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Le cancer

est-il une rançon de la civilisation ?

II est une maladie qui ne cesse d'accroître ses ravages et dont on ne parle qu'avec la plus grande terreur, car chacun sait que, s'il venait à en être atteint — et sauf les très rares cas où le mal est attaqué dès ses débuts, — il serait définitivement condamné à une horrible mort, s'effectuant dans l'épuisement absolu et la cachexie totale.

C'est le cancer.

Le cancer, contrairement à une opinion courante, ne consiste pas en plaies rongeantes, mais au contraire en tumeurs pouvant être internes ou externes et parfois très volumineuses. Il en existe du reste une multitude de variétés, et la plus curieuse, scientifiquement parlant, est celle du cancer du sang.

On ne sait à peu près rien du cancer, ni de sa nature ni de son mode de prolifération. Aux toutes dernières découvertes, on le croit provoqué par un ultravirus, un peu analogue à celui de la non moins terrible poliomyélite. Raison de plus pour s'en méfier, car alors la polémique sur la contagiosité du cancer se trouverait tranchée par l’affirmative.

Le tout est qu'au bout de plus de trente ans de labeurs acharnés, du plus gigantesque effort qu'ait jamais effectué la science médicale, en dépensant sans compter des centaines de milliards, sans parler de maints sacrifices de vie humaines dus à l'abnégation de médecins, opérateurs et chirurgiens, on ne connaît aucun moyen de guérir définitivement le cancer. Tout ce que l'on peut faire, quand le mal, n'ayant pas été pris dès ses premiers indices, se trouve implanté, est de procéder à des brûlages profonds par le radium ou les rayons X et, une fois la région bien tuée par ces radiations, de procéder à de très larges exérèses chirurgicales au bistouri électrique, pour éviter les récidives ou les proliférations par métastases.

Mais, si l'on ne connaît aucun moyen de guérir médicalement ou chirurgicalement le cancer, on sait, grâce aux travaux des biologistes de sciences générales, qu'il existe des moyens prophylactiques de l'éviter ou, du moins, de réduire au minimum les chances mauvaises de le contracter.

II est un triple fait d'observation : les femmes japonaises ignorent le cancer du sein ; les juives ignorent les cancers utérins et les juifs ceux aortiques; enfin, en tous pays, on ne trouve pas de cancers chez les pêcheurs de la mer.

L'explication en est fournie par leurs alimentations. En effet, le cancer a pour terrain d'évolution de choix les corps présentant une carence en magnésium et un excès de potassium. En outre, les individus décalcifiés lui sont très peu résistants. Il n'est pas besoin d'être un spécialiste de la statistique, de l'agrotechnique et de l'hygiène alimentaire pour savoir que le cancer ne cesse de croître depuis trente-cinq ans. Exactement il accroît, chaque année, ses morts de 25 p. 100 par rapport à l'année précédente : 80.000 en 1948 et plus de 100.000 en 1949. Or trente-cinq ans, cela remonte à 1914, à la Grande Guerre. Après celle-ci, on conserva les habitudes prises dans les tranchées. A la nourriture sobre, simple et saine, les poilus(qui étaient en grande majeure partie des paysans) substituèrent une alimentation essentiellement carnée, de même qu'à la simple piquette de leurs ancêtres ils substituèrent le pinard.

C'est également après l'armistice que l'on prit l'habitude d'intensifier la production au moyen d'engrais potassiques. Or non seulement les plantes épuisent le sol en ses composés magnésiens, mais encore se trouvent ainsi avec un excédent potassique. Sans oublier les animaux qui, tous végétariens, se nourrissent d'herbes cultivées selon le même procédé potassique d'intensification. C'est là une des premières causes du déséquilibre organique générateur du cancer.

Mais en même temps on vit, depuis cinquante ans, de plus en plus cesser la consommation du miel comme élément édulcorant et du sucre candi. La clientèle demandait toujours davantage du sucre blanc et même avec des reflets bleus. Or, ce blanchiment est surtout obtenu grâce au noir animal, qui provient de composés de goudron. Or le goudron, avec ses dérivés, est le plus puissant facteur cancérigène que l'on connaisse. Il suffit d'en badigeonner la peau d'un lapin pour que très rapidement survienne un cancer.

Toute carbonisation produit du goudron, et c'est là l'origine des cancers des lèvres, de la langue, de la bouche et des poumons chez les fumeurs. Cancer encore produit par l'abus de la consommation d'une farine de pain trop blanchie chimiquement, malgré toutes les interdictions légales. Cancer encore par la mode des pains longs où la croûte calcinée ou dorée prédomine sur la simple mie.

Cancer encore en puissance que celui provoqué par l'abus des viandes grillées où les parties grasses sont saisies par le gril. Cancer encore que la mode d'utiliser des corps gras : huiles, graisses, margarines, bouillants. Il se produit chaque fois des distillations fractionnées avec production de goudron. Il faut utiliser des modes de cuisson à l'eau et, ultérieurement, ajouter les matières grasses non cuites, et surtout aussi naturelles que possible. A ce titre, l'huile d'olives non épurée est la meilleure, en même temps que la plus énergétique.

