Moins démocratique qu'aujourd'hui, le yachting d'avant
guerre était la distraction de quelques privilégiés. On ne pouvait concevoir un
yacht sans un ou plusieurs matelots. Le propriétaire barrait son bateau, mais
ne participait que rarement aux travaux du bord. Le matelot était donc
cuisinier, et la cuisine était à l'avant, près du poste d'équipage. Cette
disposition est à conseiller sur les yachts d'au moins 12 mètres de flottaison
ayant un matelot à bord. L'avantage est de dégager tout le reste du bateau de
la vue et surtout des odeurs de la cuisine. Mais, par mauvais temps, les
hublots sont fermés et la cuisine manque d'aération. Il est bon de prévoir un
ventilateur.
Actuellement, la plupart des plaisanciers naviguent sans
équipage. On y gagne non seulement en économie, mais surtout en intimité. C'est
donc le ou la propriétaire qui prépare les repas. On préfère, dans ce cas,
placer la cuisine au voisinage de la descente. Les mouvements y sont plus doux ;
on y trouve généralement le maximum de hauteur, d'air et de lumière. Enfin, du
cockpit on peut surveiller le réchaud et les casseroles. Inconvénients :
voisinage du moteur, donc danger d'incendie, surtout avec le réchaud à essence ;
désagrément de recevoir des visiteurs avec un évier encombré de vaisselle sale ;
impossibilité de prévoir une couchette en abord, cet emplacement permettant
d'en prolonger le pied sous le cockpit.
La cuisine se compose d'une petite table d'au moins 40
centimètres de long. C'est là un minimum. Pour avoir ses aises, il faut un mètre.
Prévoir une hauteur d'au moins 50 centimètres entre la table et le pont. Sur
les petits bateaux, l'évier sera remplacé par un simple seau. Sur les yachts
moyens, choisir un évier en métal inoxydable, petit mais profond, avec une
bonne tuyauterie pour l'évacuation des eaux et un robinet d'arrêt accessible,
pour éviter l'inondation à la gîte. Le réchaud fonctionnant au butagaz connaît
la grande vogue. Il est très pratique mais dangereux en cas de fuite. Certains
yachtsmen placent la bouteille sur le pont, ce qui est difficile à réaliser sur
un petit bateau. Je pense que la solution la plus simple est de placer le
réservoir sous le réchaud de façon à réduire le plus possible la longueur du
tuyau. Sur les petits yachts, on aura un réchaud fonctionnant à l'essence, au
pétrole, à l'alcool ou même au gas-oil. Les habitués du camping connaissent
bien les avantages et inconvénients des uns et des autres. Outre la question
fonctionnement, je rappelle qu'il y a intérêt à employer le même combustible
que pour le moteur, ce qui simplifie l'approvisionnement et réduit le nombre
des réservoirs. Le réchaud doit être placé de préférence perpendiculairement à
l'axe du bateau. Si la hauteur entre le pont et le réchaud est réduite, il faut
prévoir la protection du pont par une plaque d'amiante recouverte de laiton.
Les petits réchauds comportant un seul feu peuvent être montés à la cardan, ce
qui leur assure une parfaite stabilité malgré les mouvements du bateau. À
défaut de cardan, fixer une petite galerie sur le pourtour supérieur du
réchaud, à 6 ou 8 centimètres de hauteur, avec des encoches pour placer des
barres transversales. On pourra ainsi limiter les fantaisies déambulatoires des
récipients ... à défaut de celles de leur contenu.
Ce n'est qu'à partir de 6 mètres de flottaison qu'on peut
envisager un compartiment spécial pour la toilette. Si la place fait défaut,
empêchant l'installation d'une cuvette fixe, on adopte les toilettes pliantes
qui ont environ 0m,50 de largeur, 0m,20 de profondeur et
une hauteur variant de 1m,20 à 1m°,70. Le type courant
possède un réservoir à eau dans la partie supérieure, une cuvette s'abattant
sur l'avant et, au-dessous, un réservoir mobile pour les eaux usagées. La
disposition la plus réduite et aussi la plus fréquente consiste en un w.-c. surmonté
d'une toilette rabattable. Les w.-c. ne peuvent être placés au-dessus de la
flottaison que dans les yachts importants. À moins d'un franc-bord
exceptionnellement élevé, ils se trouvent dans les petits et moyens bateaux
au-dessous de la flottaison. L'arrivée d'eau de rinçage se fait par l'ouverture
d'une valve, et l'évacuation se fait par une pompe refoulant dans un large
tuyau de plomb d'environ 6 centimètres de diamètre, plaqué à l'intérieur de la
coque en formant un coude élevé au-dessus de la flottaison pour désamorcer le
siphon.
