En temps d'épidémie, les malades attribuent toujours à la
grippe le moindre rhume, la bronchite saisonnière et souvent des affections
plus sérieuses.
En fait, aucun des signes attribués à la grippe ne lui sont
spéciaux : ils se retrouvent dans d'autres maladies au début ; c'est
tout au plus sur l'intensité et la permanence de ces symptômes qu'on peut se
fonder pour le diagnostic.
Le début est brusque et soudain, sans prodromes :
subitement, au cours de la journée, plus fréquemment encore au milieu de la nuit,
survient un coryza, suivi d'angine, souvent de laryngite, suivie souvent
elle-même de trachéite, de bronchite, parfois, un peu plus tard, de signes
pulmonaires, de broncho-pneumonie ou même de pneumonie massive. La fièvre n'a
rien de particulier. Le malade se plaint de douleurs diverses : maux de
tête, douleurs dans les membres ou le thorax, névralgies diverses.
Ce qui caractérise ces différents symptômes, c'est
l'abattement, la sensation de fatigue, l'asthénie qui les accompagne.
Au point de vue digestif, on note parfois la langue blanche,
de l'inappétence, plus rarement des vomissements, des signes d'entérite presque
toujours avec constipation.
Quant au « faciès grippé » avec les narines rouges
et tuméfiées, les yeux congestionnés et larmoyants, c'est exactement
l'apparence d'un simple enrhumé.
On a cherché un microbe spécifique ; la découverte du
coccobacille par Pfeiffer a donné l'espérance de l'avoir trouvé, mais ce
bacille se trouve toujours associé à d'autres microbes dont il paraît exalter
la virulence et, par conséquent, chez l'enfant surtout, la gravité de la
maladie (bronchopneumonies et méningites).
Depuis on a trouvé un virus, tellement petit qu'il
reste invisible au microscope ordinaire et qu'il n'a pu être décelé qu'à l'aide
du microscope électronique. Ce virus ne peut être cultivé qu'à l'intérieur de
cellules vivantes ; on y est parvenu en inoculant des œufs embryonnés à
l'aide desquels on est arrivé à préparer un vaccin, appelé « antigrippe »
en Amérique. Ce vaccin a permis de diminuer fortement la grippe dans l'armée
américaine pendant l'épidémie de l'hiver 1918-1919 ; on l'emploie
maintenant, à titre préventif, surtout chez les sujets qu'une migration a
éloignés de leur milieu habituel.
Lorsqu'un adulte se juge atteint de grippe, il ne manque
jamais de recourir à deux médicaments devenus populaires. Le classique grog au
rhum est un excellent stimulant, tant qu'on n'en abuse pas ; quant aux « cachets »,
toujours réclamés, leur action sur la température n'est qu'éphémère, et ils ne
sont indiqués qu'en cas de douleurs violentes, mais, qu'ils soient à base de
quinine, d'aspirine ou d'un de leurs dérivés, ils ne sont pas dépourvus
d'effets fâcheux sur le cœur, le foie et les reins. Le malade sera gardé au
lit, dans une chambre tempérée mais aérée, pendant au moins trois ou quatre
jours, plus longtemps même, surtout chez l'enfant et s'il se produit quelque
complication.
On aura soin d'installer une huile à base d'eucalyptol ou
d'un antiseptique analogue dans les narines, et l'on fera bien d'user d'inhalations,
en aspirant les vapeurs d'une infusion de feuilles de coca ou d'eau additionnée
de menthol, de teinture de pin sylvestre, de baume du Pérou par exemple.
L'emploi de vaccins ou de sérums n'est indiqué qu'en cas de
complications et, sauf les cas d'urgence, mieux vaut, chez l'enfant, les
employer par voie rectale, moins rapide dans ses effets, mais moins choquante
que l'injection intramusculaire.
En cas de toux gênante, on pourra donner un sirop calmant,
sans opiacés.
Dans les complications, surtout redoutables chez l'enfant,
où la maladie est d'autant plus grave que l'enfant est plus jeune, le médecin
prescrira le traitement indiqué par les principaux symptômes :
indépendamment des sérums (anti-méningococcique ou anti-pneumonique), on usera,
en cas de broncho-pneumonie, du traitement classique : bains à 37-39°,
enveloppements humides, sinapisés ou non, de bottes d'ouate. Les sulfamides, la
pénicilline agissent surtout contre les infections secondaires.
Parmi les séquelles, chez l'adulte, on signale parfois la
durée prolongée des symptômes de « congestion » pulmonaire, qui
demandent alors le traitement habituel de la pneumonie ; mais le symptôme
qui inquiète souvent le convalescent est la persistance de l'asthénie. Dans la
plupart des cas, on y obvie par de la caféine ou du kola, toujours bien
acceptés sous forme de granulés, ou par un vin à base de kola et de coca,
encore mieux accueilli.
Dans les cas plus intenses ou résistants, on use souvent
d'hormones provenant de la partie interstitielle de la glande génitale ou de la
cortico-surrénale ; on préconise aussi les glycérophosphates, associés à
des extraits de thyroïde ou de matière cérébrale (en ingestion ou en injections
sous-cutanées).
Dr A. GOTTSCHALK.
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