Le bas de ligne. —Avant de parler technique (1), il faut
étudier le bas de ligne.
Ce bas de ligne est un peu spécial et on doit le considérer
au double point de vue : pêche en sèche et pêche en noyée. Il se compose de deux
parties, partie amont et partie aval du flotteur. Le flotteur se déplaçant au
cours de l'eau tend la ligne, si on tient la canne fixe, faisant avec le plan
horizontal de l'eau un angle aigu. Si on fixe deux mouches à 55 centimètres
environ l'une de l'autre et du flotteur pour que la première mouche, à .partir
du flotteur, soit sur la surface de l’eau, il faudra la fixer a une potence de
3 ou 4 centimètres ; pour la seconde, la potence devra être plus longue. Si
vous aimez l'exactitude, vous pourrez calculer rigoureusement la longueur de
ces potences étant données la distance du pêcheur au buldo et la courbe
parabolique que fait le crin par suite de la pesanteur... Si ça vous amuse,
allez-y, mais ça n'a -aucune importance.
En aval du « buldo », nous pêcherons en noyée avec
une ou deux mouches. Mais en réalité ces mouches n'iront jamais en profondeur,
à moins de lancer en amont. En aval, pratiquement, elles descendront et
monteront alternativement sous l'action de vos relâchers ou de l'arrêt
volontaire du flotteur.
Pratiquement le bas de ligne se composera donc de : une
mouche à 0m,60 en aval du flotteur, du flotteur de 0m,04 environ, de deux
mouches en amont du flotteur, la première à 0m,55 sur une potence de 3 à 4
centimètres, la seconde à 0m,45 de la première sur une potence de 8 à 10
centimètre, plus 0m,15 de crin avant la boucle terminale servant à réunir le
bas de ligne au crin du moulinet (fig. 1). Cela fait au total une longueur de 1m,79,
qui convient pour une canne courte de 1m,80. La distance de la troisième mouche
à la boucle doit être plus grande que la longueur de la potence de cette
mouche, sous peine de voir cette dernière s'accrocher à la boucle.
Terminons cette description par celle d'un plioir. Le
flotteur étant encombrant, j'ai cherché à le cacher. Je fabrique donc une
espèce de bobine en liège dont le trou central a le diamètre et la longueur du
flotteur égale à l'épaisseur de la bobine. Je fais passer la première mouche et
son crin dans le trou de la bobine, j'introduis, le flotteur, j'enroule cette
première partie du bas de ligne, ensuite la seconde et je pique les mouches sur
la bobine, où elles ne sont pas abîmées. Le plioir sera meilleur si on fait le
trou, où se loge le flotteur, perpendiculairement à l'axe de la bobine (fig.
2).
Le bas de ligne que nous venons de décrire est le type le
plus courant ; mais il n'est pas le seul. Non seulement on peut en modifier la
longueur en y ajoutant une mouche noyée, mais, si on ne veut pêcher qu'en
sèche, on supprime les mouches noyées. Dans ce cas, on peut ajouter une
troisième mouche sèche. Enfin, disons que le crin employé pour le bas de ligne
doit être plus gros que celui du moulinet, Cette différence évite des
embrouillages. La grosseur du crin sera sur le moulinet de 10, 12 et 14
centièmes et respectivement de 12, 14 et 16 centièmes au bas de ligne
pour un équipement extra-léger; de 16-18 centièmes sur le moulinet et 18-20
centièmes sur le bas de ligne pour équipement léger. Les chiffres en gras
indiquent l'équipement le plus fréquent. Le choix de ces équipements doit être
inspiré par la nature de l'eau, la clarté de l'atmosphère, la puissance de la
canne, la grosseur des mouches et des victimes probables. Enfin, une dernière
remarque pratique. Le crin à couper dans les nœuds doit être coupé ras surtout
à la boucle amont au-dessus du flotteur, près de celui-ci. Ce nœud ne se
défaisant pas, il n'y a aucun inconvénient à le couper ras et cela évite
l'accrochage de la partie aval du bas de ligne. Faire dans ce même but cette
boucle aussi courte que possible. Je suppose connue la façon de faire les nœuds,
mais j'insiste sur la nécessité de passer le crin trois fois dans le nœud,
avant de serrer, en ce qui concerne mouches et potences.
Paul Carrère.
(1) Voir Le Chasseur Français, nos 644 et suivants.
|