JANVIER. — Fort mauvais en général, avec froid, neige et
glace. Pendant les rares beaux jours, il sera permis d'espérer la prise de
quelque brochet au vif ou à la cuillère, d'une perche au ver ou au poisson
d'étain, d'un gros chevenne au sang caillé, aux boyaux de poulet. Les seules
heures favorables sont celles du milieu du jour.
FEVRIER. — Assez peu différent de janvier dans nos contrées
; il y a cependant des exceptions. Les journées douces sont en plus grand nombre.
Le saumon se prend au paquet de vers et aux leurres artificiels ; le brochet et
la perche au vif ou à la cuillère en tenant compte de leur taille. Le gros
chevenne mord au sang caillé, à la raclure, à la moelle, aux boyaux ; les
ombres mordent parfois à la mouche, mais leur pêche n'est pas permise partout.
MARS. — Frai du brochet, qu'il serait préférable de laisser
en paix. La perche mord au véron, au poisson d'étain, au ver ; les chevennes se
pèchent comme le mois dernier, mais aussi aux vers et larves. Gardons,
rotengles, vandoises se réveillent ; ils prennent les vers, les cherfaix, les
asticots, les mouches. La pêche de la truite est ouverte : elle a frayé et a
grand appétit. Les vers donneront de bons résultats en eau trouble, les leurres
artificiels en eau teintée, la mouche artificielle en eau claire ; la mouche
noyée est, en ce moment, plus productive que la mouche flottante ; ce sera
l'inverse en été.
AVRIL. — Notablement écourté par la fermeture. Les jours
sont plus longs et plus tièdes ; la pêche est bonne toute la journée. Le
brochet est encore malade de son frai. La perche fraye et mord très peu. Par
contre, chevennes, gardons, rotengles s'en donnent à cœur joie. On commence à
prendre les petits poissons de friture : ablettes, goujons, loches, vérons,
etc. On capture aussi quelques tanches le long des herbiers, quelques barbeaux
au ver, près des perrés et des piles de ponts. L'ombre commun et la vandoise,
si leur frai est terminé, prennent bien la mouche artificielle.
MAI.— Tout entier compris dans la période de fermeture. De
nombreux poissons fraient et doivent être laissés en repos. Dans les rivières
de première catégorie, la pêche de la truite bat son plein ; vers, cherfaix,
larves, grande éphémère sont fort bien acceptés, ainsi que le véron vivant ou
mort. Les leurres artificiels font merveille entre des mains expertes.
JUIN. — Voici l'ouverture, grand rêve du pêcheur ; elle
n'est pas toujours bonne, vu l'affluence des concurrents et parfois le temps ;
mais qui songe à la bredouille ? A ce moment, on peut dire que tous les
poissons mordent, depuis la carpe de 20 livres jusqu'au minuscule véron.
Presque tous ont frayé et sont pressés de se refaire. L'ablette mord à
l'asticot ; le barbeau au ver, au fromage, à la chatouille ; la brème au
ver de vase, de terreau, à l'asticot, au blé cuit. Gardons, rotengles,
vandoises à ces mêmes appâts. La carpe prend le ver, la fève, le pain, la pomme
de terre. Le chevenne mord à tout, et notamment à la cerise. La perche saisit
le ver, le véron, la petite bête. La tanche préfère le ver à tout.
JUILLET. — Continuation des pêches de juin, si les eaux sont
ni trop basses ni trop claires et trop chaudes. On ne réussit guère que de bon
matin et le soir. Seule, la pêche à la volante aux insectes réussit pendant le
jour. Noter, en ce mois, la prééminence des grandes pêches de fond, à la ligne
plombée pour le barbeau et la carpe, à la pelote pour la brème. Rendements
nettement inférieurs pour la pêche de l'ombre et de la truite, qui ne prennent
guère que la mouche flottante.
AOUT.—Moins bon que juillet, sauf pour la pêche à fond. Les
poissons chasseurs se gonflent d'éphémères — la manne — et ne mordent plus que
le soir, tard. Cela ne changera guère qu'après le 20, à la suite de violents
orages et de pluies.
SEPTEMBRE. — Un des meilleurs mois de pêche et l'égal de
juin. Tous les poissons recommencent à mordre et, n'était leur nombre fortement
diminué depuis l'ouverture, il l'emporterait sur tous.
Barbeaux, brèmes, carpes se prennent à fond aux vers,
asticots, pâtes, pomme de terre, féveroles et graines diverses.
Le brochet et la perche donnent au vif. Les goujons mordent
au ver, à l'asticot et petites larves ; les ablettes à l'épine-vinette et à la
pâte à l'œuf. Les chevennes ont un faible pour le raisin. Gardons, rotengles,
vandoises prennent les petits vers, l'asticot, le blé cuit, la graine de
chènevis.
La tanche mord au ver, à l'asticot, à la pâte au goudron, à
la petite limace.
Enfin, voici la reprise de la pêche de la truite, qui
devient presque aussi bonne qu'en juin et demande les mêmes procédés.
OCTOBRE. — Moins bon que septembre, mais néanmoins passable
si les froids ne sont pas précoces ; mêmes modes de pêche qu'en septembre.
Carpes et tanches mordent peu. Grand événement du mois : fermeture de la pêche
des salmonidés, du 1er au 16 suivant les régions.
NOVEMBRE. — La température baisse, les gelées sont là et
souvent les crues. Baisse notable des rendements pour la pêche des cyprins ;
cependant chevennes, gardons et rotengles mordent encore. Pêche de la perche au
ver, au vif, à la dandinette ; du brochet au vif, à la cuillère et au poisson
mort. Les anguilles sont redescendues à la mer, sauf quelques grosses femelles,
et les hotus ont regagné les profondeurs aval des grands cours d'eau.
DECEMBRE. — Fin des pêches stationnaires ; continuation des
pêches sportives, sauf à la mouche. Temps le plus souvent froid, mauvais,
humide ; fortes gelées, rafales de neige, etc.
En ce cas, le pêcheur fera mieux de rester au logis, de
compulser livres et journaux de pêche, revoir son matériel et envoyer en
fabrique ce qui a besoin de réparation.
R. Portier,
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