Les plantes dans la pharmacopée.
— En dépit des progrès de la chimie, spécialisée dans
la recherche des médicaments, une foule de plantes sauvages et cultivées,
dénommées simples, sont toujours recherchées pour la préparation des
tisanes, des alcoolats, des teintures, poudres, sirops, huiles et extraits
divers employés comme remèdes en médecine humaine et vétérinaire.
La flore spontanée étant loin de suffire aux besoins des
droguistes et des laboratoires, pour les spécialités pharmaceutiques, c'est la
culture qui doit fournir les feuilles mondées, les sommités et les fleurs
séchées, les racines, les graines et les plantes entières mentionnées sur le
Codex, pour confectionner les médicaments les plus demandés.
On peut donc s'adonner, dans un but lucratif, à la culture
de ces dernières, afin de réduire les dépenses de main-d'œuvre occasionnées par
la recherche et la cueillette des plantes sauvages, en s'occupant plus
particulièrement de celles ayant une vente forte. Mais, pour réussir, il faut
bien connaître les exigences des simples et les façons culturales qui leur
conviennent, pour l'obtention de forts rendements, ainsi que les modes de
préparation en usage pour les conserver.
Énumération succincte.
— Les plantes intéressant la pharmacopée dépassent
largement la centaine. Parmi les plus demandées, citons :
L'aconit napel (feuilles et racines), l'angélique (feuilles,
racines et graines), l'arnica (fleurs et racines), la bardane (racines), la
belladone (feuilles et racines), le bouillon blanc (fleurs et feuilles), la
bourrache (fleurs et feuilles), la camomille (fleurs), le chiendent (racines),
la consoude (racines), le cresson de fontaine (plante entière), le datura
stramoine (feuilles), la digitale (feuilles mondées), l'estragon (plante
entière), la fougère mâle (doigts mondés), le fumeterre (plante entière), la
germandrée petit-chêne (feuilles), la guimauve (fleurs, feuilles et racines),
la jusquiame (feuilles mondées), le lierre terrestre (feuilles et plante), la
mélisse officinale (feuilles mondées), la menthe poivrée (feuilles), la
moutarde noire (graines), le muguet de mai (bouquet, feuilles et racines), le
pavot (feuilles), la pensée sauvage (fleurs et plante), le pissenlit (racines),
le raifort sauvage (racines), la saponaire (feuilles, sommités et racines), la
sauge officinale (feuilles mondées), le serpolet (plante entière), la valériane
(racines).
ACONIT NAPEL.
— Plante vivace, à racines épineuses et pivotantes,
dont on extrait l'aconitine. L'aconit est peu difficile sur le choix du
terrain. On peut le multiplier par tubercules ou éclats de touffes dans une
parcelle fumée et labourée avant l'hiver, et ameublie au printemps. Les
fragments de racines se distancent de 20 à 25 centimètres dans de petits
sillons profonds de 10 centimètres, espacés de 0m,40 à 0m,50.
Mais il est plus expéditif de procéder par semis de graines récoltées à
maturité, en observant les mêmes espacements. Après la levée, on éclaircit et
l'on donne, en cours de saison, les binages nécessaires pour détruire les
mauvaises herbes et ameublir la surface du terrain. Couper les feuilles à la
faux ou à la faucille et les faire sécher. C'est seulement la deuxième année
que l'on récolte les racines, après un labour et deux hersages croisés. Les
racines ressuyées au soleil, on les étend sur des claies, dans un hangar bien
aéré, pour achever leur dessiccation.
BELLADONE.
— La belladone est une plante vénéneuse de la famille
des solanées utilisée pour les teintures, les alcoolats et les sirops à usages
multiples. Cette plante vivace exige un sol profond et frais. On peut la
reproduire par division de souche, mais il vaut mieux semer la graine en
pépinière, en mars-avril. Repiquer le plant, courant juin, en terre ameublie,
bien fournie d'humus. La distribution se fait en lignes espacées de 1 mètre et
à 50 ou 60 centimètres sur les rayons. Les binages fréquents sont nécessaires
pour maintenir le sol meuble et exempt de mauvaises herbes. Une plantation de
belladone peut durer dix à douze ans, quand elle est précédée d'une copieuse
fumure au fumier de ferme et que l'on applique tous les ans un engrais complet.
La récolte s'effectue avant la floraison, pour les feuilles. Les sommités se
cueillent lorsque les baies sont formées ; la récolte des racines a lieu
en une fois lors du défrichement.
CAMOMILLE ROMAINE.
— Plante vivace dont les capitules sont à la fois
toniques, stimulants, fébrifuges, anthelminthiques, emménagogues et
antispasmodiques. La camomille exige un sol frais, profond, riche et bien
ameubli. On peut la semer en planches de quatre rangs séparés par des sentiers,
mieux encore par rangs doubles, espacés de 40 centimètres, en laissant 0m,60
entre chaque deux rangs. Si on élève le plant en pépinière, le repiquage se
fera à la distance de 35 à 40 centimètres sur les lignes. Les semis en place ne
réussissent que si la terre est bien meuble. En opérant de bonne heure, en
mars, la cueillette commence en juin et se continue jusqu'en septembre. Les
fleurs semi-doubles au début deviennent doubles par la suite. Le séchage doit
être surveillé de près, si on veut que les fleurs conservent une belle teinte
blanche.
GUIMAUVE.
— Malvacée vivace, dont les feuilles, les fleurs et les
racines possèdent des propriétés mucilagineuses et émollientes. Les fleurs se
récoltent au fur et à mesure de leur épanouissement échelonné ; les
feuilles sont prélevées par la suite et les racines ne sont arrachées que
lorsqu'on défriche la plantation. Sans être très difficile, la guimauve donne
ses rendements élevés dans les terres profondes et franches. Elle se multiplie
par graines ou par éclats de souches à la distance de 30 à 35 centimètres, sur
des lignes espacées de 0m,70. Le mieux est d'élever le plant sur
couche, en février-mars. On le repique une fois, avant de le mettre
définitivement en place. Les façons comportent les binages et les désherbages.
Dans les terres riches, la guimauve acquiert un fort développement, ce qui
permet de procéder à l'arrachage complet au bout de trois ou quatre ans.
MENTHE.
— La menthe poivrée fournit un camphre cristallisable
aux usages multiples. Elle possède des propriétés carminatives et stomachiques.
Cette plante appartient à la flore des terrains tourbeux,
frais et riches en humus. Son système radiculaire est traçant. Le meilleur mode
de multiplication est le semis, effectué en lignes espacées de 60 centimètres.
Après un premier binage, on éclaircit à la distance de 40 centimètres. En
donnant les façons d'ameublissement, avoir soin de couper les drageons qui
croissent entre les pieds. Les plantations sont défrichées pour être refaites aussitôt
que l'on constate une diminution de rendement en feuilles mondées.
Adonis LÉGUME.
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