A Biarritz, sous l'esplanade de l'Atalaye, face à la mer,
s'élève un grand bâtiment moderne, aux formes stylisées, symbolisant dans ses
grandes lignes un bateau : c'est le Musée de la mer, après Monaco le plus
grand musée océanographique français et le plus récent, puisqu'il ne date que
de 1933.
Une initiative municipale est à son origine. Le bâtiment une
fois construit, la ville de Biarritz plaça ce Musée sous le haut patronage et
la direction scientifique d'un comité constitué par le Muséum d'histoire
naturelle, l'Office scientifique des pêches maritimes, l'Administration des
eaux et forêts (service de la pêche et de la pisciculture) et la Météorologie
nationale.
Ainsi ont pris naissance les deux secteurs d'activité du
Musée de la mer :
1° Une partie extérieure ouverte au public et faisant ainsi
œuvre de vulgarisation scientifique et de diffusion des sciences aquicoles,
surtout par son magnifique aquarium situé au rez-de-chaussée, par la salle de
muséologie et, dans sa partie supérieure, par un bassin à phoques et une
volière à oiseaux marins.
2° Une partie intérieure et scientifique avec laboratoire
ouvert aux spécialistes et aux chercheurs en matière de biologie marine et
fluviale.
Examinons tout d'abord la partie purement scientifique.
L'Office scientifique et technique des pêches maritimes y possède un
laboratoire de biologie marine qui fonctionne depuis plusieurs années et y a
effectué des recherches particulièrement intéressantes sur la sardine et le
thon, dont l'importance économique est si grande.
Le laboratoire de biologie fluviale, dépendant de
l'Administration des eaux et forêts, a spécialement pour but des recherches sur
les poissons migrateurs, surtout le saumon, l'alose et l'anguille. Signalons
notamment les remarquables recherches sur le saumon, qui ont permis d'équiper
les gaves en échelles à poissons et piscicultures. Il n'est pas douteux qu'à
l'heure actuelle le gave d'Oloron est beaucoup plus riche en saumons qu'il ne
l'était il y a une dizaine d'années, que les gaves d'Aspe et d'Ossau se sont
repeuplés et que les premiers repeuplements du gave de Pau se sont montrés
pleins d'intérêt. Ces repeuplements n'ont pu se produire qu'à la suite des
recherches entreprises dans ce laboratoire, où toutes nos connaissances spéciales
sur le plus beau des migrateurs ont été pratiquement élaborées.
De grands projets, sur lesquels nous reviendrons, sont
actuellement en cours pour augmenter toute la partie laboratoire et y entraîner
un nombre plus grand de chercheurs.
Les quatre services de l'État intéressés : Muséum
d'histoire naturelle, Office scientifique et technique des pêches maritimes,
Eaux et Forêts et Météorologie nationale, n'hésiteront certainement pas à
joindre leurs efforts à la ville de Biarritz pour ces prochaines réalisations.
Passons tout de suite à la partie extérieure.
Le grand aquarium est présenté avec un goût parfait ; dans
une obscurité complète et une fraîcheur toute marine, 36 bacs, de capacité
variant de 2 à 18 mètres cubes, illuminés par une lumière glauque tamisée par les
glaces, nous permettent de voir le fond de la mer avec ses roches naturelles, ses
algues, ses anémones, ses étoiles de mer et ses coraux.
On est immanquablement attiré vers chacun de ces aquariums où
l'on voit des poissons qui ne sont pas dépaysés par leur captivité et semblent
se promener en toute liberté. Il est pompé journellement en mer plus de 200 mètres
cubes d'eau à l’aide d'une installation de moteurs et de turbines d’un système
spécial résistant à l'action corrosive des sels marins ; une circulation
continue est provoquée, ainsi qu'une émulsion continue de bulles destinées à
entretenir dans les bacs une provision d'oxygène.
Le grand bac, qui contient plus de 18 mètres cubes d'eau a
une forme cylindrique. On peut circuler autour et admirer tout un peuplement de
poissons plats : turbots, plies, raies, etc. C'est dans ce bac qu'on
pourra constater le mimétisme des poissons plats ; le bac en effet, à
certains moments, semble vide ; il faut se coller littéralement à la vitre
pour arriver à admirer de magnifiques turbots posés sur le gravier et quasi
invisibles.
Au centre, un grand bassin, non entouré de glaces contient
des thalassochélys, qui sont des tortues marines de grande taille, assez
fréquentes dans le golfe de Gascogne.
Plus loin se trouve le bac des grands congres, semblables à
d'énormes anguilles, atteignant jusqu'à 15 kilogrammes, qui sont
particulièrement voraces puisqu'ils arrivent à grossir dans l'aquarium de
plusieurs kilogrammes par an.
Dans un autre bac de grande taille, on peut voir les bars,
ces magnifiques poissons de sport dont l'allure rapide et vive fait penser à la
truite.
Un peu plus loin encore se trouve l'aquarium des muges dont
trois ou quatre espèces fréquentent le golfe de Gascogne. On peut voir aussi des
pagels, des dorades, et toutes les diverses espèces de sparidés.
Dans un autre bac, on voit les poissons de roches : le
labre, ou vieille, et même la rascasse, qui, bien que méditerranéenne, existe
dans la baie de Saint-Jean-de-Luz.
Enfin, le bassin des crustacés contient des langoustes, des
homards et ces énormes crabes tels que le dormeur ou l'araignée de mer, qui a
parfois de patte à patte près d'un mètre d'envergure.
Dans un bac spécial, muni d'un appareil de chauffage destiné
à maintenir l'eau de mer à au moins 14° pendant l'hiver, se trouve un poisson
des mers chaudes qui vient parfois s'égarer dans le golfe de Gascogne :
c'est le baliste, qui, certaines années à été chaud, arrive quelquefois dans la
zone comprise entre Biarritz et la barre de l’Adour.
Nous passons sous silence toutes les autres merveilles de la
mer : anémones de mer aux couleurs si délicates, algues et étoiles de mer.
On peut rester des heures en contemplation devant les divers aquariums, la
curiosité calmée par les petits panneaux d'explication. Quant aux enfants,
c'est un véritable émerveillement, et il est difficile de les en tirer ; ils
sont en effet beaucoup moins intéressés par la partie muséologique, où l'on
peut toutefois admirer un beau squelette de rorqual, et surtout de nombreuses
collections de modèles de bateaux et d'engins de pêche, ainsi que du matériel,
des spécimens et des souvenirs de nombreuses expéditions océanographiques.
A l'étage au-dessus se trouve une magnifique collection
d'oiseaux de mer ou d'oiseaux régionaux que les chasseurs verront avec le plus
grand plaisir.
Enfin, sur la terrasse supérieure, devant le magnifique
panorama du fond du golfe de Gascogne avec, à l'horizon, Saint-Sébastien et
Fontarabie, se trouve le grand bassin des phoques, où ces animaux apprivoisés
feront la joie des enfants.
Tout autour du bassin sont des volières à oiseaux marins
dont on arrive à conserver en captivité un certain nombre d'espèces.
Ce magnifique musée est en voie d'extension. La ville de
Biarritz a bénéficié sur le plan d'investissement d'un prêt qui permettra
l'extension de son musée, qu'elle mettra à la disposition des quatre services
de l'État : Muséum d'histoire naturelle, Office scientifique des pêches
maritimes, Administration des eaux et forêts et Météorologie nationale, qui
sont bien disposés à faire l'effort nécessaire pour rendre leurs laboratoires
vivants et productifs.
LARTIGUE.
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