ALBERT GANEVAL
Alors que nous mettions sous presse notre numéro de février nous
parvenait l'annonce de la mort soudaine d'Albert Ganeval, enlevé en pleine
activité à l'affection des siens.
Chasseur passionné, Albert Ganeval était angoissé par l'avenir
de la chasse en France du fait de la disparition du gibier. Comme tous les gens
raisonnables, il comprenait parfaitement que ce n'était pas de conceptions
chimériques, réalisables seulement sur le papier, que pouvait provenir le salut.
Son robuste bon sens et sa profonde connaissance des hommes lui avaient inspiré
quelques solutions simples, pratiques, pouvant être appliquées sans bouleversements
destructeurs, mais susceptibles néanmoins de donner rapidement d'heureux
résultats. Il les avait exposées de façon magistrale dans nos colonnes et nous
savons que ces articles avaient donné matière à réflexion à beaucoup de
chasseurs. Tous ceus qui se passionnent pour ces questions prendront le plus
grand intérêt à les relire.
Nos lecteurs n'oublieront pas non plus les délicieuses
histoires de chasse que nous avons publiées sous la signature d'Albert Ganeval ;
témoignant d'un rare esprit d'observation, écrites dans un style dru et coloré,
empreintes d'une fine ironie jamais méchante, elles demeureront parmi les plus
savoureuses qui aient paru dans ce journal.
Écrivain délicat, Albert Ganeval a publié également un bel
ouvrage, Camargue, mon tendre amour, évocation de ses heureux séjours
dans ce paradis des oiseaux et des chasseurs, pages vivantes et pleines de
charme qui suffiraient à elles seules à consacrer une réputation littéraire.
Albert Ganeval avait participé brillamment à la guerre de 19I4-1918,
et la Légion d'honneur, les Croix de guerre française, serbe et grecque,
attestaient de ses glorieux services.
La Direction et la Rédaction du Chasseur français s'associent
à la très grande douleur de Mme Ganeval et de sa famille, et se font ici l'écho
de la profonde sympathie des lecteurs de notre Revue à l'égard du disparu.
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