Un astronome belge a récemment découvert une nouvelle petite
planète très intéressante, parmi les dizaines découvertes chaque année. Si le
grand public connaît au moins de nom les grosses planètes du système solaire,
de Mercure à Neptune et Pluton, bien peu de personnes savent qu'il existe un
anneau d'astéroïdes entre la route suivie par Mars et Jupiter, anneau semblable
à celui de Saturne, mais bien moins dense et par suite invisible dans
l'ensemble comme une auréole argentée.
Kepler, voici très longtemps, avait remarqué le vide
existant entre l'orbite de Mars et celle de Jupiter (voir un système solaire
sur une géographie d'écolier), et Bode, dès 1772, incita vingt-quatre
astronomes de divers pays à rechercher systématiquement une planète qui,
d'après la loi empirique de Titus, devait occuper ce vide.
Ce n'est qu'en 1801 que l'Italien Piazzi découvrit un astre
à mouvement rapide, Cérès, qu'il prit d'abord pour une comète, comme W. Herschell
l'avait fait: à propos d'Uranus en 1781. En 1802, Pallas, puis peu après
Junon (1804), Vesta (1807), parfois visible à l'œil nu, vinrent
s'ajouter à la liste.
Mais on n'attendait qu'une grosse planète, et non pas quatre
petites, ce qui déconcerta et ralentit sans doute les ardeurs des astronomes.
Le manque de bonnes cartes d'étoiles se faisait sentir aussi, et il fallut
attendre 1645 pour annoncer la cinquième, Astrée, puis d'autres encore,
à cadence répétée ; certains astronomes se firent « furets de
planètes télescopiques », comme Messier l'avait été pour les comètes, en
recherchant l'existence de faibles étoiles mobiles (planètes) sur le fond
d'astres fixes (étoiles).
L'Allemand Max Wolf, dès 1891, applique à cette recherche
une nouvelle méthode très féconde et devient le champion des « furets »,
en examinant sur des plaques exposées les traits fins tracés par ces astres
errants durant la pose, les étoiles s'inscrivant comme des points. Cet
astronome découvrit plusieurs centaines d'astéroïdes ; d'autres
observateurs atteignirent chacun la centaine.
Les diamètres de Cérès, Pallas, Junon et Vesta vont de 193 à
767 kilomètres. Les autres petites planètes ne sont que des poussières
d'astres, et l'on pense que si nous connaissons actuellement plus de 2.000
astéroïdes, l'anneau doit être formé de 60.000 à 100.000 de ces petits globes,
trop faibles pour être visibles, et dont la masse totale n'excède pas 1/1.000
de celle de la terre.
Quelques astéroïdes échappent à la loi commune et sont soit
situées au delà de l'orbite de Jupiter, comme les planètes troyennes, portant
des noms tirés des légendes homériques : Achille, Nestor, Agamemnon, etc. ;
soit douées de mouvements très excentriques qui les approchent, plus près de
nous que ne l'est Mars ; exemple, le célèbre Éros découvert en 1898
et qui permet, en 1900et 1931 de vérifier, à 1/l00 près (tolérance moderne d'un
ajustage précis), la distance de la Terre au Soleil (149.345.000 km.). Il
suffit, au même instant, de pointer Éros de deux endroits différents et fort éloignés
l'un de l'autre, de noter les angles formés avec les points fixes du fond du
ciel, en l'occurrence les étoiles.
Au XIXe siècle, les découvertes d'astéroïdes ont
attiré l'attention sur une planète hypothétique située entre Mercure et le
Soleil, ou intramercurielle, et qui serait parfois visible sur le disque solaire
lors de certains passages de la planète entre lui et nous. Si les irrégularités
observées dans le mouvement d'Uranus ont permis en 1846, par les calculs de Le
Verrier, de déceler l'astre perturbateur, Neptune, les mêmes calculs à propos
de Mercure jusqu'ici n'ont rien donné !
Sans doute, bien des observateurs ont vu, ou cru voir, des
taches rondes traverser le disque solaire, et même on a donné un nom, Vulcain,
à cet astre probable, recherché aussi sans succès lors des éclipses totales,
distribué des décorations à propos de sa découverte, reconnue fausse par la
suite — il s'agissait de taches solaires — mais il semble que l'on trouvera
ailleurs (relativité) l'explication des anomalies du mouvement de Mercure.
R. MIETTE.
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