant de
septembre. Ce sont ceux exécutés dans la première quinzaine de ce dernier mois
qui donnent les meilleurs résultats. On sème à la volée ou en rayons espacés de
15 à 20 centimètres, profonds de 1 à 2 centimètres. La quantité de graines
utilisée est en moyenne de 30 à 40 grammes à l'are. On recouvre au râteau ou à
la herse, puis on plombe le sol à l'aide d'un rouleau, d'une batte ou
simplement avec le dos d'une pelle. Des arrosages légers et répétés fréquemment
favorisent la levée.
Lorsque les jeunes plantes ont de 3 à 4 feuilles, on
éclaircit en laissant entre elles un écartement de 15 à 20 centimètres, suivant
le développement que peut prendre la variété cultivée. De copieux arrosages
sont nécessaires pendant les périodes de sécheresse prolongée, pour éviter le
durcissement des racines ; ils ont encore comme effet de faciliter la
croissance des plantes et de réduire les dégâts occasionnés par l'altise.
Les soins d'entretien se limitent par la suite à quelques
binages et sarclages.
Les navets devant constituer la provision d'hiver sont
arrachés en octobre-novembre. Débarrassés de la terre qui adhère à leur
surface, les racines sont ensuite décolletées, puis rentrées en cave, après les
avoir laissées se ressuyer pendant quelques heures à l'air libre.
On les dispose alors en meules, le collet au dehors, ce qui
permet la suppression facile des bourgeons au fur et à mesure qu'ils
apparaissent et d'éviter ainsi que les racines se creusent.
Le rendement varie entre 250 et 500 kilogrammes à l'are,
suivant la variété et la richesse du sol.
Parmi les ennemis s'attaquant au navet, le plus redoutable
est l'altise ou puce de terre, petit coléoptère bleuâtre qui se
déplace par bonds rapides.
L'altise ronge le limbe des feuilles, ne laissant parfois
que les nervures. Les dégâts sont d'autant plus considérables qu'il fait sec et
chaud. On combat cet insecte par des arrosages fréquents ou, mieux encore, par
des poudrages faits à l'aide de produits roténonés ou à base de D. T. T.
L’anthomyie ou mouche du chou peut, elle
aussi, occasionner d'importants dégâts. Les larves de cette mouche pénètrent,
en effet, dans les racines et les rendent véreuses. On lutte contre l'anthomyie
par des émulsions de D. T. T. à 1 p. 100 appliquées en une seule
fois, quatre à cinq jours après l'éclaircissage, à raison de 5 litres par mètre
carré.
Comme maladie, la hernie du navet, analogue à la
hernie du chou, est particulièrement dangereuse. Les racines atteintes se
boursouflent, se déforment et sont inutilisables.
Les moyens employés pour entraver le développement de cette
maladie consistent à arracher et brûler les plantes atteintes, à cesser pendant
plusieurs années la culture de crucifères sur le terrain infesté.
Il y aura lieu également d'éviter l'utilisation de fumier
frais. Enfin, dans les sols pauvres en chaux, il est recommandable d'incorporer
au sol, au moins trois semaines avant le semis, 1 à 2 kilogrammes de chaux
éteinte ou 50 à 80 grammes de chaux azotée par mètre carré.
A. GOUMY,
Ingénieur horticole.
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