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Les aliments complets

dans l'alimentation des volailles

Des correspondants m'écrivent souvent pour me demander des renseignements sur l'emploi des aliments complets dans l'alimentation de leurs volailles.

Certains ignorent même ce que l'on désigne sous cette dénomination ; d'autres appellent ces aliments des « aliments chimiques ».

En réalité, ces aliments n'ont d'autres éléments chimiques que les minéraux qu'on y incorpore et, éventuellement, lorsque l'huile de foie de morue n'y est pas utilisée, les vitamines de synthèse. À part cela, seuls des produits d'origine végétale ou animale sont utilisés pour leur fabrication.

Les aliments complets sont présentés au public sous deux formes :

Forme farineuse.

— La farine peut être distribuée sèche, dans des trémies, ou humidifiée avec de l’eau ou du lait écrémé. Le plus souvent les aviculteurs mettent à la disposition permanente de leurs volailles la farine sèche et distribuent un repas avec la même farine humidifiée, l'été à froid, l'hiver avec de l'eau tiède, et, dans ce dernier cas, de préférence au repas du matin.

Forme granulée.

— Les granulés sont constitués par l'agglomération, le plus souvent par forte compression, et sans « liant », des farines sèches. Ils ont donc exactement la même composition que ces dernières, mais leur emploi est beaucoup plus agréable et présente en outre de nombreux avantages sur la forme farineuse : leur forme rappelle celle du grain et leur consistance dure plaît mieux aux volailles ; de plus, celles-ci ne peuvent pas choisir les éléments et sont obligées d'avaler à chaque coup de bec la totalité des composants de la ration ; enfin, la manutention des granulés est plus agréable que celle des farines et la perte moindre dans les trémies.

À mon avis, et de celui de la quasi-totalité des éleveurs qui ont fait l'expérience avec les deux formes, le granulé doit être toujours préféré à la farine, sauf cependant pour l'élevage en batterie, où les sujets ont besoin d'être occupés le plus longtemps possible et où la farine sèche est supérieure à toute autre forme d'alimentation.

Les fabricants ont étudié des formules d'aliments complets correspondant à toutes les nécessités de l'élevage ; les principales sont :

    La formule démarrage ou « poussin ».
    La formule second âge.
    La formule élevage.
    La formule mue.
    La formule pondeuse.
    Et la formule « engraissement ».

Chaque marque possède évidemment sa composition propre dans ces diverses variétés, et ces différences n'ont que peu d'importance étant donné qu'une seule chose en a réellement ; c'est l'équilibre parfait de l'aliment eu égard à sa destination.

Il faut bien dire que les aliments dits « complets » ont été regardés par le public avec suspicion ces dernières années. Ceci provenait uniquement des aliments douteux que certains fabricants improvisés avaient mis sur le marché pendant les années de guerre et de pénurie. Il est inutile de dire que ces gens-là se sont éliminés d'eux-mêmes et qu'actuellement les acheteurs peuvent donner toute leur confiance aux fabricants sérieux qui perfectionnent sans cesse leurs produits et, pour la plupart, livrent des tonnages annuels impressionnants non seulement en aliments complets « volailles », mais en aliments spéciaux pour les bovins, les porcins, les caprins et les chevaux.

À première vue, l'alimentation des volailles avec les aliments complets paraît beaucoup plus onéreuse que la traditionnelle alimentation fermière avec la ration journalière de grain et de pommes de terre écrasées avec du son. Ceci est vrai si on se contente de comparer le prix d'achat du kilo d'aliment, sans tenir compte de sa richesse en éléments nutritifs, mais tout éleveur qui a fait l'expérience sérieusement sait bien qu'avec un excellent aliment spécial, bien adapté aux besoins de ses sujets, la productivité de ces derniers se trouve considérablement améliorée et que, tous comptes faits, il a intérêt à payer un tiers en plus un aliment avec lequel ses poules pondront deux fois plus.

Il est évident que la fabrication des aliments complets (à part les granulés) n'est pas l'apanage exclusif des industriels et que les producteurs de céréales peuvent les composer eux-mêmes pour leurs besoins personnels, sous réserve qu'ils fassent confiance aux techniciens de l'alimentation animale pour établir les formules et qu'ils possèdent les mélangeurs et broyeurs indispensables pour réaliser l'homogénéité du mélange.

Mais cette fabrication ne présente d'intérêt que pour les possesseurs d'élevages importants : 500 pondeuses au moins ; au-dessous, les faibles quantités nécessaires rendent difficile l'amortissement du matériel, et les petits et moyens éleveurs auront intérêt à se fournir chez les spécialistes sérieux de la branche.

En conclusion, je ne puis que conseiller l'emploi des aliments équilibrés et complets en aviculture ; que ce soit pour l'obtention de poulets de consommation ou la production des œufs, ils ont fait leurs preuves et ils « payent ».

R. GARETTA.

Le Chasseur Français N°645 Novembre 1950 Page 682