Il est toujours utile, pour l'amateur, d'avoir à sa
disposition des paillassons : pour recouvrir les châssis des couches afin
d'éviter le refroidissement ; faciliter la germination des graines et
assurer une bonne reprise des jeunes plants ; abriter les cultures du
soleil ; enfin, garantir les légumes contre les gelées.
Certes, on trouve dans le commerce des paillassons tout
fabriqués ; mais pourquoi ne les confectionnerions-nous pas à bon compte
en obtenant souvent plus de solidité ?
Matières premières nécessaires à la confection des paillassons.
— 1° La paille : Toutes les pailles peuvent
convenir pour fabriquer des paillassons, mais on utilisera de préférence la
paille de seigle : la plus droite, la plus résistante, la plus longue (1m,20)
et la plus propre entre toutes. Il est nécessaire de couper les épis et de la
peigner afin de supprimer toutes les herbes qu'elle pourrait encore contenir et
pour éliminer les brins trop courts. A cet effet, il suffit de la passer par
poignées à travers une fourche à gravier.
— 2° La ficelle : Il faut d'abord de la ficelle
fine de 1 millimètre, servant à coudre, et une ficelle de 2 à 3 centimètres qui
constituera en quelque sorte la « chaîne » du tissage. On sera très
exigeant quant à la bonne qualité de cette ficelle, et le mieux sera de
demander au cordonnier le plus proche de la « poisser », ce qui
augmentera énormément sa résistance.
Matériel nécessaire.
— Un métier à paillasson est indispensable : il sera
tout simplement réalisé par un cadre de bois, composé de deux liteaux de 2m,50
et de deux autres de lm,40 (fig. 1). Ces dimensions sont fonction de celles
qu'on désire donner aux châssis. Or celles-ci sont variables, mais nous donnons
les mesures qui conviennent au type classique maraîcher, soit 1m,30 X 2m,40. Il
faut entre 4 à 5 kilogrammes de paille de seigle bien peignée et environ 15
grammes de ficelle. Si le paillasson réalisé est trop grand ou trop épais, il
est d'un maniement mal commode et d'un séchage difficile. La meilleure confection
se fera, en outre, à quatre coutures.
Pratique de la confection des paillassons.
— 1 Il faut d'abord disposer les ficelles sur le cadre-métier :
Sur le côté largeur du cadre et à mi-épaisseur du bois, on enfoncera quatre
pointes d'au moins 5 millimètres de diamètre, en ne les laissant dépasser que
de 5 centimètres du bois. On inclinera légèrement les pointes vers l'extérieur
après les avoir étêtées (fig. 2). Elles vont ainsi servir à tendre parfaitement
quatre cordes, dites cordes de tension. Les deux pointes extérieures
seront placées à 15 centimètres des bords extérieurs du cadre.
2° Il faut ensuite disposer soigneusement la paille :
On placera la paille de seigle sur le cadre et les ficelles tendues en travers
et dans deux sens différents, de manière à constituer un lit très régulier,
d'épaisseur convenable : 6 centimètres environ. Pour bien réussir, saisir
la paille peignée par petites poignées et placer le talon de la paille (côté en
opposition aux épis coupés) en débordement du cadre de 0m,10 environ, et, ainsi
étendu sur tout le cadre, le premier lit de paille aura tous ses talons du même
côté. On renouvellera l'opération par constitution d'un second lit identique,
mais les talons de la paille disposés du côté opposé.
3° Enfin, il faudra coudre la paille :
— A. A cet effet, on utilisera une bobine de bois, simple
morceau de bois de quelques centimètres de diamètre sur une dizaine de
longueur. On y enroulera la ficelle de couture en quantité de manière à pouvoir
la manipuler facilement (fig. 3).
Ce petit tour de main s'attrapera aisément : tenue dans
la main droite, la bobine sera l'organe mobile ; elle passera sous la
corde de tension. Serrer assez fortement : pour cela, tirer la bobine en
arrière dans l'axe de la corde de tension. On aura ainsi réalisé la première
maille.
— B. On portera tous ses soins à la réalisation de la
première couture, la plus importante puisqu'elle règle le parallélisme
rigoureux des autres. Elle sera toujours faite par le milieu et jamais sur le
bord, lequel est toujours cousu en dernier.
— C. Le couseur, en avançant dans son travail, finira par
s'agenouiller sur le paillasson, qui, une fois terminé, sera égalisé : de
chaque côté, rogner la paille en se servant de la direction donnée par le
cadre. Utiliser de grandes cisailles ou, à défaut, un sécateur. Enfin, faire
glisser les boucles des cordes de tension retenues par les pointes du cadre.
On peut arriver à réaliser un paillasson à l'heure.
Soins à donner aux paillassons.
— 1° Avant l'emploi : Pour augmenter leur durée
de conservation, on aura soin de les tremper pendant plusieurs heures dans une
dissolution de sulfate de cuivre. On prépare celle-ci en faisant dissoudre 2
kilogrammes de sulfate de cuivre dans 10 litres d'eau chaude (ce sulfate
n'étant pas soluble à froid) et on ajoutera 90 litres d'eau lorsque le produit
sera totalement dissous (proportions pour un hectolitre de solution cuivreuse).
Arroser alors convenablement et abondamment les paillassons sur leurs deux
faces : la durée sera augmentée, les insectes ne s'y réfugiant pas, et les
souris ne s'attaqueront pas à la paille. Quand le besoin se fera sentir,
l'opération sera renouvelée.
— 2° Pendant l'emploi : Quand la température le
permet, on relève les paillassons quotidiennement et on les dispose
verticalement le long d'un mur ou de tout autre abri, bien exposé, afin qu'ils
s'égouttent au mieux. De temps à autre, on les déroulera sous un abri ou à
l'exposition des premiers rayons solaires, pour en assurer un séchage complet.
BOILEAU.
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