En remontant aux lointaines origines, on trouve les premiers
essais par lesquels l'homme s'appliqua à donner une forme durable à sa pensée
comme aux faits qu'il désirait consigner. Images naïvement peintes ou taillées
sur des parois de rocher ou des bancs de pierre, figures sculptées sur bois de
renne, gravées à la pointe de silex sur des lames d'os ou d'ivoire et
représentant le plus souvent, parfois avec un sentiment très juste du caractère
et une observation remarquable du mouvement, les animaux que nos ancêtres
avaient sous les yeux ...
De tout temps, l'homme éprouva, en outre, le besoin de
correspondre avec ses semblables à travers les distances.
L'événement que l'on attendait était, primitivement, annoncé
par un signal convenu, émis le plus souvent à l'aide d'un feu allumé sur
quelque colline. La torche appelait le guerrier au combat. La palme symbolisait
la paix. Les vieux Incas, déjà, avaient érigé, à travers leur royaume, des
tours de bois, du haut desquelles, à la force de leurs poumons, des crieurs se
transmettaient les nouvelles.
Mais ce n'étaient encore que moyens rudimentaires de
correspondance. Ils devaient, au cours des siècles, être remplacés par
l'écriture, laquelle utilisa la pictographie, le symbolisme, des signes
conventionnels, puis syllabiques, avant que de devenir alphabétique avec les
Phéniciens, pour se propager dans tout l'ancien monde, jusque dans l'Inde, à
l'exception de la Chine.
Comme aux caractères composant les mots dont étaient formés
les messages, on donna à ces derniers le nom de lettres. Durant des
millénaires, le support employé pour établir les lettres fut des plus
primitifs. On se servit de peaux de bêtes, d'écorces d'arbres, de feuilles de
palmier, de fragments de pierre, d'argile, de plomb, d'étoffe ... et aussi de
tablettes d'os ou de bois, que l'on enduisait de cire et que l'on gravait.
Plus tard, les tablettes firent place au papyrus et, un peu
avant notre ère, au parchemin. Avec la découverte surtout, par les Chinois, un
siècle environ après Jésus-Christ, des procédés de transformation en papier de
fibres végétales devait s'ouvrir pour la lettre une période de prodigieux
développement.
Mieux que toute autre matière, le papier était apte à
recevoir l'écriture. En des limites restreintes, il était susceptible de porter
aisément des textes plus étendus que ne le permettaient celles jusqu'alors
employées. Léger, mince, d'un pliage facile, son acheminement pouvait être
assuré par les moyens les plus simples. Il était, d'autre part, très
économique. Aussi, après de nombreux perfectionnements, son usage comme objet
de correspondance, se présentant en une infinie variété de qualités, de
couleurs et de formats, allait-il prendre, dans l'avenir, une extension
considérable.
Cependant, un problème depuis longtemps se posait :
celui de garder à la lettre son caractère personnel et discret.
Les anciens Égyptiens, pour la fermeture de leurs rouleaux
manuscrits, s'étaient servis d'un simple fil, lequel était noué de manière si
ingénieuse qu'il ne pouvait être détaché que par ceux qui connaissaient le
secret de son enlacement, et dont les extrémités, par la suite, avaient été
fixées au substratum, au moyen d'un sceau d'argile ou de cire.
Longtemps, on se contenta de plier la lettre à sa guise,
d'écrire l'adresse du destinataire sur l'une de ses faces extérieures et d'en
cacheter les bords. Puis la missive fut souvent entourée d'une bande de
parchemin ou de papier, d'une ficelle, parfois disposée en croix et également
scellée d'un ou deux cachets. Au grand siècle, les élégantes, pour clore leurs
billets, utilisèrent une espèce de canif, tranchant des deux côtés : le perce-lettre,
qui permettait de passer un « tiret de soye », rose ou jaune, au
travers du pli, lequel était ensuite cacheté à la cire d'Espagne ...
Le port des correspondances était acquitté en numéraire,
soit par l'expéditeur au moment du dépôt au bureau de poste, soit par le
destinataire lors de la remise par le facteur. Le port dû demeurait le
plus fréquent, l'envoi d'une lettre en port payé étant généralement
considéré par la personne qui la recevait comme une offense, parce qu'il
laissait entendre que cette personne n'avait pas les moyens d'en régler le
transport. Peu courant, le port payé était surtout en usage dans les
correspondances administratives. On le rencontrait quelquefois aussi dans les
correspondances commerciales.
Premier signe d'affranchissement, dont on n'a pu situer
exactement la naissance, la taxe se trouva tout d'abord exprimée par une croix
manuscrite, simple, double ou recroisetée, tracée sur la lettre, que remplaça
plus tard un chiffre, exprimant, en décimes, le montant perçu ou à percevoir.
Ce n'est que vers 1660 qu'apparurent, en Angleterre, les premières marques
frappées, au tampon, d'un timbre métallique. Les plus anciennes que l'on
connaisse en France et qui sont des marques de départ, celles de Valence
et de Beauvais, datent de 1695.
Malgré tous les soins jusqu'alors apportés à son
conditionnement, la lettre n'était encore pas absolument garantie contre
l'indiscrétion. Elle courait, en outre, sans cesse le risque de se détériorer
en cours de route. C'est de la nécessité de lui assurer le secret, tout en la
protégeant efficacement, que devait naître l'enveloppe.
On a écrit que le papetier anglais Brewer en fut le père. Ce
dernier, en 1820, eut, en effet, l'idée de fabriquer, pour la clientèle
féminine de la station balnéaire à la mode de Brighton, où il était établi, de
« petites couvertures détachées », assorties aux papiers à lettres et
cartes qu'il vendait en son magasin, et qui connurent un grand succès. À Paris,
un autre papetier, nommé Maquet, s'attribua par contre longtemps le titre d' « inventeur
des enveloppes de lettres, en 1841 ». À la vérité, Brewer et Maquet n'ont
été que des vulgarisateurs et l'enveloppe a une bien plus ancienne ascendance.
On en connaît plusieurs, qui font partie des archives de l'État de Genève, en
date des années 1615 et 1617, et qui, déjà, sont assez semblables d'aspect a
celles que nous employons de nos jours.
L'usage de l'enveloppe demeura toutefois restreint aux XVIIe
et XVIIIe siècles, quand l'expéditeur devait la confectionner
lui-même, à la main, et ce n'est guère que vers 1845, après l'apparition du
timbre-poste dans le Royaume-Uni, qu'elle prit une certaine importance, pour se
généraliser à l'approche du dernier quart du siècle passé.
DRAIM.
P.-S. — Nouveautés de France :
12 fr. lie de vin, sur grand format : François Rabelais ;
dessin et gravure de Decaris ; émis le 26 juin. — 5 fr. +2 fr.
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— 8 fr. + 3 fr. sépia et noir : Louis David ; gravure de Cottet,
d'après David. — 10 fr. + 4 fr. carmin et noir : Lazare Carnot ;
gravure de Cheffer. — 12 fr. + 5 fr. brun rouge et noir : Georges
Danton ; dessin de Lemagny, gravure de Dufresne. — 15 fr. + 6 fr.
vert et noir : Maximilien de Robespierre ; gravure de Mazelin. — 20
fr. + 10 fr. outremer et noir : Lazare Hoche ; gravure d'Ouvré,
d'après Boze. Tous sur grand format. Émis le 10 juillet.
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