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Au verger

Le cordon horizontal

Formation et taille

Le cordon horizontal est une forme taillée qui se compose d'un axe unique, d'abord vertical, puis horizontal, portant, sur cette partie horizontale, des ramifications fruitières (fig. 1).

Le point de courbure se trouve le plus souvent à 0m,40 du sol, mais quelquefois à 0m,80. Souvent les cordons de hauteur différentes sont réunis dans une plantation, formant ce que l'on appelle des cordons superposés. Sur la même ligne, on trouve alors un cordon de 0m,40 puis un cordon de 0m,80.

Quelques pépiniéristes recommandent aussi le cordon à deux bras horizontaux superposés, l’un à. 0m,40 du sol, l'autre à 0m,80 (fig. 2). Plus long à établir que le cordon à un seul bras, celui-ci a un grave inconvénient : la branche la plus élevée a toujours tendance à pousser plus vigoureusement que l’autre et il est presque impossible de maintenir l'équilibre.

D'autres font des cordons horizontaux à deux bras, non superposés, mais se dirigeant en sens inverse. Ces cordons, qui portent le nom de cordons bilatéraux, sont aussi plus longs à établir et nécessitent pour en assurer l'équilibre, des soins plus attentifs que le cordon unilatéral (fig. 3)

Cette forme est employée surtout pour le pommier. On doit choisir de préférence, comme porte-greffe, le paradis, dont la vigueur est faible.

Le poirier est aussi quelquefois conduit en cordon horizontal. On ne peut le faire, cependant, qu'avec des variétés peu vigoureuses, greffées sur cognassier, ou dans des terres médiocres. Si le sol est trop riche ou le porte-greffe trop vigoureux (doucin par exemple, pour le pommier), on a beaucoup de mal à obtenir une bonne fructification, et les gourmands qui se développeront fréquemment rendront difficile le maintien de l’équilibre et de la régularité des branches à fruits.

Obtention de la forme.

— Elle est des plus facile. On plante un scion de diamètre moyen afin de pouvoir encore le courber facilement. Dans le courant de mai ou de juin suivant, lorsque la reprise est déjà effectuée et que le bois est rendu plus flexible par la circulation de la sève, on lui imprime la courbure nécessaire (fig. 4).

Pour faire celle-ci très régulièrement, on attache le scion contre un tuteur, planté dans le sol auprès de lui, et lui-même fixé au fil de fer. On incline son extrémité en agissant progressivement de façon à ne pas briser le scion. Puis on attache la partie horizontale sur le fil de fer le long duquel on doit conduire le cordon (fig. 5).

Quelques personnes préfèrent attendre la deuxième année pour courber le scion, espérant ainsi en avoir une pousse d'extrémité plus vigoureuse. Nous avons toujours, pour notre part, imprimé la forme aux cordons dès le printemps qui suit la plantation et n'y avons jamais trouvé d’inconvénient.

Il faut, en tout cas, prendre la précaution de ne pas faire décrire au jeune arbre un arc de cercle trop court, car on risquerait alors de le rompre. Un rayon de 10 à 12 centimètres est le plus souvent convenable. Pour l'obtenir, on fait une ligature à l'osier à 10 ou 12 centimètres au-dessous du fil de fer ; on courbe le cordon et on fait la première ligature sur le fil de fer horizontal à 10 ou 12 centimètres du tuteur. Dans le cas où le scion est trop gros et ne peut être courbé facilement, on réalise la courbure en plusieurs fois, en passant par des positions obliques intermédiaires. On taille l'extrémité à 35 ou 40 centimètres du point de courbure.

On laisse ensuite l'arbre dans la position horizontale pendant tout l'été, sans faire autre chose que de pincer les bourgeons latéraux. La pousse terminale (prolongement) est laissée libre si elle est peu vigoureuse. On peut mettre une attache pour l'amener dans la position horizontale au départ, puis ensuite la laisser pousser librement. Elle tire ainsi à elle davantage de sève.

L'année suivante, les ramifications fruitières sont taillées, et on taille également le rameau de prolongement. On a l'habitude de supprimer la moitié de la longueur de ce prolongement en taillant au-dessus d'un œil placé au dessous ou, si le cordon est en bordure d'une allée, au-dessus d'un œil placé vers l'allée. La taille sur l'œil placé en dessous facilite le palissage ultérieur de la pousse de prolongement.

Pendant le cours de l'été, les pousses qui se développent auprès de la courbe ont, surtout s'il s'agit de pommiers, tendance à se transformer en gourmands. Aussi doit-on, dès le début, les pincer très sévèrement. Les bourgeons qui naissent sur le dessus de la branche deviennent aussi très facilement des gourmands. Il faut les supprimer radicalement. Il en est d'ailleurs de même de ceux qui naissent en dessous, qui donneraient par la suite des branches fruitières mal éclairées, fructifiant mal.

Les bourgeons latéraux seront pincés à trois ou quatre bonnes feuilles et le bourgeon terminal palissé progressivement de façon à ne pas l'affaiblir.

Le prolongement est, chaque année, taillé plus ou moins long selon la vigueur de l'arbre. Il vaut mieux, si la vigueur n'est pas excessive, tailler court pour éviter que le cordon se dénude, surtout lorsqu'il s'agit du pommier. Il faut, en effet, pour cet arbre, n'user des entailles, dans le but de faire développer des pousses sur le vieux bois, qu'avec une extrême modération, car le chancre est toujours à redouter.

Lorsque le prolongement d'un arbre en cordon horizontal atteindra l'arbre voisin, on le soudera à celui-ci par une greffe en approche. L'extrémité du cordon profitera ainsi de la sève qui circule en abondance dans le cordon voisin et cherche à s'épancher au voisinage du point de courbure. D'autre part, si l'un des arbres vient, pour une cause ou pour une autre, à perdre de la vigueur, les arbres voisins contribueront à lui rendre l'activité végétative nécessaire.

Dans le cas où un arbre que l'on désire conduire en cordon horizontal est trop gros pour être courbé, il est possible de le former par une taille appropriée. On peut, par exemple, le couper à 15 centimètres au-dessous du fil de fer et mastiquer soigneusement la plaie. Parmi les nombreux bourgeons qui se développent, on en choisira un bien placé et, au fur et à mesure qu'il s'allongera, on le palissera dans la direction qu'il devra par la suite conserver.

La vigne se cultive quelquefois en cordon horizontal unilatéral, mais, le plus souvent, en cordon bilatéral.

Cette forme s'obtient par la taille, après une année de reprise, à quelques centimètres au-dessous du fil de fer. Parmi les pousses qui naissent, on en garde deux qui sont palissées dans deux directions opposées. Les années suivantes, les deux prolongements sont taillés plus ou moins long selon la vigueur de l'arbre, mais toujours plus court que dans la forme unilatérale. L’arbre, en effet, a à alimenter deux branches au lieu d'une seule.

Avantages de cette forme.

— Le cordon horizontal ne nécessite pas de gros frais d'établissement. Il tient peu de place et permet d'utiliser le terrain en bordure des allées sans nuire aux cultures voisines. Aussi est-il avantageusement employé dans les grands potagers fruitiers. Il est rapidement établi ; sa fructification ne se fait guère attendre et les soins de culture peuvent être donnés très facilement.

E. Delplace.

Le Chasseur Français N°647 Janvier 1951 Page 35