On doit proscrire également l'emploi permanent des casseroles et marmites formant autoclaves, en se souvenant que dès 80° les vitamines commencent à être détruites. Incontestablement, ces outils culinaires présentent des avantages de rapidité et d'économie de temps et de combustible. Ils développent en certains cas certains goûts gastronomiques, mais ils sont extrêmement dangereux en tuant totalement tous les principes énergétiques et dynamiques des aliments.

L'alcool et même simplement l'usage régulier du vin favorisent le cancer, en diminuant la résistance du corps. Le vin n'est pas un aliment, il est uniquement un stimulant au même titre que le thé ou le café. On lui substituera le jus de raisin non fermenté, qui a l'avantage de respecter les justes droits des vignerons et des marchands de vin, mais il faut se souvenir que la boisson parfaite pour l'homme est le lait, et que, dans l'univers entier, le Français est celui qui en boit le moins, en même temps qu'il a le triste privilège du maximum de pourcentage d'aliénés d'origine éthylique.

L'abus des primeurs végétaux et des animaux sacrifiés jeunes est aussi une raison de l'accroissement du cancer. Biologiquement, l'explication en est simple. Par ingestion de ces aliments, l'homme introduit dans son organisme « adulte et ayant fini de se développer » des cellules jeunes, en pleine croissance. Par l'assimilation, ces cellules tendent à se substituer aux siennes selon l'usuel processus de remplacement. Ne pouvant contribuer à la croissance, elles ont une tendance à la prolifération, et celle-ci devient anarchique, ce qui est justement la caractéristique essentielle du cancer.

Mais il n'y a pas que l'alimentation moderne qui soit cancérigène, il y a l'habitat et le mode de vie.

Chaque fois que le corps humain n'est plus soumis aux très simples lois de la nature et de son milieu ambiant, il se fait violence, s'use davantage et doit de plus en plus procéder au remplacement de cellules usées et évacuées. Un mode de vie naturaliste, en se levant tôt et se couchant tôt, est une excellente façon de se prémunir contre le cancer. L'idéal serait de revenir aux sages habitudes de nos ancêtres, commençant leur travail avec le lever du soleil et le terminant avec la tombée de la nuit. Mais c'est le contraire que l'on pratique et, par une ironie des usages, c'est en été que l'on prend des congés de vacances et que l'on cesse de travailler, alors que c'est le moment où le soleil offre le meilleur support d'activité. Inversement, on travaille au maximum en plein hiver, alors qu'il suffit de considérer les animaux pour vérifier que c'est chez eux le moment du repos et de l'hibernation plus ou moins marquée.

Après les erreurs de règlements de temps, il y a celles des dérèglements de lieux. On constate que les gens qui, depuis maintes et maintes générations, résident aux mêmes lieux sont moins sujets au cancer que ceux des mêmes familles qui ont quitté le pays natal pour se fixer au loin et surtout à la ville. Cela s'explique encore par l'accroissement du travail cellulaire d'adaptation auquel doit procéder le corps.

Enfin le cancer est plus abondant dans les villes que dans les campagnes, et il y a le très redoutable problème des maisons à cancers. Celles-ci ne sont que très rarement des taudis, et bien au contraire le plus souvent des immeubles neufs construits en ciment armé. Il y a là une raison d'électronique. Loin de constituer une cage de Faraday, l'ossature métallique des constructions en ciment armé constitue, pour les courants magnétiques et surtout telluriques issus du sol, de magnifiques conduites dirigeantes de ces flux de radiations. Passe encore dans les usines, ateliers ou magasins, où le travailleur reste rarement à la même place : comme c'est le jour, il se produit un certain équilibre avec les radiations cosmiques et solaires. Mais il n'en est plus ainsi dans l'immeuble d'habitation où, chaque nuit, pendant des heures et des heures quotidiennement répétées, l'homme reste couché dans son lit, au même endroit, en exposant les mêmes parties de son corps aux mêmes radiations nocives. Celles-ci sont d’autant plus graves que les villes sont généralement construites sur des lieux de croisement des grandes routes historiques de circulation, et 80 fois sur 100 ces lieux se situent en des points ou la nature géologique du sol présente des failles ou thalwegs. Or on sait que ces accidents géologiques sont particulièrement favorables aux phénomènes électromagnétiques et électriques. Il suffit de savoir que, dans les campagnes, c'est sur ces points que tombe surtout la foudre.

En résumé, il faut se rendre compte que le cancer croît en fonction des progrès (?) de la civilisation, dans son expression machiniste et mécanique.

Pour lutter efficacement contre le danger du cancer, il faut impérieusement que chacun fasse un effort pour revenir à ses habitudes ancestrales et reprenne le mode de vie de ses anciens. C'est aussi le meilleur élixir de longue vie.

Professeur A. De Gorsse.

Le Chasseur Français N°647 Janvier 1951 Page 57