On trouve dans le commerce d'excellents appareils pouvant se
placer au-dessus ou au-dessous de la ligne de flottaison. Une pompe aspirante
et foulante à double effet permet l'aspiration de l'eau de mer directement de
l'extérieur. L'arrivée d'eau est commandée par un robinet à main ou par une
pédale à fermeture automatique supprimant tout danger d'inondation. D'une
construction très robuste, ils sont en même temps très soignés et leur faible
encombrement en permet l'emploi sur les yachts de petites dimensions. Ils sont
munis d'une tubulure pour la décharge des eaux de toilette. Pour avoir des
mouvements aisés, la toilette doit avoir un mètre carré. Il est difficile de
descendre au-dessous de 60 centimètres de largeur.
Dans les petits bateaux de 7 à 8 mètres de flottaison, la
toilette occupe souvent toute la largeur du yacht à l'avant, entre la cabine et
le poste. Pendant l'occupation, l'accès du poste devra se faire du pont par une
descente séparée, ce qui ne présente pas d'inconvénient au mouillage, mais peut
être gênant en mer. Dès que la largeur du plancher le permet, on installe la
toilette en abord, soit à l'avant, entre la cabine et le poste, soit à
l'arrière, dans le voisinage de la descente. La première disposition est la
meilleure et la plus fréquemment adoptée.
Rappelons quelques dimensions utiles : une porte doit
avoir une largeur de 50 centimètres. On passe même dans un vide de 0m,45
en s'effaçant un peu. S'il s'agit d'un couloir, il faut 0m,50 à 0m,58
de largeur. Les portes peuvent être coulissantes ou à battants. Les premières
sont très pratiques, car elles ne demandent pas de place pour leur
développement. Mais la coulisse doit être soigneusement exécutée pour éviter
les coincements. Les portes à battants demandent de la place pour leur
développement. On s'efforcera de les ouvrir du côté d'une cloison pour ne pas
obstruer un espace libre ou une armoire. C'est donc dans leur position
d'ouverture qu'il faut les examiner. Il est parfois avantageux de faire deux battants
au lieu d'un seul, une porte pivotante de 0m,50, par exemple, étant
plus difficile à loger que deux de 0m,25.
La longueur d'une couchette est de 1m,90 ;
on peut même descendre à 1m,85 si la taille de l'occupant ne dépasse
pas 1m,75. Mais il faut toujours tenir compte de la revente
possible. La largeur normale est de 0m,75, ce qui permet un matelas
de 0m,70. Le minimum est de 60 centimètres et, pour les cadres du
poste, on peut descendre à 50 centimètres. Une banquette doit avoir 40
centimètres de largeur si le dossier est vertical. Sur un petit yacht d'environ
8 mètres de flottaison, les couchettes du salon peuvent être fixes ou
rabattables. La première disposition permet d'installer des placards. La
seconde donne un aspect plus agréable de jour, mais est plus compliquée et plus
onéreuse. D'autre part, le dossier tient beaucoup de place, et je conseille de
réserver cette solution aux yachts plus importants dont le salon peut contenir
des lits supplémentaires en cas de besoin. Il est bon de prévoir, au voisinage
de la descente, une petite penderie à cirés de 30 à 40 centimètres de largeur.
Une table à cartes doit avoir 75 x 60 centimètres pour pouvoir y poser une
carte marine grand aigle pliée en deux. Sur les petits yachts, on ne peut
envisager une table à cartes fixe. Une tablette rabattable contre une cloison
est suffisante. Prévoir à proximité un tiroir pour les cartes, un plumier pour
compas, crayons et gomme, une galerie pour les documents nautiques et une lampe
électrique pour la table.
A. PIERRE.
|