Le figuier, arbre par excellence des pays ensoleillés, qui
semble originaire de l'Asie Mineure, a été importé en Gaule par les Phocéens où
il se répandit dans tout le sud de la France et monta peu à peu dans les
régions du centre et de l'ouest, mais il réussit mieux dans les provinces qui
bordent la Méditerranée : son fruit est d'autant plus sucré et plus
apprécié qu'il mûrit sous des climats plus chauds.
Mais ce n'est pas seulement pour ses fruits délicieux que le
figuier est estimé.
Son emploi en thérapeutique remonte à la plus haute
antiquité. La Bible en parle, et il est certain que nos ancêtres connaissaient
l'usage de cette plante si utile dans la pharmacopée. On utilise non seulement
les fruits, mais encore les feuilles, l'écorce, les jeunes rameaux, le suc ou
latex de la plante.
Ce dernier, comme le latex de la chélidoine (appelé
couramment herbe aux verrues), appliqué sur les cors et les verrues les fait
disparaître. Il fait cailler le lait.
La décoction des jeunes rameaux frais est un laxatif doux
pour les enfants. Chez les hydropiques, cette boisson favorise l'expulsion de
l'eau infiltrée entre les tissus. Édulcorée de miel, cette décoction calme
l'irritation de la gorge.
L'écorce, en décoction également, est astringente.
Les feuilles, en infusion, sont émollientes et
adoucissantes. Mussi en a retiré un ferment auquel il a donné le nom de cradine.
Ces infusions sont indiquées dans la toux et les rhumes. Elles agissent
également sur la circulation du sang et dans le Midi, elles ont la
réputation de soulager les femmes dont les règles sont douloureuses ;
quelques infusions de feuilles de figuier quelques jours avant la menstruation
supprime ou du moins atténue les douleurs.
Le fruit, ou plus exactement le réceptacle charnu
nommé figue, varie en grosseur et en qualité selon le pays et la variété
d'arbre. Dans le commerce, on en distingue trois sortes principales : les
jaunes, qu'on appelle figues grasses ; les blanches, dites marseillaises,
et les violettes ou médicinales.
La grande quantité de sucre qu'elle renferme (30 à 40 p. 100)
la rend très nutritive. En outre, la figure est adoucissante, émolliente,
pectorale, légèrement laxative.
Sèche, la figue ne se digère pas aussi bien ; aussi
est-il préférable de choisir des fruits très charnus et élastiques, lesquels
sont mieux digérés.
On peut d'ailleurs les faire cuire, et, sous forme de
compotes, marmelades ou confitures, elles constituent d'excellents entremets et
desserts convenant particulièrement aux personnes dont l'intestin est
paresseux.
La décoction des figues sèches est employée en gargarismes
contre les irritations et inflammations de la gorge.
Avec le jujube, la datte et le raisin de
Corinthe, elle constitue le mélange dit des « quatre fruits pectoraux »,
lequel est employé en boisson dans la toux, les rhumes et les maux de gorge. On
fait une décoction avec 50 grammes du mélange pour un litre d'eau. On peut
également faire prendre la figure en décoction dans le lait, à raison de 5 à 10
figues bouillies dans un quart de litre de lait.
Appliquées très chaudes en cataplasmes sur les clous, les
abcès, tumeurs, anthrax, etc. ..., les figues agissent comme maturatif et
font aboutir plus vite que les meilleurs des cataplasmes, en même temps
qu'elles calment la douleur.
Fendues et appliquées chaudes sur la gencive, elles sont
excellentes pour vider les abcès dentaires.
Torréfiées et pulvérisées ou moulues, comme le café, les
figues sèches donnent en infusion une boisson employée dans la bronchite et la
coqueluche.
Et voici maintenant quelques recettes :
Confiture de figues en marmelade.
— Choisir des figues bien mûres, enlever l'extrémité un
peu dure du réceptacle, les mettre dans une bassine en aluminium et ajouter 500
grammes de sucre pour 1 kilogramme de fruits ; attendre au moins trois
heures — ou mieux toute une nuit — avant de mettre à cuire le
mélange, de façon que le sucre soit déjà dissous. Mettre le tout sur le feu,
remuer de temps en temps jusqu'à l'ébullition que l'on maintient pendant une
demi-heure. Mettre en pots. Couvrir après quarante-huit heures.
Confiture de figues entières.
— Préparer d'abord un sirop de sucre au petit boulé,
en employant 250 grammes de sucre pour 500 grammes de fruits à cuire.
Pour cela, mettre un plein verre d'eau pour un kilogramme de
sucre, en mettant l'eau d'abord, puis le sucre dans une bassine que l'on place
sur le feu. Remuer fréquemment jusqu'à ce que le sucre soit entièrement
dissous ; ensuite ne plus toucher au sirop et le laisser cuire vingt
minutes à grand feu. À ce moment, surveiller l'ébullition : on peut
employer le pèse-sirop Beaumé, mais on peut aussi, avec un peu d'attention,
arriver à obtenir une cuisson parfaite du sucre : lorsque le sirop entre
en ébullition, il est dit au grand lissé (30°) ; peu après, quand
il se forme à sa surface des perles rondes et élevées, le sucre cuit au
perlé (33°) ;un peu après, tremper l'écumoire dans la bassine,
souffler fortement à travers ; s'il se forme des globules de l'autre côté
de l'écumoire, la cuisson est dite au grand perlé (35°) ; laisser
encore cuire, et si, lorsqu'on souffle de nouveau, les globules se détachent et
s'envolent comme des bulles de savon, la cuisson est dite au petit boulé
(37°).
Jeter alors une à une les figues bien mûres non écrasées,
après les avoir essuyées et avoir enlevé l'extrémité un peu dure du réceptacle.
Ajouter le jus d'un citron. Laisser cuire au moins une demi-heure ou trois
quarts d'heure. On s'assure de la cuisson en versant du jus sur une assiette ;
s'il coule quand on incline l'assiette, la confiture n'est pas assez cuite.
Les figues cuites de cette façon ont absolument le goût de
fruits confits.
Pudding de semoule aux figues sèches.
— Couper des figues sèches en petits morceaux.
Préparer, d'autre part, un moule caramélisé et un laitage à la semoule :
pour un litre de lait bouillant, quatre cuillerées à soupe de semoule, deux
cuillerées de sucre en poudre, le tout mélangé et jeté en pluie fine sur le
lait bouillant (pour éviter les grumeaux). Quand la semoule est assez épaisse,
ajouter les figues, et à volonté un ou deux œufs. Verser le tout dans le moule
caramélisé. Cuire une demi-heure au four ou au bain-marie. Démouler au moment
de servir et manger légèrement tiède en hiver, glacé en été. Suffisant pour 6 à
8 personnes.
Pudding de pain aux figues sèches.
— Couper des figues sèches en petits morceaux (si elles
sont très dures, les faire cuire dans très peu d'eau au préalable) ;
mettre, d'autre part, tremper du pain en tranches minces dans du lait bouillant
sucré et parfumé au zeste de citron ; disposer ces tranches de pain dans
un moule caramélisé et alterner une couche de pain, une couche de figues,
terminer par une couche de pain. Battre, d'autre part, deux œufs entiers avec
le lait sucré qui reste (ou en ajouter la valeur d'un demi-litre si le pain a
tout absorbé) ; verser dans le moule. Cuire au bain-marie un quart
d'heure. Démouler quand c'est froid. Suffisant pour 6 à 8 personnes.
A. PEYREFITTE.
|