Un maître Chanteur.
— De toute la gent ailée qui peuple les cages et les
volières pour la satisfaction des amis des oiseaux, égayés par leurs trilles
harmonieux, il n'en est point de plus experts que les canaris du Harz,
dits Saxons, lorsque leur éducation musicale leur a fait acquérir les
meilleurs tours de chant.
Par opposition avec leurs concurrents, les serins tout
venants, les canaris du Harz ne crient pas : ils chantent en émettant
différents sons qui font l'objet de cotations très sévères dans les concours.
En tête du répertoire viennent les roulées, la
profonde et la creuse, auxquelles les membres des jurys attribuent jusqu'à 9
points, quand il n'y a pas de fautes d'inspiration. Viennent ensuite les chants
dénommés berceuses, tintée profonde, roulée avec clapotis
et flûte (cotation maximum 6). Quant à la tintée ordinaire et à
la tintée roulée, on ne leur attribue jamais plus de 3 points.
Reproduction.
— Quel que soit le but poursuivi, le peuplement des
cages et des volières ne se fera qu'avec des serins issus de bons chanteurs et
en parfait état de santé, c'est-à-dire possédant un plumage lisse et brillant,
un œil vif et un corps dressé. Pour commencer, on recherchera les mâles à
roulades, sans défauts, qui éduqueront leur descendance en leur apprenant les
gammes les plus prisées, leur permettant de gagner les palmarès.
C'est vers le 10 avril que s'effectuent les premiers
accouplements, lorsque les canaris sont logés dans des locaux chauffés. Un mois
ou deux avant cette époque, les couples devront recevoir deux ou trois fois par
semaine de la pâtée contenant de l'œuf cuit dur, et l'on forcera la proportion
d'avoine décortiquée, ainsi que l'alpiste dans le mélange de graines.
Les cages d'élevage peuvent être constituées par une simple
armature en fil de fer sur les quatre côtés ; on peut également les
construire en bois plein, la façade seule étant barreaudée. Mais, pour que les
couples y soient à l'aise, les dimensions superficielles ne seront pas inférieures
à 35 X 40 centimètres, avec 35 à 40 centimètres de hauteur.
Incubation.
— C'est environ six à huit jours après l'introduction
du mâle que la femelle pond son premier œuf dans un nid suspendu au dehors et
que l'on peut visiter de l'extérieur. Les trois premiers œufs pondus, à
vingt-quatre heures d'intervalle, généralement le matin entre 6 heures et 7
heures, sont retirés provisoirement et remplacés par des œufs artificiels. On
ne les remet que le quatrième jour, de manière que les éclosions se produisent
en même temps. Les petits éclosant simultanément, ou à quelque chose près, il
ne peut guère y avoir de sujets lambinants dans les couvées.
Si une serine éprouvait des difficultés pour pondre, le
mieux serait de lui faire prendre des bains de vapeur ; c'est plus
efficace que l'huile et les autres corps gras.
Certains éleveurs retirent le mâle après la ponte du
troisième œuf et laissent à la femelle le soin de couver et d'abecquer sa
progéniture. C'est là une méthode débilitante pour la mère ; elle n'a
vraiment sa raison d'être que si on veut conserver au mâle, intégralement, ses
aptitudes de chanteur, sans le fatiguer en période d'élevage.
Pendant toute la durée de l'incubation, qui est de treize
jours et même de quatorze jours dans les chambres froides, les canaris doivent
bénéficier de la plus grande tranquillité.
Peu de temps après l'éclosion, et au départ des femelles, on
visite les nids pour voir s'il n'y a pas de sujets morts, auquel cas il
faudrait les retirer. Les petits serins sortent habituellement de leur nid le
dix-huitième jour, mais ils y reviennent à plusieurs reprises avant de
l'abandonner définitivement. C'est seulement lorsqu'ils sont âgés de trente à
trente-cinq jours qu'ils peuvent se passer du concours de leurs parents. On
peut alors modifier leur rationnement, en supprimant le jaune d'œuf, pour les
soumettre au régime ordinaire des oiseaux granivores. Toutefois, la
substitution ne se fera que progressivement.
Alimentation.
— On trouve dans le commerce des formules de pâtées
adaptées à tous les âges. Mais, pour les jeunes, la poudre de jaune d'œuf doit
rentrer invariablement dans le rationnement. Certains serinophiles
confectionnent eux-mêmes leurs pâtées équilibrées, en mélangeant intimement du
jaune d'œuf cuit, du pain braisé écrasé, de l'œillette, un peu de chènevis
pilé, le tout pétri avec des verdures finement hachées. C'est par intuition
qu'ils déterminent les proportions, tout en cherchant à maintenir la relation
nutritive assez étroite au moyen du jaune d'œuf.
Comme les jeunes serins sont naturellement lunatiques en ce
qui concerne la nourriture que certaines couvées délaissent ou refusent, il est
recommandé, dans le cas où ils viendraient à bouder, d'incorporer une petite
quantité de charbon de bois pilé, de l'os de seiche ou des coquilles d'huître
en poudre, avec quelques œufs de fourmis et un peu d'huile de foie de morue. On
pourrait encore leur donner en supplément du pain trempé dans du lait bouilli
et sucré, que l'on essore.
Les canaris du Harz devenus adultes savent se contenter d'un
régime granivore comprenant comme proportions :
Navette d'Erfürt |
20 |
parties |
Millet plat (alpiste) |
10 |
— |
Avoine décortiquée |
5 |
— |
Graine de lin |
1 |
— |
Niger |
1 |
— |
Pavot blanc |
1,5 |
— |
Graine de laitue |
1,5 |
— |
|
—— |
———— |
Total |
40 |
parties |
Aux approches de l'accouplement, afin de stimuler les
instincts génésiques, on fera bien de donner quelques petites graines germées
qui apporteront avec elles les vitamines E, dites de reproduction, en ajoutant
un peu d'œuf cuit dur.
Mondiage d'ARCHES.
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