Les ensembles connaissent toujours le même succès, le
matin nous voulons des tailleurs de ligne sport ou classique, en lainage « mille-raies »
ou pointillé, en grisaille ou de deux tons sombres, vert et noir, grenat et
noir, bleu et noir, brun ou mordoré et noir ; des manteaux de même tissu,
en tissu uni d'un ton assorti ou opposé avec discrétion, en gros lainage
souple, moelleux, poilu ou « arraché », genre « bouclettes ».
Parfois la robe remplace le tailleur, elle est stricte,
uniquement ornée de poches, de boutonnages, montante et à manches longues ou
simulant le deux-pièces par des effets de demi-basque en trompe-l'œil ;
dans tous les cas, la jupe est droite, une fente ou un pli bas dissimulés,
seuls, lui donnent l'ampleur nécessaire à la marche. Les manteaux sont, selon
le goût et surtout la silhouette, droits, amples, courts, trois quarts ou sept
huitièmes ; les manches larges, commodes, sont à entournures kimono ou
montées à la place normale ou basse, suffisamment épaulées. La redingote « sport »
à buste souple, jupe large à ampleur de plis en arrière massés sous la
martingale, connaît une vogue nouvelle, de même d'ailleurs que la redingote
habillée, dont la coupe, bien entendu, diffère, buste et jupe épanouie et
taille fine au-dessus des hanches à nouveau très galbées.
En dehors du classique tailleur noir, qui doit être
impeccable, uniquement liséré de satin, de velours ou de ganse, on peut noter
pour l'après-midi une brillante offensive du tailleur-paletot ; ce paletot
droit ou en forme, de longueurs diverses, est le plus généralement orné de
fourrure, celle-ci employée en bordure, c'est alors de l'astrakan, du castor,
de la loutre, de l'ocelot, ou en très larges cols et parements, et c'est du
renard noir, gris, argenté ou platiné.
Que ce soit pour le matin ou pour l'après-midi, paletots et
manteaux écourtés sont souvent fourrés, le fourrage est alors très strictement
lustré dans le même ton que la fourrure précieuse employée en garniture, mais
on peut utiliser pour lui le lapin ou un manteau de fourrure défraîchi.
Pierre Balmain, particulièrement, emploie comme fourrage de
l'agneau qu'il fait teindre en rouge, en bleu dur, en vert cru ;
Schiaparelli n'hésite pas à teindre ainsi de l'hermine : c'est dommage !
Le manchon, qu'on portera cet hiver sera énorme, mais plat et souple.
Avec les cols dégagés, les chapeaux qui se posent droits
sur la tête sont des canotiers, des chapeaux de curés, des tambourins, des
boléros, des marquis, des tricornes et des chapeaux drapés, plissés en largeur,
mais avec les vastes et engonçants cols de fourrure, avec les cols-écharpes,
ils sont tout petits et prenant bien la tête : béguins, calots, toques,
bérets ronds, ornés d'une plume, d'une fantaisie en hauteur et de voilettes
enveloppant le visage et la chevelure très féminine mais courte, nettement
disposée, légèrement ondée ou bouclée.
Le noir est toujours, en automne, la couleur préférée de la
Française ; pourtant les bleus, le violet, tous les gris et ... le
blanc lui font actuellement une sérieuse concurrence ; l'or et l'argent
lancent une véritable offensive, les jerseys, les lainages lamés, les lamés « prince
de Galles » sont très employés en robe d'après-midi, de dîners et de
petits soirs ; la richesse du tissu est très sobre et de bon aloi, très
éteint quoique incontestable, aussi la façon des robes pour lesquelles il est
employé doit être des plus simple, mais d'une grande perfection ; le genre
« chemisier » est le plus indiqué.
G.-P. DE ROUVILLE.
|