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Les petits colombiers

Un agréable passe-temps. — L'élevage des pigeons, orienté du côté sportif, est extrêmement captivant, surtout quand on adopte des races de fantaisie telles que culbutants, tumbers, cravatés, capucins, coquilles, paons, boulants, rouleurs, bouviers, tambours, blondinettes, satinettes, dragons, bagadais, etc., dont la taille, la conformation et les attitudes sont si différentes.

Tous ces colombins, y compris les voyageurs, sont l'objet de soins assidus de la part de leurs propriétaires, lorsqu'ils doivent affronter les concours, en vue de gagner des palmarès qui feront monter le prix des reproducteurs. Mais, pour le campagnard amateur qui cherche seulement à améliorer son ordinaire, en produisant des pigeonneaux devant être accommodés avec des petits pois, quelques races seulement sont intéressantes.

Ces races appartiennent à la catégorie des pigeons de rapport ; ils sont rustiques, prolifiques et de poids moyen. Parmi les plus méritantes on doit citer en premier lieu les Carneaux, lesquels donnent neuf à dix couples de pigeonneaux dans leur année, à condition de les nourrir et de les loger convenablement. Les Mondains, les Cauchois et les Montaubans peuvent également servir à peupler les colombiers créés en vue de la production de la viande. Quant aux races de fantaisie, on ne les adoptera que si on en a le placement, au titre de reproducteurs, à un prix rémunérateur.

Pigeonniers rustiques. — L'élevage des pigeons n'est jamais d'un grand rapport lorsqu'on les nourrit exclusivement avec du grain, à moins qu'on ne le produise soi-même. Mais on peut les nourrir d'une façon mixte et même en totalité à la pâtée, ce qui permet de réaliser des économies notables sur le coût de la ration.

Si on sait se contenter d'une cinquantaine de paires de pigeonneaux tous les ans, soit environ deux par semaine, il suffira de nourrir convenablement cinq couples de Carneaux, en mettant à leur disposition un local confortable et hygiénique, soit un pigeonnier-applique, soit un colombier italien monté sur poteau, mieux encore en réservant un coin de grenier donnant sur un pignon de bâtiment.

Chaque couple devra disposer d'une case spacieuse contenant deux nids en plâtre, ou de deux cases communiquant entre elles par une porte en ogive.

Appariement, incubation et abecquage. — Les jeunes pigeons sont aptes à se reproduire lorsqu'ils sont âgés de cinq à six mois. Une fois accouplés, le mâle s'active, roucoule, transporte des brins de paille dans le nid choisi d'un commun accord, et où la femelle ira pondre ses œufs, au nombre de deux, généralement, à un jour d'intervalle.

La pigeonne couve la nuit et la matinée; le mâle la remplace dans l'après-midi. L'éclosion commence au bout de dix-sept jours et se termine le dix-huitième. A leur naissance, les pigeonneaux sont vraiment laids : aveugles, boursouflés, le corps recouvert d'un maigre duvet, ils doivent être substantés par abecquage d'un lait alimentaire partiellement digéré, que les parents leur régurgitent bec dans bec, jusqu'au moment où ils peuvent manger seuls, vers l'âge de trois semaines.

C'est à ce moment, alors que les pigeonneaux s'apprêtent à quitter le nid, qu'on livre à la consommation des sujets non retenus pour la reproduction. Il est fréquent de voir la pigeonne pondre de nouveaux œufs avant que l'abecquage soit terminé. Dans ce cas, elle utilise le deuxième nid. Le mâle seul se charge de nourrir la progéniture en cours.

Alimentation. — Pendant toute la durée de l'élevage, un couple de pigeons de race prolifique consomme journellement environ 120 grammes de graines, ou l'équivalent de pâtée pesée sèche. Une bonne partie de ces denrées sert à nourrir les jeunes.

Si on alimente exclusivement au grain, on tiendra compte que les céréales (blé, orge, maïs), étant pauvres en protéine, on devra leur associer des graines de légumineuses (vesces, jarosse, etc.) pour combler le déficit des matières azotées destinées à élaborer la viande.

Mais il est encore plus rationnel de nourrir à la pâtée composée de divers farineux (sons, farine d'orge, de maïs), auxquels on ajoute un peu de farine de viande et de tourteau écrasé. La pâtée sera distribuée légèrement humide, dans une mangeoire proprement tenue, en utilisant le lait écrémé, ou à défaut l'eau pure.

Dans tous les cas, qu'on nourrisse à la pâtée ou au grain, il est nécessaire de suspendre dans le pigeonnier du pain minéral, que les pigeons viendront becqueter, pour se procurer les éléments phospho-calciques et les principes stimulants et anti-parasitaires qui manquent à leur ration.

Le pain minéral se confectionne en mélangeant intimement, en quantités égales, des os calcinés écrasés, des coquilles d'huîtres broyées, du sel gris, de la poudre de charbon de bois et du plâtre. Gâcher serré avec de l'eau et façonner en pain qui sera suspendu dans le colombier, constamment à la disposition des pigeons.

C. Arnould.

Le Chasseur Français N°647 Janvier 1951 Page 42