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La culture du fraisier

Influence de la nature du sol.

Bien que le fraisier ne soit pas une plante exigeante sur la nature du sol, le choix de celui-ci n'en est pas moins loin d'être indifférent. Il influe en effet non seulement sur la végétation et la production, mais aussi sur la quantité des fruits. Afin de ne pas entrer dans des détails par trop complexes sur l'étude de divers terrains, nous nous limiterons à grouper ceux-ci en trois catégories en tenant compte de leur nature et de l'influence de celle-ci sur la plus ou moins bonne venue des principales variétés de fraisiers.

Terrains les meilleurs.

— a. De tous les sols, les meilleurs sont certainement ceux de nature argilo-siliceuse, profonds, à sous-sol frais, que l'on désigne dans le langage courant sous le nom de terre franche, de terre à blé. Dans un tel milieu, la végétation est régulière, les fruits y sont de qualité supérieure. Toutes les variétés de fraisiers s'y plaisent au maximum.

— b. Le terrain, bien que présentant les mêmes caractéristiques que le précédent, en diffère toutefois par la plus grande quantité de sable qu'il renferme, sans cependant être trop léger. En semblable cas, la végétation sera également luxuriante, mais les plantes auront une résistance moindre en période de sécheresse. Les fruits seront très beaux, mais manqueront un peu de parfum. Les variétés Héricart de Thury, Docteur Morère, Royal Sovereign s'y développeront particulièrement bien, sans exclure les autres.

Terrains moyens.

— c. Terrains très argileux, froids, végétation tardive. Beaucoup de plantes disparaissent pendant l'hiver, surtout les variétés délicates, comme : Docteur Morère, Général Chanzy, Vicomtesse Héricart de Thury.

Les fruits manquent de sucre et de parfum. La mosaïque est en outre à redouter, notamment chez la variété Madame Moutot (fraise tomate). Afin d'éviter dans la mesure du possible ces inconvénients, il y a lieu de faire des apports de terres légères, sable siliceux, escarbilles tamisées. Les variétés vigoureuses et rustiques sont susceptibles de donner dans ces terrain des résultats satisfaisants comme : Régal, Tardive de Léopold, Jucunda, Sharpless.

— d. Terrains sablonneux légers, ne retenant pas l'eau. La végétation des fraisiers est ici médiocre, les fruits peu volumineux.

Pour remédier à ces défauts, il y a lieu d'utiliser, autant que possible, les situations les plus fraîches, celle du nord par exemple. On aura en outre avantage à amender le sol par l'addition d'une forte dose de terre argileuse et à faire de copieuses fumures en utilisant uniquement du fumier de vache gras. À l'approche des fortes chaleurs, une sage précaution consistera à pailler le sol afin de réduire l'évaporation.

Les variétés Régal, Tardive de Léopold donnent dans ces terrains une production relativement bonne.

Terrains médiocres.

— e. Les terres noires, trop riches en humus, manquant de consistance, s'échauffant d'une façon excessive en été, permettent aux plantes de prendre un remarquable développement au printemps, faisant place à une végétation languissante lorsque survient la période des fortes chaleurs.

Des amendements constitués par des apports de terre fortement argileuse ou même argilo-calcaire peuvent atténuer ces défauts.

Deux variétés peuvent se défendre : Régal et Tardive de Léopold.

— f. En ce qui concerne les terres fortement calcaires, plus mauvaises encore que les précédentes, car elles provoquent la chlorose du feuillage, il conviendra d'incorporer au sol une forte fumure au fumier de cheval, complétée par 100 grammes de superphosphate de chaux au mètre carré.

Pour prévenir la chlorose d'abord et la combattre ensuite, un épandage de 100 grammes de sulfate de fer neige par mètre carré, enterré par un fort griffage, devra être effectué une dizaine de jours avant la plantation. Si, au cours de la végétation, le feuillage venait à jaunir, malgré la précaution prise, il y aurait lieu de renouveler le traitement.

Les variétés les plus résistantes sont ici : Royal, Ananas, Sharpless, Tardive de Léopold. Éviter de cultiver dans les terres de ce genre : Docteur Morère, Héricart de Thury, Jucunda, Royal Sovereign.

A. GOUMY,

Ingénieur horticole.

Le Chasseur Français N°644 Octobre 1950 Page 611